Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

LEGISLATIVES 2017 - Samantha Cazebonne : "Je ne suis pas une politicienne et c’est ma force."

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 juin 2017

Les résultats du 1er tour des élections législatives pour la 5e circonscription des Français de l'étranger donneront lieu à un 2nd tour opposant Samantha Cazebonne pour la République En Marche et François Ralle Andreoli pour le mouvement citoyen Agissons Ensemble. A l'occasion de leur venue à Valencia il y a quelques jours, nous vous proposons d'en savoir un peu plus sur leurs visions et leurs perspectives quant aux français de la région valencienne. Aujourd'hui, nous commençons par l'interview de Samantha Cazebonne.

Samantha Cazebonne a 46 ans et, avant le début de la campagne pour les législatives, elle était la proviseure du Lycée Français de Palma de Majorque depuis 3 ans. C'est à cette occasion qu'elle s'expatrie pour la première fois en Espagne avec sa famille. Investie par le mouvement d'Emmanuel Macron quelques jours après le second tour des élections présidentielles, elle est issue de la société civile et ne s'était jamais engagée en politique auparavant. Elle ne connaissait pas Valence et sa région avant sa venue le 20 mai 2017. 

Lepetitjournal Valence : Pourquoi avoir choisi Valence et sa région pour rencontrer vos compatriotes français ?

Samantha Cazebonne : Il était important de venir à Valence, tout comme pour d'autres villes, auprès des membres des comités qui se sont énormément impliqués et qui sont vraiment dans une attente. C'est aussi grâce à eux qu'Emmanuel Macron a fait des scores aussi impressionnants. Ils se sont impliqués et c'est vraiment grâce à eux que nous sommes là. Sans eux, Emmanuel Macron n'aurait certainement pas gagné. C'est cette implication qui a fait basculer le scrutin des présidentielles. C'est donc d'abord une reconnaissance pour eux.

A Valence, avez-vous rencontré une population française particulière, est-ce qu'il y a des attentes particulières ?

On m'a interrogé sur un sujet que je domine plutôt bien puisque c'est l'éducation. Toutes les inquiétudes ou les questions étaient en lien avec l'éducation. Du coup, je regrette peut-être, et d'autres personnes le regrettent aussi, que nous n'ayons pas eu le temps de débattre d'autre chose. C'est effectivement un sujet qui tient à c?ur aux français de la région. C'est donc essentiellement les questions que j'ai eues.

J'ai rencontré également la responsable de la Chambre de Commerce qui m'a fait un état des lieux. Cela m'a permis d'avoir un éclairage un peu plus prononcé sur les difficultés que rencontrent les français lorsqu'ils viennent ici pour créer leur entreprise. Mais néanmoins, le sujet dominant était l'éducation. Au Lycée Français de Valence, il n'y a pas vraiment une grosse problématique quant à l'accueil des français : elle commence à se découvrir et elle est vraiment liée aux années. Dès lors que vous avez une année de naissance où le taux de natalité est plus fort, il est clair que les Lycées Français sont impactés. L'établissement de Valence est à la limite d'être saturé et il est clair que parfois, cela se joue à quelques places. Pour peu que les français ne soient pas accueillis, forcément, cela mobilise la communauté parentale. Mais beaucoup m'avait l'air plutôt satisfait de leur établissement scolaire d'une manière plus générale. Donc pas une problématique majeure mais plutôt des inquiétudes au cas où il n'y aurait plus de place.

Donc une communauté vraiment plus tournée sur des problématiques éducatives ?

Complètement.

Entrepreneuriales ?

Oui également car Valence attire de plus en plus de français pour le cadre de vie mais aussi pour un réel potentiel économique. Donc forcément, cela attire. Maintenant ce qui ne m'a pas surpris, mais ce qui m'a interrogé en tout cas dans l'approche de la responsable de la Chambre de Commerce, c'est que les français qui arrivent aujourd'hui et qui viennent à sa rencontre, sont vraiment des français qui rejettent la France. Ce sont des personnes qui viennent avant tout parce qu'elle ne se sentent plus réellement bien en France, qui viennent tenter leur chance avec beaucoup d'optimisme mais qui sont surtout dans cette démarche de dire « on en a assez de ce qui se passe en France, on en a assez de cette morosité » et quelque part, je me dis qu'il est temps que nous changions les choses en France. C'est bien de venir vivre en Espagne, il faut encourager la mobilité mais c'est dommage que ce soit pour cette raison.

Et justement en tant que candidate, que pouvez-vous dire à ces français qui souhaitent partir et à ceux qui sont déjà installés ? Par ailleurs, comment se positionne-t-on en tant que député des français de l'étranger et député d'une Assemblé Nationale ?

