Édition internationale

52 adolescents juifs expulsés d’un avion à Valencia après un chant en hébreu

Une chanson en hébreu, une évacuation musclée, une directrice arrêtée : l’incident survenu à bord d’un vol Vueling reliant Valencia à Paris suscite une vive polémique. L’affaire, qualifiée d’acte antisémite par les familles et plusieurs responsables israéliens, reste entourée de zones d’ombre.

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Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 24 juillet 2025, mis à jour le 25 juillet 2025

Ils étaient 52, entre 13 et 15 ans, de retour d’un camp d’été organisé par le Club Kineret sur la côte catalane. Mardi 23 juillet, ces adolescents juifs français ont été débarqués d’un vol Vueling à l’aéroport de Valencia après avoir entonné une chanson en hébreu avant le décollage. Leur monitrice de 21 ans a été arrêtée par la police dans des circonstances controversées.

La scène, filmée par certains passagers, a choqué la communauté juive et suscité une réaction immédiate du ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli. « L’équipage a qualifié Israël d’État terroriste et a forcé les enfants à descendre de l’avion », a-t-il déclaré sur X, évoquant un « incident antisémite parmi les plus graves survenus récemment en Europe ».

 

« Ils chantaient en hébreu » : récit d’un débarquement polémique

Selon Karine Lamy, mère d’un des jeunes passagers, tout a commencé « quand un enfant a chanté spontanément une chanson traditionnelle hébraïque ». L’équipage aurait rapidement demandé l’arrêt immédiat de tout chant ou bruit, menaçant d’appeler la police. « Les enfants se sont calmés, mais cinq minutes plus tard, sans autre avertissement, la police est montée à bord », raconte-t-elle à la chaîne i24.

Les forces de l’ordre ont ensuite fait descendre l’ensemble du groupe, provoquant confusion et stupeur chez les passagers. Un témoin indépendant, présent avec sa fille, a témoigné sur Instagram : « Les adolescents se comportaient bien. Le vol a eu deux heures et demie de retard, sans raison apparente. »

 

Une arrestation musclée et des accusations de violence

L’incident a pris une tournure encore plus grave lorsque la directrice du groupe a été violemment interpellée. D’après plusieurs témoignages, elle aurait protesté contre la confiscation des téléphones portables des enfants. « Ils voulaient effacer toutes les vidéos », affirme Lamy. « Elle leur a dit que c’était illégal, ils l’ont alors plaquée au sol, menottée, et arrêtée. »

Des images circulant en ligne montrent une jeune femme, visage contre le sol, maintenue par deux agents. Selon certains parents, des enfants auraient été témoins de la scène, choqués, privés d’assistance et confinés des heures durant sans explication.

 

Une expulsion dénoncée comme antisémite

L’incident a déclenché une vague d’indignation. Le Club Kineret parle d’un « acte purement antisémite » et a engagé des démarches contre la compagnie aérienne. Dans un message adressé aux familles, l’organisation affirme avoir logé les enfants dans un hôtel en attendant leur retour en France.

« Cela ressemble aux années 1940. Ce sont juste des enfants juifs qui ont chanté une chanson. Ils n’ont rien fait de mal », dénonce une mère. D’autres membres de la communauté parlent d’un « acte de haine en plein cœur de l’Europe ».

 

Vueling se défend : « un comportement conflictuel, pas religieux »

Face à l’indignation croissante, Vueling a publié un communiqué officiel ce jeudi 24 juillet, dans lequel la compagnie rejette fermement toute accusation de discrimination religieuse. Selon elle :

  • L’intervention de l’équipage s’explique par un « comportement conflictuel » d’un groupe d’adolescents ayant « manipulé de façon inappropriée du matériel d’urgence » et « interrompu activement la démonstration de sécurité obligatoire ».
  • Malgré plusieurs avertissements, l’attitude du groupe aurait « persisté », entraînant l’intervention de la Guardia Civil.
  • À leur arrivée dans le terminal, certains membres du groupe auraient « maintenu un comportement agressif » et « manifesté une attitude violente envers les autorités », conduisant à l’arrestation d’une responsable.
  • Enfin, la compagnie assure que la décision de débarquement a été prise uniquement pour des raisons de sécurité, et qu’elle « respecte absolument toutes les expressions religieuses » de ses passagers.

Vueling conclut son message en exprimant ses regrets : « Nous déplorons profondément ce qui s’est passé et remercions les passagers affectés pour leur compréhension. »

 

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