Édition internationale

Un été 2025 à haute altitude : l’Espagne domine le trafic aérien européen

Record de sièges, leadership régional, percée des low cost… l'Espagne s’impose comme le moteur de la reprise aérienne en Europe. Selon les dernières données publiées par le fournisseur OAG, le pays a franchi un cap symbolique en devenant le premier marché aérien d’Europe de l’Ouest, devant le Royaume-Uni.

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Photo : John McArthur (Unsplash)
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 6 mai 2025, mis à jour le 13 mai 2025

118 millions de sièges pour un été de tous les records

D’ici à la fin octobre, 118 millions de sièges seront proposés au départ de l’Espagne, estime le fournisseur OAG. Une progression de 39 % en six ans. Une reprise spectaculaire, alors que plusieurs voisins européens — à commencer par la France et l’Allemagne — peinent à retrouver leurs niveaux d’avant la pandémie.

L’Espagne, elle, s’envole, portée par un cocktail bien dosé de tourisme de masse, mobilité insulaire et attractivité internationale. De Barcelone à Séville, en passant par Palma ou Ténérife, les avions circulent à plein régime.

 

Entre îles et continents, l’Espagne trace ses routes dans le ciel européen

Un tiers de la capacité domestique espagnole est consacré aux liaisons vers les Baléares et les Canaries. En tout, ce sont quelque 11,9 millions de sièges qui relient la péninsule aux archipels, véritable colonne vertébrale du réseau aérien intérieur.

Au total, avec 35,4 millions de sièges, le marché domestique espagnol s’impose comme le plus dense d’Europe, devant ceux de la Turquie et de l’Italie. À l’inverse, l’Hexagone et l’Allemagne voient leur offre intérieure s’effondrer : -24 % en France, -55 % en Allemagne depuis l’été 2019.

 

Capacité internationale : l’Espagne élargit ses horizons

Côté international, la dynamique reste forte. La capacité de l’Espagne à l’international a progressé de 5 % par rapport à l’an dernier, et de 15 % depuis 2019. L’essentiel du trafic reste intra-européen (66 millions de sièges), mais les liaisons avec l’Afrique du Nord (+50 %) et l’Amérique du Sud (+40 %) se développent rapidement. Deux régions stratégiques, notamment pour les diasporas, les échanges économiques et les flux migratoires.

 

L’Espagne, royaume du low cost en 2025

Si l’Espagne domine aujourd’hui le classement, c’est surtout grâce à une adoption massive du modèle low cost. Près de 60 % des sièges sont opérés par des compagnies à bas prix, un record en Europe de l’Ouest. Ryanair mène la danse, avec 19,4 millions de sièges prévus cet été, soit 40 % de plus qu’en 2019.

 

Ryanair réduit sa présence dans plusieurs villes d'Espagne

 

 

Le groupe IAG, avec Vueling et Iberia, capte 28 % de la capacité. Fait notable : Vueling dépasse Iberia en nombre de sièges proposés cet été, ce qui confirme le virage stratégique du groupe vers le low cost renforcé. easyJet, de son côté, conserve une présence solide à l’international, mais loin derrière Ryanair.

Malgré l’essor du train, certaines lignes aériennes résistent. C’est le cas du Madrid-Barcelone, qui continue d’attirer les voyageurs pressés. Près d’un million de sièges sont programmés cet été sur cet axe, même si l’offre a chuté de moitié depuis 2019. Iberia reste majoritaire, tandis que Vueling a jeté l’éponge, préférant déployer sa flotte sur des routes plus rentables.

 

Un ciel sans nuages ?

Le bilan est impressionnant, mais l’horizon n’est pas exempt de zones de turbulence. Inflation persistante, incertitudes géopolitiques, exigences environnementales croissantes… autant de facteurs susceptibles de peser, à moyen terme, sur l’élan retrouvé du transport aérien.

La question du pouvoir d’achat pourrait freiner certains départs, tandis que les pressions écologiques sur les vols courts s’intensifient à travers l’Europe. Pour l’heure, l’Espagne reste la locomotive de l’aérien européen, et son ciel semble plus que jamais dégagé.