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Tokyo Techno

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Écrit par Julien Loock
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 février 2021

Entre néons saturés, échoppes fumantes, gratte-ciel de verre et ruelles hors du temps, la mégalopole japonaise, par ses contrastes fascinants, enivre chaque voyageur curieux qui s'y aventure, lui proposant un dépaysement savoureux à chaque coin de rue. On se laisse porter par la magie de Tokyo, cette capitale aux mille visages. Un visage techno, bien sûr, mais pas celui qui nous vient à l'esprit aux premiers abords, celui des Japonais obnubilés par la course à la technologie, flirtant avec un futur toujours plus robotique et mécanique. Tokyo Techno, c'est la partie de l'ADN de la capitale qui nous intéresse aujourd'hui, teintée de beats cadencés, de galettes de cire noire et de clubs vibrant au son électronique. Plongez dans la capitale japonaise les oreilles grandes ouvertes. 


Bien avant de fouler le plancher des dancefloors tokyoïtes et de s'user les doigts en fouillant méticuleusement les bacs de vinyles éparpillés dans la capitale, on aime se laisser conter le Tokyo qui nous envoûte, celui dont on rêve depuis la France, des images et des espérances en nombre. Culture si lointaine et pourtant si proche, avec son délicat envahissement de notre quotidien depuis déjà de nombreuses années, le Japon et sa capitale s'amusent à batifoler avec les sentiments et les émotions des visiteurs de la première fois. Les voyageurs y atterrissent plein de rêves et d'espérance touristique ébouriffante que Tokyo satisfait véritablement, voire plus. Tokyo l'ultramoderne, et pourtant si traditionnelle, s'ouvre avec aisance et plaisir à quiconque se laisse prendre par la main. D'un quartier à un autre, d'une rue bouillonnante qui hypnotise à une ruelle enchanteresse où le temps s'arrête, les visages de la capitale fascinent au plus haut point. On aime y goûter les plaisirs innombrables qu'elle nous procure. On aime flâner dans le Tokyo pittoresque des ruelles de Yanaka, dans le nord de la capitale. On aime le doux envoûtement qu'offrent les néons par milliers des quartiers magnétiques de Shibuya ou de Shinjuku. On aime prendre du bon temps dans les restaurants de la capitale, entre un délicieux sushi sur le pouce, une brochette yakitori dégustée dans la fumée de son échoppe ou encore les célèbres okonomiyaki, les galettes gourmandes de Osaka et de Hiroshima, qui frétillent sur les plaques chauffantes.

 

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Les sens sont en éveil, la belle Tokyo se pare de ses plus beaux atours et offre un voyage émotif inoubliable aux voyageurs qui l'arpentent. L'immensité perturbe aux premiers abords, comme le bruit étourdissant de certains lieux ou la phase de déchiffrage des systèmes d'écriture nippons, mais Tokyo surprend à chaque fois par sa délicatesse ambiante, dès que l'on fuit les centres électrisants. Tokyo est calme, Tokyo est respectueuse et Tokyo est un havre de paix, aux antipodes de nos standards européens. Oui, il est possible de se retrouver dans un intime jardin japonais, presque seul, entouré pourtant de millions d'habitants. Oui, un gracieux silence envahit de nombreux quartiers et ruelles de la capitale, loin de l'image que l'on se fait d'elle. Oui, la ville est d'une propreté sans égale alors que des milliards de pas frôlent le bitume chaque jour. Tokyo est certes comme on l'imagine, mais elle stupéfie également par des facettes de son comportement que l'on ignore assez souvent. Tokyo est définitivement unique. L'immense Tokyo est très souvent intimiste et la gigantesque Tokyo est très souvent douce et détendue. Une capitale de contrastes où il fait bon se perdre. Une capitale qui nous tatoue l'esprit à vie. 

 

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L'art du crate digging made in Tokyo


