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Le tatouage au Japon : comment devenir tatoueur ? (partie 2)

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Publié le 9 mai 2019, mis à jour le 18 août 2020

Depuis des siècles, le tatouage peine à retrouver sa place en tant qu’art au Japon. Ses tatoueurs migrent pour la plupart à l’étranger du fait des règles très contraignantes imposées par le pays. Mais comment en faire son métier sur la péninsule ? Explications.

 
L’histoire du tatouage au Japon n’a pas été de tout repos. Passé d’art à pratique illégale, elle est encore un sujet sensible au sein de la population japonaise. Le statut du tatoueur est tout aussi bancal, tant au niveau de la loi qu’au niveau de son exercice. Il faut d’abord savoir qu’au Japon, avoir ne serait-ce qu’un tatouage sur soi restreint beaucoup le champ des possibles : on ne peut pas travailler avec des enfants et il devient compliqué d’ouvrir un compte en banque à moins de justifier que l’on n’appartient pas à un groupe de yakuza. 

 

Un cadre légal flou 
 

L’exercice des tatoueurs au Japon est limité par une loi de 2001 autorisant les personnes à tatouer seulement si elles disposent d’un diplôme de médecin. Par ce biais, le gouvernement japonais affirme sa position face au statut des tatoueurs, non pas comme artistes mais comme médecins. Cela a donc entraîné la fermeture de nombreux salons de tatouages, mais aussi le départ de grands tatoueurs vers d’autres pays plus souples en la matière. Il n’existe pas non plus de règles d’hygiène officielle, ce qui rend le travail des tatoueurs difficile, souvent en toute clandestinité. 
 

Depuis, ils essaient de changer la donne. C’est le cas pour Taiki Masuda et sa campagne « sauvez le tatouage » démarrée en 2015 suite à une amende de 300 000 yens, qu’il a reçue à son salon pour « violation des règles de la médecine ». La pétition adressée au Premier Ministre a été signée par plus de 20 000 internautes pour essayer de faire évoluer la loi, mais rien n’y fait. Un procès a donc été ouvert en 2017 et la décision marque un tournant pour l’importance culturelle du tatouage au Japon. Elle confirme que tatouer n’est pas un acte chirurgical et donc la qualifie indirectement comme un acte artistique. Est-ce le début de reconnaissance du métier qui permettra de perpétuer l’art de l’irezumi

 

Une transmission de connaissances
 

Pour devenir tatoueur au Japon, deux possibilités sont envisageables. Dans la plupart des cas, une personne a accès à l’art de l’irezumi, en étant le disciple d’un tatoueur qui lui enseignera son savoir-faire. Cela passera des règles d’hygiène, au montage des outils, au coup de main à prendre pour tatouer. L’apprenti sera donc rattaché à son « maître » et ne pourra le quitter que, lorsque ce dernier l’aura trouvé prêt pour pratiquer seul le métier. C’est pourquoi de nombreux tatoueurs ne sont connus que par le bouche-à-oreille. Il n’y a pas de véritables « formations », puisque le métier n’est pas encore officiellement reconnu bien que l’on connaisse son existence. Les Japonais n’ont donc que ce biais pour apprendre les techniques liées à la profession. 

 

 

La deuxième solution pour un étranger souhaitant s’expatrier au pays du soleil levant est tout simplement de se former en France et de venir au Japon ensuite. Mais là encore, cela reste difficile, car il faudra choisir entre une pratique clandestine ou un salon officiel, et donc risquer de nombreuses amendes. Reste à attendre la dernière décision de la Cour Suprême du Japon courant 2019 pour définir le sort de Taiki Masuda, mais aussi confirmer plus officiellement le statut des tatoueurs.
 

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