Si certaines municipalités désespèrent de voir les façades des maisons en proie aux graffitis d’artistes de rue, à Fanzara, petit village situé à seulement une heure de route au nord de Valencia, ces fresques urbaines lui ont permis de retrouver un second souffle et des milliers de visiteurs chaque année.
Fanzara fait partie des villages espagnols qui se méritent. Depuis Valencia, il vous faudra une petite heure en voiture et quelques routes sinueuses pour accéder à ce bourg montagnard qui compte à peine 300 âmes. Mais croyez-nous, il en vaut le détour ! En effet, depuis 2014, Fanzara est devenue un musée à ciel ouvert d’art urbain attirant de nombreux artistes internationaux. Plus de 150 œuvres décorent ainsi les ruelles, représentant le travail de 73 artistes. Et pourtant, au départ, c’est un tout autre projet qui aurait dû voir le jour …
Au départ, le projet d’une usine de retraitement de déchets toxiques
Pour comprendre l’histoire de ce musée, il faut remonter au début des années 2000. A cette époque, José Centelles Gustems, Maire du village (Partido Popular), propose d'installer une usine pour les déchets toxiques et dangereux ainsi qu'une macro décharge qui doit permettre de développer des emplois pour la région.
Face à ce projet, qui aura forcément des retombées écologiques pour le voisinage, la riposte s’organise et des habitants de Fanzara et de sa ville voisine Onda, se regroupent autour d’un collectif appelé "PLATAFORMA VERTEDERO SUSTANCIAS PELIGROSAS NO" : « Nous pensons que notre village ne doit pas être considéré et traité comme la poubelle des produits dangereux de la Communauté de Valence et tous nos efforts viseront à l'empêcher » déclaraient-ils à l’époque sur leur site internet.
S’ensuit une bataille de plusieurs années entre les habitants favorables à ce projet et ses opposants. Une affaire qui va raviver des tensions liées à la Guerre civile espagnole qui ont perduré à travers les générations.
Il faudra attendre les élections municipales de 2011 et l’arrivée à la mairie de la liste PSOE-PSPV pour que le projet de décharge soit abandonné.
Le Musée inachevé d'art urbain (MIAU) de Fanzara
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Afin d’apaiser ces années de conflits et donner une nouvelle image à Fanzara, la nouvelle municipalité se tourne vers l’art urbain pour encourager la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
Le concept est plutôt simple : une fois par an, début juillet, des dizaines d’artistes urbains et graffeurs s’installent à Fanzara pour réaliser leurs œuvres directement sur les façades des habitations, des palissades et même des containers à ordure !
Si au début, une partie des villageois était plutôt suspicieuse et rétissante à cette idée, l’ampleur de ce Musée, devenu une étape obligatoire pour de nombreux artistes internationaux, a fini de les convaincre.
Du 4 au 7 juillet 2019, le festival MIAU de Fanzara
Pour sa sixième édition, le festival se déroulera cette année du jeudi 4 au dimanche 7 juillet. Pas besoin de tickets pour accéder à ce musée à ciel ouvert mais s’armer de patience puisque des milliers de visiteurs sont attendus une fois de plus et que la balade dans les rues étroites pourra s’avérer compliquée. Mais c’est l’occasion de voir des street-artists travailler à même leur support citadin.
Par ailleurs, ce musée étant accessible toute l’année, n’hésitez pas à attendre la basse saison pour en profiter plus sereinement.