La capitale japonaise est une oasis inestimable pour les fanatiques du marché du vinyle de seconde main. Graal absolu pour la recherche endiablée de la pièce manquante tant désirée, Tokyo rend véritablement addicts tous les amoureux des galettes de cire noire. A l'instar de Berlin en Europe, elle offre un choix exceptionnel de magasins de vinyles d'occasion éparpillés sur toute son immensité, rendant la chasse encore plus excitante. Mais avouons-le sans hésiter, Tokyo dépasse la capitale allemande sur deux points, sans contestation possible. 
En premier lieu, les Japonais sont des collectionneurs fous qui ont le respect des objets et des choses ancré dans leur ADN. Qu'importe le genre musical, qu'importe l'âge de la galette, il est très souvent aisé au Japon de tomber sur la perle rare entretenue dans des conditions optimales. Il est courant de tomber nez à nez avec une rareté de l'autre siècle et de découvrir avec excitation et stupeur que le vinyle frôle le "mint". Chaque chasse aux trésors dans les rayons tokyoïtes est personnelle et chaque trouvaille est singulière, selon sa propre collection. Si nous pouvons nous permettre un aparté à la première personne, nous citerions volontiers la joie inégalée d'avoir pêché dans un bac house/techno du Disk Union de Shimokitazawa, une copie datant de 1991 encore scellée (parmi les deux cents excitantes) de l'ep de Soichi Terada & Shinichiro Yokota ‎- Tokyo XXX sur le label BPM records. Le crate digging (ndlr fouiller les bacs de vinyles) à Tokyo est une expérience à part : c'est l'assurance de faire fondre sa wantlist, pourtant fournie, en quelques bacs. 

 


En second lieu, le crate digging tokyoïte est un art qui est embelli par le service proposé par les acteurs du marché. Encore une fois, qu'importe le style, tous les magasins prennent le soin de proposer une expérience sensorielle et pratique à la limite de la perfection, qui n'est pourtant pas de ce monde. A quelques exceptions près, chaque vinyle du monde de l'occasion est sous pochette plastique. C-H-A-Q-U-E vinyle. Les pochettes en carton des ep et lp sont ainsi protégées des coups de doigts rapides et des manipulations dans les bacs par les chercheurs sous adrénaline. Dans les Disk Union, par exemple, on vous rappelle gentiment de ne pas faire retomber trop violemment le vinyle dans le bac en bois lors des sessions de crate digging. On le répète, l'objet est roi. L'art du service est également poussé à son paroxysme avec un système d'étiquettes très pratiques pour les coups d'œil vifs et véloces, système qui comprend aussi des codes couleur qui changent selon la chronologie des entrées des nouveaux vinyles d'occasion. Les diggeurs obsédés par leur passion peuvent ainsi directement savoir quels vinyles viennent de fleurir dans le champ des bacs de seconde main, sans perdre leur temps à redécouvrir les galettes d'une session précédente. Et même si les rayons rock remportent la palme du choix, l'offre techno-house est tout simplement hallucinante. Il est sans risque de parier que les étoiles pétilleront dans vos yeux de passionnés de galettes de cire noire. 
 

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Les bonnes adresses pour une session de crate digging à Tokyo


Selon le temps imparti au crate digging lors d'un séjour à Tokyo, il est agréable de connaître les bons plans et les lieux incontournables pour un bref aperçu du monde de l'occasion dans la capitale, sans parcourir de nombreux kilomètres pour quadriller la ville. Pour un court séjour, trois quartiers sont à placer dans le haut du panier pour s'assurer d'aller droit au but : la jeune et bouillante Shibuya, la bohême Shimokitazawa et l'électrique Shinjuku. En se concentrant sur ces zones de la capitale, le passionné de vinyles aura la possibilité de profiter des magasins les plus fournis en galettes électroniques à commencer par la chaîne Disk Union et le non moins célèbre repère des aficionados de techno et house, Technique, à Shibuya. Ces repères de la seconde main sont des destinations indispensables pour les crate diggers. Cependant, nous aurions tort de nous cantonner à ces enseignes-là, l'offre étant tout bonnement éléphantesque dans les quartiers sus-cités. Pléthore de magasins indépendants jalonnent les quartiers de Shibuya comme l'excellent Face Records à Udagawacho ou Lighthouse Records à Dogenzaka ou ceux  de Shimokitazawa avec Jet Set Records par exemple. Si les horizons musicaux dépassent le monde de la techno, la chasse aux trésors sera encore plus difficile. Tokyo regorge littéralement de magasins de vinyles, prêts à satisfaire quiconque poussera la porte. 


