On ne sent aucune pression pendant les 4 jours du Festival de Benicassim, certes on a pu voir déambuler des soldats en armes, mais les fouilles à l'entrée restaient joviales. Pourtant, en coulisses on s'est démené pour montrer que dans un monde sous la menace terroriste, on pouvait encore faire la fête avec 50 000 personnes par soir sans danger. Pari gagné !
Les Espagnols en vedette américaine
Les festivaliers ont rangé leurs paillettes, les Anglais ont pris le train vers l'aéroport de Castellón qui bénéficie grandement de leur venue, les Français, comme Bérangère, ont goûté avec joie au Glamping (camping glamour avec douche individuelle et zone calme et ombragée), les Espagnols ont pu voir sur une scène internationale leurs groupes préférés sans rougir de la comparaison avec les artistes internationaux, Gener, Las Planetas, Mala Rodriguez, Los Crepusculos, la Casa Azul ou Belako étaient a tope et même les plus experts l'ont remarqué.
Interrogé par Lepetitjournal Valence, Melvin Benn, l'organisateur du FiB est le premier impressionné et il promet que les groupes valenciens comme Gener, une découverte inattendue pour lui en ouverture du festival, ou les Basques de Belako «le meilleur concert que j'ai vu cette année » assure-t-il, auront toujours droit de cité au FiB. Mais attention il estime que la qualité continuera à primer sur toute autre considération : « On veut des groupes qui attirent le public et le fassent vibrer. Cela dit, je suis ravi que Gener ait pu prouver aux jeunes Valenciens qu'eux aussi un jour, s'ils atteignent ce niveau d'excellence, pourront monter sur la scène aux côtés de stars comme The Weeknd, Red Hot Chili Peppers, Bonobo ou Kasabian.»
Un lieu attractif
Les fans étaient venus en masse alors que les organisateurs craignaient que la ville et les sponsors ne se désengagent. Mais Susana Marqués, Maire de Benicassim, a bataillé avec les trois services de police chargés de la sécurité pour que tout se passe bien. Melvin Benn et son équipe ont su rassurer groupes et sponsors qui, depuis les attentats de Paris et de Londres, sont toujours plus prudents.
Mais les artistes semblent n'en avoir cure. La jeune Ella Rae rêve de se produire à Paris et de jouer à l'Olympia. Elle a donné des notes jazzy au festival avec un album enregistré à Nashville et elle a découvert le FiB avec une joie non dissimulée : « Le public est incroyable, on a l'impression de jouer devant un stade entier même quand on passe en début de soirée comme moi à 18h et qu'il y a encore peu de monde ». Certes, pour elle il n'y avait pas la foule qui s'est amassée devant le rock britannique venu en masse comme les fans dont on dit qu'ils composent 55% des festivaliers (le reste étant à 40% Espagnols), mais on a du mal à le croire tant leur présence est indéniable. Ou peut-être sont-ils juste les plus enthousiastes au point de reprendre en ch?ur la moindre chanson des très jeunes The Sherlocks, The Foals (souvent qualifiés à raison de meilleur groupe live), Liam Gallagher ou Pete Doherty ? qui même s'il est une diva backstage, se transforme en bête de scène la nuit venue.
Une seule faute de goût
Le festival a aussi prouvé que la musique live avait encore de beaux jours devant elle, y compris pour les nombreux artistes électros présents comme DeadMau5 qui offrent autant un plaisir visuel qu'auditif. Finalement, le seul hic est venu de là où on ne l'attendait pas. Lors du concert des Red Hot Chili Peppers, entre deux titres, la caméra qui retransmettait sur des écrans géants, s'est un peu attardée sur les jolies filles juchées en haut de maillot de bain sur les épaules de leurs compagnons. Quand l'une d'elles a tombé le haut, cris de joie de la foule, et c'est là que ça a basculé dans le glauque. La caméra a continué à chercher des filles en maillots et quand elles choisissaient de ne pas montrer leurs seins nus, elles étaient copieusement huées. Averti des faits, Melvin Benn a immédiatement promis que ça n'arriverait plus jamais et qu'il allait tout faire l'an prochain pour que le machisme ne passe pas par le FiB.
Rendez-vous du 19 au 22 juillet 2018
Côté artistes, le FiB a été une réussite totale. Pour le début de sa tournée mondiale The Weeknd a testé une partition de toute beauté qui fera la joie des clubbers et des autres. Irrésistible. Stormzy se jetant dans la foule, le flamenco endiablé de las Planetas et le son impeccable des Red Hot resteront dans les mémoires. Les Écossais de Biffy Clyro ont même déclaré qu'ils avaient donné là leur meilleur concert espagnol. Et Las Planetas ont annoncé sur scène qu'ils étaient « de retour à la maison. »
La fête c est bien joli, mais le FiB c'est aussi un festival qui rapporte à la Communauté Valencienne et à Benicassim bien sûr, mais pas que, quand on voit le taux d'occupation des hôtels (loin aux) alentours. Pour parler chiffres, la société Maraworld qui fait tourner le FiB a fait travailler plus de 800 personnes dont la moitié sont issus de la Communauté valencienne. Et 2.580 emplois ont été crées par les entreprises qui collaborent avec le FiB le temps du festival. Bref, des millions dans l'escarcelle de la province.
En 2018, le festival aura lieu du 19 au 22 juillet, Melvin Benn nous promet encore plus grand et plus beau, alors préparez vos paillettes, votre éventail et vos chaussures les plus confortables, la fête est loin d'être finie sans pression, mais toujours avec plus de passion !