En tant que député, on peut faire bouger les lignes, certaines lignes effectivement pour aider les français de l'étranger ou pour au moins les comprendre et trouver les solutions pour eux. Alors à ceux qui ne sont pas encore partis j'aurai envie de leurs dire : c'est important effectivement d'être en adéquation avec ses désirs et si vous avez envie de partir il faut le faire mais néanmoins, ne partez pas complètement à l'aventure ! Renseignez-vous d'abord, appelez les Chambres de Commerce, appelez les établissements scolaires et prenez les devants. Ne construisez pas votre projet, réfléchissez-y avant ! Soyez quand même conscient qu'il y aura aussi des difficultés. L'Espagne, le Portugal ou d'autres pays en Europe sont attractifs sous certains aspects, effectivement le climat, le cadre de vie, les espagnols, les portugais qui ont un sens de l'accueil qui est effectivement différent de celui que l'on trouve aujourd'hui en France. Je crois qu'il est important, lorsque justement on est dans cette dynamique de vouloir changer, d'être sûr que cela ne va pas devenir pire que ce que l'on vivait en France. La sécurité sociale c'est encore une autre manière de faire, tout n'est pas pris en charge. Il faut bien comprendre son fonctionnement parce que le système médical, c'est très important. Il faut connaitre aussi les contraintes financières. Quand on prend l'autonomo ici en Espagne, c'est pas du tout la même chose que l'autonome en France. En Espagne, c'est tout de suite 350? qu'il faut sacrifier alors que l'on ne travaille pas encore. Donc ce sont des choses auxquelles il faut réfléchir. Maintenant il faut y aller si l'on est sûrs que l'on fait le bon choix et parce qu'effectivement, on a de bonnes raisons de partir. Mais il faut quand même le faire en prenant conscience que ça pourrait être pire si on n'a pas quand même construit un minimum son projet.

Une question un peu plus pragmatique : si vous êtes élue, résiderez-vous toujours à Palma ? Viendrez-vous voir régulièrement les français de la région valencienne ?

Evidemment ! C'est un engagement et ce n'est pas une promesse en l'air. J'ai toujours travaillé comme ça dans ma vie professionnelle. Pour moi, je dois être en contact avec les gens avec lesquels je travaille et j'ai toujours travaillé en équipe, je n'ai jamais travaillé seule, je ne prends jamais une décision seule. J'aime le travail d'équipe : cela me rassure, je me dis que j'ai eu l'adhésion de la majorité. Pour moi c'est important. Pourquoi je vous dis ça ? Je vous dis ça parce que je ne conçois pas autrement le travail qu'en m'appuyant aussi sur les témoignages du terrain. Pour être témoin, j'ai besoin de connaitre la communauté portugaise, la communauté espagnole, madrilène, etc. Pour moi, il est important que les attachés parlementaires qui travailleront avec moi soient déjà des résidents et qu'il y ait très régulièrement la possibilité de permanences physiques. Par ailleurs, je prends l'engagement d'avoir un site internet où chacun pourra poser des questions. A chacune des questions, il y aura une réponse, qu'elle soit positive ou négative, parce que je crois qu'il est important de ne plus décevoir les gens. Si on ne peut pas répondre à leurs attentes, il faudra leur expliquer pourquoi. Pour moi, c'est aussi du bon sens et du pragmatisme car je ne veux pas être responsable un jour, d'avoir mis en place le Front National. Quand je dis cela, je crois qu'il est important de faire de la pédagogie. Tout le monde peut comprendre certaines réponses mais il faut au moins que nous les expliquions. Mais je ne veux pas nourrir les électeurs d'illusion et qu'à la fin on me dise « ils sont comme les autres, elle est comme les autres, elle n'a pas tenu ». Je pense qu'à travers cette dynamique, c'est-à-dire d'expliquer et de faire comprendre aux gens pourquoi on peut et pourquoi on ne peut pas, c'est déjà ne pas les prendre pour des imbéciles et les associer aux décisions. Il ne faut pas négliger l'intelligence des gens.

Vous êtes issue de la société civile, vous ne vous étiez jamais engagée en politique avant cette candidature. Qu'est-ce qui vous a séduit dans le mouvement En Marche ! ?

Parce que j'aime l'initiative, et que, à travers son programme, Emmanuel Macron propose de valoriser l'initiative, de valoriser le pragmatisme. J'ai l'impression d'être quelqu'un qui correspond au profil. Je n'aime pas que l'on me donne sa confiance, j'aime la gagner et je crois que nous sommes aujourd'hui dans cette logique du « attendez, ne me jugez pas, par contre laissez-moi ma chance, mais ne me jugez pas ». Alors c'est difficile de se dire que l'on tiendra un engagement avec une vraie certitude, mais s'il vous plait, jugez-moi sur mes actes, je vais vous en rendre compte et je ne vais pas vous leurrer. J'ai un avantage sur tous les politiciens, c'est que moi j'ai une vie professionnelle qui m'a comblée et que je retrouverais volontiers. Donc pour moi, c'est une réelle chance une réelle force. Demain, si je suis élue, tant mieux, je défendrai vos intérêts en tant que français. Si je perds, je continuerai à défendre les intérêts de mes élèves et des parents d'élèves à Palma de Majorque où je suis très heureuse. Et dans cinq ans, il y aura deux options : soit je vous ai convaincu, soit vous ne me donnez plus la légitimité parce que vous avez trouvé que je n'étais pas à la hauteur du job. Mais ce que je veux dire c'est que, coûte que coûte, je ne vous leurrerai pas en vous faisant des promesses en vous disant, c'est moi, c'est moi, c'est moi. Jugez-moi sur les actes. Je ne suis pas une politicienne et c'est ma force. Si vous me faites confiance je vais vraiment me donner au maximum.

 

Photos de Florence Cassisi transmises par l'équipe En Marche Espagne !

 

Shirley SAVY PUIG (lepetitjournal.com/valence) Jeudi 8 Juin 2017 
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite ! 
Suivez nous sur FacebookTwitter et sur Instagram
Téléchargez notre application pour téléphone mobile via Itunes ou via Google Play

lepetitjournal valencia alicante
Publié le 7 juin 2017, mis à jour le 8 juin 2017
Pensez aussi à découvrir nos autres éditions