Nos meilleurs records stores


Technique
Quartier : Shibuya
Genre : Techno, house, disco, beats...
Vinyles : neuf et occasion
Adresse : 150-0042 Tōkyō-to, Shibuya-ku, Udagawachō 33, étage 2

Disk Union
Quartier : Shibuya
Genre : Techno, house, disco, beats...
Vinyles : neuf et occasion
Adresse : 150-0042 Tōkyō-to, Shibuya-ku, Udagawachō, 30−7-21, étage 4

Disk Union
Quartier : Shimokitazawa
Genre : Techno, house, disco, beats...
Vinyles : neuf et occasion
Adresse : 155-0031 Tōkyō-to, Setagaya-ku, Kitazawa, 1−40−6 

Disk Union
Quartier : Shinjuku
Genre : Techno, house, disco, beats, jazz...
Vinyles : neuf et occasion
Adresse : 60-0022 Tōkyō-to, Shinjuku-ku, Shinjuku, 3 Chome−34−1, étage 4

HMV Record shop
Quartier : Shibuya
Genre : Techno, house, disco, beats, pop, rock...
Vinyles : neuf et occasion
Adresse : 150-0042 Tōkyō-to, Shibuya-ku, Udagawachō, 36-2, étage 2

Mais aussi Face records (Shibuya), Jet Set Tokyo (Shimokitazawa), Lighthouse records (Shibuya), Recofan (Shibuya), Disk Union (Ochanomizu), Flash Disk Ranch (Shimokitazawa)...

 

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Et maintenant, clubbons !


Rassasié (ou pas) des sessions de crate digging made in Japan, il est temps d'entrer dans la nuit tokyoïte pour s'initier au clubbing local et profiter d'une scène riche et bouillonnante, avide de fêtes, où la musique est reine. Dans un respectueux mélange de locaux, d'expatriés et de touristes, les clubs de la capitale sont de savoureux repères pour les amoureux de musique électronique. Des clubs disparaissent (le très regretté Air), d'autres jouissent de leur jeunesse (l'excellent Contact) et d'autres trônent en patron des nuits japonaises (le Womb). La qualité des nuits à Tokyo n'est plus à prouver depuis des années et le vivre et revivre chaque week-end consolide cette idée avérée. La clientèle vit pour la musique, les line-up sont de haut vol, la qualité des infrastructures sonores est excellente et l'ambiance générale des plus satisfaisantes. Cerise sur le gâteau, comme dans le cas de Contact, les WC sont souvent d'une propreté exemplaire. Nous sommes dans des clubs qui drainent des centaines de personnes, ne l'oublions pas. C'est peut-être un détail, mais ça en dit long sur l'expérience particulière du clubbing à Tokyo.

 

Les prix peuvent varier et rejoindre des standards européens, mais certaines agréables surprises pour le porte-monnaie sont à noter. Toujours dans le cas de l'excellent Contact à Shibuya, entrer avant 23h assure un prix mini de 1000 yens (7,60€). Dans le cas de ce club, s'y aventurer si tôt n'est pas une étrange habitude qui ferait pourtant frémir les peureux d'une morne atmosphère : l'ambiance de la zone bar est agréable, les DJ ne lésinent pas sur les efforts et les boissons sont à moitié prix jusque minuit, le week-end et la veille de jours fériés. Quand on connaît les tarifs des boissons à Shibuya, c'est une aubaine pour mettre le pied à l'étrier et démarrer la nuit de façon très agréable. Tokyo n'étant pas Berlin, le stress du physio et de l'entrée n'a guère sa place ici. La culture clubbing est décontractée et respectueuse. Il n'est d'ailleurs pas rare de croiser des locaux seuls, venus profiter, sans jugement, d'un line-up immanquable. Seconde cerise sur un gâteau déjà bien garni, les temps d'attente sont assez rares pour être signalés, que ce soit à l'entrée, au bar ou au WC. Lorsque l'on a l'habitude de fouler les planchers des clubs des grandes capitales européennes, c'est un régal. L'expérience clubbing tokyoïte n'a pas à rougir de celle de Berlin, Paris, Londres ou Barcelone. On aurait tort de se priver d'un saut enjoué dans un des nombreux clubs de la capitale pour passer une belle nuit de danse et de transe. 

 

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Nos meilleurs clubs


Contact
Shibuya
150-0043 Tōkyō-to, Shibuya-ku, Dogenzaka 2-10-12 

Extrait du set de Laurent Garnier en mars dernier à Contact


Vent
Omote-sando
107-0062 Tōkyō-to, Minato-ku, Minami Aoyama 3-18-19

Circus
Shibuya
150-0002 Tōkyō-to, Shibuya-ku, 3-26-16

Mais aussi le Womb (Shibuya), Unit (Ebisu), Dommune (Ebisu), Liquid Room (Shibuya)...

 

* Ces lignes ont été, à l'origine, écrites pour le magazine papier édité pour la semaine du OFF Week à Barcelone, en juin 2018, pour nos chers compatriotes de offparty.com que nous saluons chaleureusement.

 

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