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La Mostra - La recette du succès : métissez et laissez reposer !

mostra valencia 2018mostra valencia 2018
©LPJV
Écrit par Isabelle Reffas
Publié le 28 octobre 2018, mis à jour le 29 octobre 2018

Disparue pendant trois ans faute de financement, la 33e édition de la Mostra de Valencia Cinema del Mediterrani a prouvé dès son retour triomphal que les fans n’avaient rien oublié et ils se sont précipités pour voir des œuvres inédites, mais de qualité souvent primés dans d’autres festivals.  Pour sa clôture, le festival a honoré 3 films, dont un français, et remis au réalisateur de la Vie d’Adèle Abdellatif Kechiche une palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

 

Les Valenciens l’attendaient de pied ferme, ils regrettaient l’absence depuis 3 ans d’un grand festival de cinéma dans leur ville. Enfin de retour, il a été accueilli avec joie et soulagement comme un enfant revenu d’un long voyage et tous étaient présents en masse dans les salles du cinéma Babel, du Palau de la Musica et de la Filmoteca, partenaires de l’événement. Il est d’ailleurs dommage qu’un seul prix manque à ceux remis par la Mostra lors de la cérémonie de clôture, celui du public, qui mériterait de faire entendre sa voix.

Le réalisateur Abdellatif Kechiche
Le réalisateur Abdellatif Kechiche

 

Pour son retour, le festival qui présentait 90 films venus de l’espace méditerranéen avait choisi d’honorer Abdellatif Kechiche, réalisateur français auteur entres autre de la Graine et le Mulet. Quel représentant idéal de tout ce que souhaite incarner le festival : exalter le talent issu de la méditerranée au-delà des frontières nationales et le métissage né de l’histoire commune des peuples qui la bordent.  C’est très ému que le metteur en scène a reçu sa palme : « Merci infiniment, je suis très honoré de recevoir un tel hommage, a-t-il déclaré, je me sens en affinité, en symbiose avec les valeurs défendues par la Mostra et par la fondation ACM (1) qui fait toujours un travail magnifique pour la reconnaissance d’une identité méditerranéenne, d’une certaine culture méditerranéenne, celle de l’ouverture, de l’échange, du partage celle de la générosité de l’hospitalité, celle de la liberté et de la tolérance et d’un certain sens de la beauté et de la lumière. »

Les autres prix sont allés à une large majorité au film Turc Pigeon qui raconte la vie d’un éleveur de pigeons essayant d’échapper à sa vie misérable. Le film a recueilli 5 récompenses. Sa réalisatrice Banu Sivaci qui est montée sur scène à plusieurs reprises (prix du meilleur acteur, du meilleur scénario, de la meilleure photographie, bande sonore), n’avait plus les mots pour remercier la Mostra de tant d’honneurs quand elle a reçu la palme d’or dotée d’un prix de 25 000 euros.

L'affiche du film turc The Pigeon

 

Le grec Gjorce Stravreski a lui reçu sa palme d’argent et son prix du meilleur réalisateur avec beaucoup d’humour. Évoquant l’argument de son film Secret Ingredient, qui raconte comment son héros vole de la marijuana à des dealers pour préparer un gâteau pour son père malade d’un cancer, il a déclaré : « On a préparé un gâteau spécial pour vous, on a su que vous aviez eu des problèmes les années passées pour financer le festival et on a pensé que ça pourrait vous aider. Mais vous avez déjà trouvé les bons ingrédients, un public génial, des organisateurs super et une ville magnifique, alors ne perdez pas la foi et merci pour ce prix. Mais si quelqu’un veut vendre ce gâteau en Espagne, envoyez-moi un email.»

Un Prix spécial a également récompensé Nome di donna un film italien qui s’attaque aux difficultés que les femmes rencontrent quand elles portent plainte pour harcèlement sexuel.

La belle surprise de cette édition fut la palme de bronze remise au très jeune réalisateur français Nathan Ambrosiono, âgé de seulement 19 ans. Les Drapeaux de Papier, son premier film, sortira en France début 2019. Pour lui, être honoré dans cette ville qu’il ne connaissait pas est tout sauf anecdotique : «  Avoir le soutien d’un festival quand on est un jeune réalisateur est hyper important et j’étais super heureux d’être là, a-t-il confié. C’était un super festival. Ce genre de film indépendant a besoin des festivals, on a besoin de visibilité et ce festival le leur donne. »

Noémie Merlant son actrice principale a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine et c’est en vidéo et dans un castillan parfait (appris la veille) qu’elle a remercié le jury et son réalisateur. « J’ai une grande sœur Romane âgée de 23 ans, évoque Nathan Ambrosiono, le même âge que Charlie le personnage principal de mon film et elle m’inspire énormément. J’ai lu un article sur une sortie sèche (sortie de prison définitive sans acte de réhabilitation préalable, NDLR) et j’ai tout de suite imaginé en faire un film sur les retrouvailles entre un frère et sa sœur. Noémie et Guillaume mes acteurs principaux m’ont tout donné.»

Interrogé sur son désir de tourner un jour à Valencia, le jeune réalisateur n’a su cacher son enthousiasme. « C’était mon premier voyage à Valencia, mais j’ai beaucoup aimé la ville et la campagne alentour, surtout les lumières, qui sont hyper inspirantes. Je me baladais dans les rues et j’avais envie d’avoir une caméra avec moi. Les couchers de soleil sont magnifiques et quand ça tape, je pense qu’on peut faire de très belles images. A une prochaine fois et viva Valencia a-t-il conclu. »

Pendant 10 jours, le public a pu rencontrer de grands réalisateurs lors de masterclass, découvrir le cinéma palestinien et s’immerger dans des films qui traitent de sujets oubliés par Hollywood. Il serait dommage que ce lieu d’échange ne revienne pas pour une 34e édition en 2019. Alors on ne perd pas la recette gagnante…

 

 

(1)fondation ACM la citoyenneté et l intégration européenne vers une communauté des peuples de la méditerranée

Photo de la journaliste Isabelle Reffas
Publié le 28 octobre 2018, mis à jour le 29 octobre 2018

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