Les élections des conseillers des Français de l’étranger et des délégués consulaires se tiendront les 29 mai 2021 pour le continent américain et les Caraïbes et le 30 mai 2021 pour le reste du monde. Le vote par internet débute le 21 mai. Nous avons interviewé, à cette occasion, les têtes de liste et publions leurs réponses et visuels de campagne dans l'ordre du tirage au sort publié par le consulat, et dans les délais légaux : entre le 17 et le 20 mai.
Troisième interview : Martine Vautrin Djedidi - Français du Monde engagés ensemble, citoyens, solidaires, écologistes
Lepetitjournal.com Edition Tunisie : Martine Vautrin Djedidi, pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Martine Vautrin Djedidi :
Résidente en Tunisie depuis plus de 40 ans, mariée à un Tunisien et mère d’enfants double nationaux, après une vie professionnelle commencée en France, puis poursuivie en Tunisie, je suis retraitée depuis quelques années. Responsable d’une association de Français hors de France depuis les années 90, militante politique, suppléante du député de la circonscription entre 2012 et 2017, administratrice de « Français du Monde Adfe » à l’échelle mondiale (dont le siège est à Paris). J’ai été élue conseillère Tunisie Libye ainsi qu’à l’Assemblée des Français de l’étranger une première fois en 2009, puis réélue localement et pour l’Afrique du Nord et l’Egypte en 2014. Chevalier de la Légion d’Honneur.
Comment avez-vous constitué votre liste ?
En privilégiant confiance, compétences, expertise, esprit d’équipe, ainsi que des valeurs et convictions partagées. Un appel à candidature auprès de sympathisants, militants, amis, en respectant la parité avec alternance, tentant de combiner statuts, générations, régions et sensibilités politiques. L’exercice est moins simple qu’il n’y parait…
Quelques mots pour présenter les candidats de votre liste :
Des femmes et des hommes, disponibles, avec le sens des responsabilités, aux origines et parcours divers, de diverses régions, natifs de Tunisie ou d’ailleurs, mono ou double nationaux, la plupart ayant une solide expérience de la vie hors de France et en Tunisie. Engagés à un titre ou un autre auprès de leurs compatriotes. Une équipe aux valeurs progressistes rassemblée autour d’un idéal de justice sociale et de fraternité, mobilisée par les urgences écologiques et les problématiques qui nous concernent tous.
Quels sont selon vous les plus grands défis auxquels font face les Français de Tunisie ?
Ils sont très majoritairement aussi tunisiens. Le premier défi est donc, comme pour tous, économique : nous avons en partage, directement ou indirectement, les problématiques d’emploi et de protection sociale ; le second est social : l’avenir des plus jeunes dans un contexte parfois anxiogène, le devenir des plus âgés dans une population vieillissante ; la sécurité bien entendu est au cœur des préoccupations de tous. Et le souci de notre environnement.
Que représente pour vous la mission principale de conseill-er-ère des Français de l'étranger ?
Informer sur tous les sujets ayant une implication dans la vie de nos concitoyens. Soutenir leurs demandes. Alerter les autorités et les parlementaires sur les problèmes posés. Résister à toutes les entraves à leur vie de citoyens Français hors de France. Obtenir des réponses et des améliorations.
Quelles sont les particularités et la couleur politique de la liste que vous conduisez ?
Non encartés, mais pas apolitiques, nous sommes la seule liste appartenant à la famille de la gauche républicaine présente à l’étranger. Défendant des valeurs de justice sociale, d’équité, de solidarité, que ce soit sur le plan économique ou dans la défense et la protection de notre bien commun. La lutte contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination et contre la montée des idées de la droite radicale sont pour nous fondamentales.
Si vous êtes élue, comment voyez-vous votre mandat de conseillère consulaire ?
Les conseillers et le conseil consulaire ont un rôle consultatif. Je poursuivrai ce que j’ai fait durant de nombreuses années comme responsable d’une association de Français à l’étranger, Français du Monde Adfe, et depuis 2009 comme conseillère consulaire : écouter, répondre, aider. Et agir auprès des autorités consulaires, auprès des administrations centrales, ainsi qu’auprès des parlementaires pour faire évoluer les législations.
Quelles sont vos motivations, pourquoi cet engagement au niveau de la vie locale ?
C’est une bonne question… Pourquoi s’engage-t-on à agir pour que les besoins d’autrui soient satisfaits ? Pour partager. Pour se rendre utile. Pour donner du sens à des indignations. Pour se réjouir de batailles gagnées ensemble. Femme, active, citoyenne, expatriée, conjointe d’un ressortissant étranger, mère d’enfants double nationaux, les thèmes ne manquent pas. Qu’importent les raisons, d’ailleurs, l’essentiel est de mettre en œuvre ses convictions.
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme ?
►défense du service public en moyens et en personnels ► maintien des services consulaires de proximité ►contre les privatisations ►accès au droit ►protection sociale ►pérennité du réseau d’écoles et qualité de l’enseignement ►prise en compte des difficultés scolaires ►accès à l’enseignement supérieur ►francophonie ►enseignement de la langue arabe ►politique des visas ► soutien aux investisseurs ► contre les atteintes au droit de la nationalité ►contre toute forme de discrimination envers les doubles nationaux ► pour qu’un Français hors de France soit un Français à part entière ► soutien au retour en France
►Avec la société civile tunisienne et les associations françaises qui partagent nos préoccupations, nous nous rallions aux idées progressistes sur toutes les questions à l’ordre du jour en Tunisie et ailleurs : défense des droits humains, égalité hommes-femmes, protection de l’enfance, qualité de l’environnement et gestion des ressources naturelles.
