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Renaissance de l'herboristerie japonaise : rendez-vous le 12 mars

Provencal garden Provencal garden
Écrit par Steen
Publié le 11 mars 2022

Nicolas Chauvat et son épouse vous proposent de les retrouver ce samedi 12 mars à Shibuya pour découvrir leur pop-up store d’herboristerie japonaise. L’évènement « spécial masala chai » veut mettre en valeur différentes plantes japonaises venues aussi bien d’Hokkaido que d’Okinawa.

Nicolas a accepté de répondre à quelques questions :

 


Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Je m’appelle Nicolas Chauvat. Si je devais me définir en un mot, je dirais que je suis un explorateur. Je suis né dans une famille d’aventuriers. Mon arrière-grand-mère a fait le tour du monde en son temps, mon grand-père parcourait les profondeurs des forêts du limousin à la recherche de plantes médicinales, et mes parents, biologistes, directeur de recherche au CEA CNRS explorent les mystères du vivant. Pour ma part, j’ai essayé de continuer cette tradition familiale. J’ai étudié à Sciences Po Aix où je me suis spécialisé sur l’étude comparée des religions, puis je suis partie vivre en Chine et au Japon. J’ai commencé ma carrière à l’Ambassade de France. Ensuite, je suis revenu à mes premières passions, la biologie. J’ai repris des études en sciences médicales (biologie cellulaire, immunologie, nutrition et biochimie).

J’ai fondé avec mon épouse en 2018 une société nommée Mon Jardin secret. Son objectif est de faire revivre les savoir-faire français et japonais de l’utilisation des plantes aromatiques et médicinales tout en leur apportant une touche de modernité. Nous avons par exemple travaillé avec des chefs pâtissiers d’hôtel cinq étoiles pour les aider à colorer les chocolats de la Saint-Valentin avec des produits 100 % naturels.

Nicolas et sa femme

Pouvez-vous nous parler plus en détail de votre projet de pop-up store
à Shibuya ?

Lorsque nous avons créé cette société avec mon épouse, notre objectif était de refaire revivre les pharmacopées européennes. Mais depuis la pandémie, j’ai pu côtoyer des agriculteurs japonais qui ont beaucoup de difficultés pour vivre. Ne pouvant plus aller à l’étranger, j’ai voyagé au Japon. J’ai découvert à Okuhida, à Ishigaki et dans d’autres régions de nombreuses plantes médicinales oubliées du grand public. Ma femme et moi étant de grands fans de cuisine indienne, nous avons eu l’idée de faire des mélanges de plantes, non pas pour des infusions, mais pour des chai masala (thé au lait épicé). Le Kansai étant l’un des berceaux du Spice Curry, ces produits ont tout de suite trouvé une clientèle et nous avons eu l’occasion de participer à de nombreux évènements dans de grands magasins.

Nous profitons d’un séjour à Tokyo pour organiser un pop-up store d’une journée à Shibuya afin de permettre à tous ceux qui le souhaite de déguster ces produits.

Chai massala au pop up store

Vous êtes l’auteur de plusieurs livres axés sur le bien-être et sur la santé, très inspirés par la culture japonaise. Qu’est-ce qui vous fascine dans le mode de vie japonais ?

Je publie des livres dans deux domaines différents : la spiritualité et les sciences médicales. Je ne mélange pas ces deux domaines, mais il y a un concept issu de la culture japonaise qui m’a beaucoup inspiré, le « Juste Milieu ».

En Europe, nous nous considérons comme modernes, pourtant, tout comme nos religions qui établissent une frontière hermétique entre le bien et le mal, notre manière d’appréhender la santé est très fortement teintée de dualisme. Dans le domaine de la nutrition, cela se traduit par la parution de nombreux livres qui propose des méthodes miracles reposant sur la condamnation de certains aliments (le lait, le sucre, la viande rouge, le lait de soja, les œufs, etc.) et sur la mise sur un pied d’escale de certains autres (les fruits, le miel, le thé, etc.).

Au Japon, en tout cas dans le monde médical que je côtoie directement, l’approche de la santé et la nutrition est très différente. Les chercheurs n’essaient pas d’identifier de soi-disant aliments miracles ou des aliments poison, ils aspirent à comprendre comment les molécules qu’ils contiennent agissent sur les innombrables voies métaboliques de nos cellules afin de déterminer comment s’alimenter au mieux en fonction de nos propres spécificités.

Pour prendre juste un exemple, le glucose est devenu l’ennemi public numéro 1 en France, alors que dans le monde scientifique, on s’aperçoit que pour certaines catégories de personnes, la consommation de fructose entraine beaucoup plus de risques de développer des maladies métaboliques.

Ce que j’essaie de partager dans mes livres, c’est cette approche équilibrée et surtout adogmatique qui repose sur l’envie de découvrir davantage non pas pour avoir raison mais pour améliorer sensiblement notre qualité de vie.

Livre de Nicolas Chauvat


Quels sont vos futurs projets ?

Nous avons plein de projets. La parution d’un livre en sciences médicales en avril (aux éditions Trédaniel), l’écriture d’un livre sur les plantes médicinales japonaises, l’ouverture au Japon d’un salon de thé pour déguster nos mélanges en fin d’année et la reprise de nos activités en France (nous avons déjà fait 3 pop-up store à Paris) si nous trouvons un partenaire sur place.


Quelque chose qui vous tient à cœur et que vous aimeriez ajouter ?

Oui, j’aimerais faire un appel à l’apaisement. Sur les réseaux sociaux, j’observe depuis plus de trois ans des affrontements permanents des Français qui vivent en France et au Japon à propos de divers sujets tels les gilets jaunes, la pandémie, le vaccin, maintenant la guerre en Ukraine. Le débat et l’intérêt que l’on porte au Monde sont des aspects importants de notre culture, mais cela ne devrait jamais nous faire oublier l’une des valeurs les plus fondamentales, la fraternité. Ces sujets sont sensibles, et on a souvent tendance à considérer que ceux qui ne sont pas d’accord avec nous sont immoraux.

L’histoire nous démontre que se considérer comme faisant partie du « camp du bien » et de voir l’autre comme l’incarnation du mal conduit toujours à des tragédies. Les temps sont durs pour tout le monde, la communauté française au Japon devrait passer plus de temps à essayer de trouver des moyens de s’entre aider plutôt que de partir sur de vaines querelles sur les réseaux sociaux. Notre avenir dépend de notre capacité à nous unir malgré nos divergences. Les Japonais nous rappellent cela à chaque fois qu’ils font face à une catastrophe naturelle.

 

L’évènement de ce samedi, proposé par Mon Jardin secret et The Chai Factory, se tiendra de 11 h 30 à 18 h à Port House Hatsudai au café Boardwalk.

Adresse : 1 Chome-4-4 Honmachi, Shibuya City, Tokyo 151-0071, Japon

 

Un grand merci à Nicolas. N’hésitez pas à passer au pop-up store !

 

 

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