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De Tokyo à San Francisco à la nage : the longest swim

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Écrit par Julien Loock
Publié le 29 mai 2018, mis à jour le 18 février 2021

8.800 kilomètres séparent la ville de Tokyo, Japon, à San Francisco, aux Etats-Unis. C'est cette folle traversée au milieu de l'océan Pacifique que s'apprête à réaliser, dès cette semaine, à la nage, le nageur longue distance Benoît Lecomte. Suivi par une équipe de volontaires motivés et passionnés, le Français, aujourd'hui naturalisé américain, va se lancer dans un défi humain et scientifique unique, au cœur de l'immensité des flots de notre chère planète Terre. Une aventure record à suivre, comme si on y était, grâce aux technologies de communication, de vidéos et des réseaux sociaux. Embarquez, dès à présent, à bord de l'épopée the longest swim.

 


De l'océan Atlantique à Tokyo, une vie tournée vers la nage


1998, Ben Lecomte devient le premier homme à traverser l'océan Atlantique à la nage, en soixante-treize jours exactement, malgré certaines complications qui en décourageraient plus d'un (voire tous) : un requin en filature pendant cinq longues journées, de multiples piqûres de méduses et un niveau d'épuisement considérable.

Cette belle aventure, au milieu des mers, aurait pu avoir raison de la passion de Ben pour la nage et les océans, lui qui s'écria "plus jamais" une fois les pieds sur terre à Quiberon, à la fin de sa traversée épique record. Tel un artiste, avec la nage comme moyen d'expression, l'homme ne peut se soustraire définitivement à une passion dévorante, qui ne cesse de l'enivrer presque au quotidien. L'amour de la nage le démange, le secoue et l'empoisonne.

Ben décide alors d'écrire à nouveau l'histoire en réalisant l'un de ses rêves les plus fous : traverser l'océan Pacifique à la nage, de Tokyo à San Francisco. Le pied à l'étrier, ou plutôt dans la palme, Benoît s'arme de patience et passe les quatre dernières années à s'entraîner pour réaliser cet exploit unique. Bien que motivé par l'adoration de la nage, il est également emporté par ses fortes convictions autour du changement climatique et de la transition environnementale durable.

Car the longest swim n'est pas une aventure solitaire hors-norme, c'est aussi une épopée en équipe où chaque membre de l'équipage joue un rôle capital : médecin, nutritionniste, météorologue, scientifique... Les quatre années de préparation, comme les mois à venir, ont été, et seront, une source inestimable de recherches et de données. En effet, tout au long de la traversée, l'équipage aura à cœur de réaliser des recherches océaniques et médicales d'envergure, sous la direction de douze scientifiques chevronnés, dont ceux de la NASA et de l'Institut Océanique de Woods Hole. Le changement environnemental est un leitmotiv essentiel pour l'expédition entière.

 

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©THE LONGEST SWIM – Une expédition au coeur de l’Océan Pacifique

 


Du Japon aux Etats-Unis, les chiffres fous


Qui dit défi de taille, dit caractéristiques incroyables. Cette traversée homérique à la nage s'accompagne de chiffres fous qui rendent l'exploit encore plus beau. Combinaison sur le dos, Ben s'apprête à affronter les 8.800 kilomètres qui séparent Tokyo de San Francisco, ce qui représente la modique bagatelle de cinq à six mois de nage, à compter de huit heures par jour. Cent quatre-vingts jours environ à se donner corps et âme à sa passion et à la science, au milieu de l'océan Pacifique, aussi grandiose qu'hostile, avec plus de huit mille calories brûlées au quotidien.