Quelle est votre position sur l'enseignement français en Tunisie, son accessibilité et son organisation ?
L’enseignement français en Tunisie est une fierté et un acquis, tout comme l’enseignement de la langue française, pour les Français résidents et pour les Tunisiens. Il a beaucoup évolué. L’augmentation régulière des frais de scolarité, 12 % cette année, est compensée par un système de bourses scolaires proportionnelles aux revenus, plutôt équitable, qui permet aux familles françaises d’envisager une scolarité de 12 années. Ceci a malheureusement éloigné au fil des ans une classe moyenne tunisienne qui n’a plus les moyens d’assumer une telle charge et pour qui il est difficile d’envisager un retour éventuel vers l’enseignement tunisien, faute d’un niveau suffisant de l’enseignement de la langue arabe.
A côté des établissements en gestion directe par l’Etat Français, qui existent depuis plusieurs décennies, le développement du réseau sous la forme d’établissements privés homologués, pour répondre au discours du Président de la République demandant un doublement des effectifs, est un défi … Le « soft power » a un coût, il implique de gros investissements de la part de groupes financiers qui exigent la rentabilité. La crainte est la disparition d’un service, certes payant, mais sous le contrôle direct des ministères français. Pour les usagers devenus clients, quelle sera leur place dans le processus de décision, quand on sait que même dans nos établissements en gestion directe cela n’est pas toujours évident ? Le recrutement d’enseignants ( il en faudra 600), et leur qualification, seront-ils au rendez-vous ? Quel est l’avenir de ces (trop ?) nombreux établissements qui ont vu le jour depuis 2017 ? Quel est l’avenir du « marché » français de l’éducation dans un contexte économique qui se dégrade ?
Et sur la CFE ?
Le constat est évident : l’adhésion à ce système de protection maladie maternité volontaire est devenu trop élevé pour tous ceux qui ont des revenus en monnaie locale. Depuis plusieurs années, le taux de change €/TND a entrainé l’abandon de nombreux adhérents. Ne parlons même pas des cotisations retraite devenues inaccessibles si on n’a pas le statut d’expatrié par une entreprise. Grâce aux combats menés par des élus de gauche qui réclamaient une catégorie plus accessible, la création d’une troisième catégorie subventionnée par l’Etat avait permis l’adhésion de nombreux résidents hors de France. La plupart des adhérents en Tunisie en bénéficient. Et si la dernière réforme de la CFE a levé l’obligation de payer deux années de droit d’entrée, il faut rester cependant vigilant sur l’évolution de ce système.
Concernant la crise liée à la COVID-19, quelles sont les dispositions que vous défendrez ou proposerez ?
La crise où ? elle est mondiale et nous sommes solidaires dans un monde interdépendant. Tout ce qui se passe à l’autre bout de la planète a des conséquences ici, c’est l’ « effet papillon ».
Avant tout, faciliter l’accès à la vaccination, pour soi et pour les autres, obtenir le maximum d’immunisation pour une reprise de l’économie et des échanges.
Localement, renforcer le service social du consulat en personnels et augmenter les aides liées au Covid, directement ou via les associations.
L’Etat Français ne pourra indéfiniment soutenir tous les secteurs ni toutes les personnes touchées par la crise. Encore moins les 3 millions de Français hors de France. Pour ceux qui le veulent, faciliter leur retour ou leur installation en France, par un accès à l’hébergement, clé de toute insertion et de toutes les aides sociales.
FIN DE L'INTERVIEW
Propos recueillis par Isabelle Enault pour lepetitjournal.com édition Tunisie, interview publiée le 18 mai 2021 à 2H00
COMMENT VOTER
L’élection pour le renouvellement général des conseillers des Français de l’Etranger et des délégués consulaires aura lieu les 29 et 30 mai prochains. Comme le prévoit la loi électorale, vous pourrez voter à l’urne, par procuration ou par internet. Une application de vote par internet a été développée pour cette élection. Elle a été testée en juillet et en novembre 2019 et homologuée en janvier 2020. Vous aurez la possibilité d’utiliser cette modalité de vote si vous le souhaitez du 21 mai à 12h (heure de Paris) au 26 mai 2021 à 12h (heure de Paris).
Pour voter, il est nécessaire de vous rendre sur le site France Diplomatie et de cliquer sur le bouton « Je vote par internet », qui y figurera à compter du 21 mai.
Pour vous connecter au portail de vote, vous aurez besoin :
de votre identifiant qui sera envoyé par courriel ;
de votre mot de passe qui sera envoyé par sms.
Ces codes d’accès seront envoyés à l’adresse électronique et au numéro de téléphone portable que vous avez déclarés auprès de votre consulat ou sur le site service-public.fr.
Vous pouvez accéder à toutes les informations sur cette modalité de vote dans la rubrique « Présentation du vote par internet » du site France Diplomatie.