Simple homme et non pas surhomme (quoique), Benoît Lecomte nagera ainsi huit heures par jour, la tête dans l'eau, l'esprit battant pour avaler ses quarante-huit kilomètres au quotidien. Quatre cent quatre-vingts minutes journalières à lutter contre soi-même, les courants et les aléas divers et variés qui peuvent frapper à tout moment l'expédition. Les déchets plastiques ? L'équipage a malheureusement prévu, pour Ben, près de mille six cents kilomètres à travers le vortex de déchets du Pacifique. Les requins ? Le nageur sera équipé d'un bracelet magnétique pour garder les "prédateurs" à distance sans les blesser. La santé ? Ben sera suivi par une équipe de docteurs et d’experts sur le continent. Ils suivront à distance l’évolution de sa condition physique et pourront l’accompagner en direct en cas de pépin aggravé.

Capitaine de the longest swim, le nageur pourra aussi faire confiance à ses équipes "sur place" dans la réalisation des missions annexes : près de mille échantillons seront récoltés pendant la traversée, des milliers d'oiseaux seront quotidiennement observés, des enregistrements d'ultrasons seront réalisés et une communication constante avec le monde sera entretenue, avec quinze caméras à bord. Ainsi, les recherches accumulées pendant l'exploit du nageur permettront, par exemple, d'étudier l'impact des déchets présents dans l'océan sur la chaîne alimentaire, d'analyser les microplastiques et microfibres recueillis dans l'eau ou encore de localiser le trajet des déchets maritimes. 

 

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©THE LONGEST SWIM – Une expédition au coeur de l’Océan Pacifique

 


Les coulisses de the longest swim


Une telle aventure ne peut se dérouler sans un scénario bien ficelé, où le nageur est le héros. Pour l'accompagner, deux bateaux sont à disposition de l'épopée : un zodiac, comme guide et meilleur ami de Ben lors de ses huit heures quotidiennes de nage, et le voilier Discoverer, l'escorte bienveillante de vingt mètres. Avec un moteur électrique, le zodiac sera l'accompagnateur de Ben, tête sous l'eau sans repère géographique, lors des phases de nage. Ce bateau, piloté par deux membres de l'équipage, sera la boussole du nageur, qui pourra ainsi se repérer grâce à un dispositif de marqueurs sous-marins disposés sous le zodiac, visible du masque de plongée de Benoît. Un ravitaillement est également possible, via cette petite escorte, dès que le nageur ressent le besoin, aidé par un système de communication et d'une oreillette de pointe.

Quant au voilier Discoverer, il se tiendra prêt pour remplir ses deux missions, à quelques mètres du nageur. Pendant les huit heures de nage, les autres membres de l’équipage, restés dans le bateau, se chargeront des relevés scientifiques et des communications diverses. En dehors des phases de nage, Discoverer sera un havre de paix pour Ben, qui pourra se reposer, se nourrir, dormir et aussi se relaxer et communiquer avec les siens. Chaque matin, Discoverer se chargera de repositionner, selon le GPS, le nageur à l'endroit exact où il se sera arrêté de nager la veille. Pour répondre au mieux à cette mission de grande envergure, de près de six mois, le voilier a été aménagé spécialement pour l'occasion. Le bateau se doit d’être le plus solide possible, d'avoir un maximum d’espace de stockage pour les vivres et le matériel scientifique et de disposer d’un espace de travail suffisamment bien agencé pour l’équipage, qui vivra en autarcie pendant cent quatre-vingts jours, rien que ça.

Les espaces scientifiques doivent permettre également de préserver tous les échantillons et les différentes recherches qui ponctueront les 8.800 kilomètres de la traversée pour, entre autres, répondre aux thématiques suivantes de l'expédition : comment le vortex de déchets du Pacifique affecte-t-il la vie océanique et terrestre, que deviennent les substances radioactives de l’accident nucléaire de Fukushima, comment la faible gravité affecte-elle les os et la vision ou quelles sont les propriétés physiques et chimiques de l’Océan Pacifique ? L'équipe est prête à remonter l'ancre et à larguer les amarres. Nous souhaitons à Benoît et à son équipe une belle réussite et une arrivée triomphale à San Francisco... dans presque six mois !

 

 

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