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Deux réseaux professionnels au féminin se rencontrent à Tokyo

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Écrit par Julien Loock
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 juin 2018

La dernière conférence du mois de mai de l’association Femmes Actives Japon proposait un thème unique sur lequel planait une savoureuse atmosphère de communion au féminin. A cette occasion, plus de quatre-vingt-dix participantes s’étaient réunies pour écouter les différents destins de femmes à la croisée du Japon. Pour la toute première fois, Femmes Actives Japon s’appariait avec une autre association pour un événement conjoint exceptionnel : FEW (For Empowering Women in Japan). Cette soirée collaborative a ainsi mis en lumière des récits de femmes entre vie nomade, entreprenariat et remise en question des acquis. Une conférence sous forme de portraits, aussi intéressants que surprenants, qui aura su transmettre une joie communicative, à en croire les longues sessions d’applaudissements entre chaque récit de vie.


FEW : For Empowering Women in Japan


On ne présente plus dans nos colonnes l’association Femmes Actives Japon, véritable indispensable du paysage nippon pour les femmes francophones expatriées dans l’archipel. Ce que l’on ignore plus aisément, c’est que FAJ a également son pendant en langue anglaise, avec les mêmes actions et les mêmes rôles à remplir pour l’entraide au féminin, sous le nom de FEW. Cette association, présente sur le sol japonais depuis 1981, fonde son savoir-faire sur trois piliers indissociables de son action : apprendre, se connecter et s’inspirer. Grâce à cette ligne directrice essentielle, l’association anglophone, ouverte à toutes, permet de réussir dans ce qu’elle a de plus précieux à offrir : aider les femmes à atteindre leurs objectifs professionnels au Japon tout en œuvrant pour le développement du potentiel personnel de chaque membre. La fiche d’identité de FEW est la preuve de cette belle réussite. Aujourd’hui, 131 membres composent l’association, où se mélangent vingt et une nationalités (dont plus de 50% natives des pays anglosaxons) pour des profils très variés au fort potentiel d’entraide. De 20 à 60 ans de moyenne, les femmes de FEW sont un bel exemple de personnalités et de portraits uniques, ce qui en fait sa force assurément. Ainsi se côtoient des femmes en contrat professionnel à temps plein (50%), des freelances (30%) mais aussi des professeures, des chargées de communication, des profils IT ou encore marketing.

A l’instar de FAJ, FEW se compose autant de femmes expatriées de longue date, à la connaissance du pays développée, que de femmes installées au Japon à court ou moyen terme (deux à trois ans). L’activité de FEW se compose d’une colonne vertébrale aux nombreux points communs avec les actions de FAJ, ce qui dévoile une véritable complicité entre les deux réseaux féminins. FEW organise ainsi des conférences mensuelles, des événements spéciaux, des rencontres sous forme de déjeuner professionnel, des sessions dans son Club Start-up, des partenariats stratégiques ou encore un séminaire annuel (ndlr son vingtième séminaire s’est d’ailleurs déroulé en ce début de mois de juin). Et que l’on soit membre de FAJ ou membre de FEW, les bénéfices moraux et professionnels sont inestimables lorsqu’il s’agit d’une expatriation au Japon, qui, avouons-le, peut s’avérer délicate, au cours d’une vie nomade, entre stress, solitude et difficultés de communication. L’entraide des deux réseaux intervient alors pour permettre à chacune de se surpasser et de se donner un but professionnel à accomplir, on l’espère, avec succès. Les différents portraits, dressés lors de la soirée, démontrent à la perfection que la motivation liée à un bon réseau et à des idées personnelles, en lesquelles on croit, sont les ingrédients de la réussite au féminin. 


Portraits de femmes au Japon


Passionnante, enthousiasmante et motivante à souhait, voici comment l’on pourrait définir cette dernière conférence conjointement organisée entre les deux associations. Après les introductions de FAJ et de FEW, débordantes d’une énergie communicative à faire lever la foule tout ouïe, plusieurs femmes sont alors venues se présenter devant l’auditoire captivé. Se sont alors enchaînés des récits de vie, sous forme d’apartés de cinq minutes, entre toutes les femmes conférencières d’un soir, motivées à l’idée de partager leurs expériences professionnelles et leurs anecdotes, souvent croustillantes, de leur expatriation au Japon. La variété des profils a été la belle surprise de la soirée : tant de destins professionnels aussi différents les uns que les autres. Chaque présentation a ainsi mis en lumière des femmes, à l’aise avec leur nouvelle vie, dans un discours toujours tourné vers l’envie d’inspirer les participantes à suivre le chemin de l’entreprenariat. En effet, le but de cette conférence, au-delà de présenter les associations aux membres de l’une comme de l’autre, était, bien évidemment, de créer de la confiance et une puissante inspiration pour les femmes prêtes à tenter l’aventure d’entrepreneure individuelle dans une voie professionnelle qui leur ressemble. Un choix de vie véritablement exprimé par les conférencières de la soirée qui ont toutes choisi de devenir, un jour, leur propre cheffe. 


Huit femmes se sont alors présentées tout au long de la soirée, dévoilant des récits de vie nomade passionnants. Certaines ont ainsi suivi leur mari muté, d’autres ont choisi de s’installer au Japon par choix personnel. Quel que soit le cas du contexte de cette nouvelle vie dans l’archipel, les portraits des huit femmes ont abordé tous les points, positifs ou négatifs, qui régissent une expatriation au Japon ou ailleurs. L’un des cas les plus emblématiques du courant de pensée, qui illustre le fait de suivre sa voie professionnelle personnelle, a été celui de Jennifer. Pourtant bien ancrée dans le monde de la finance à Singapour en tant que trader, Jennifer a ainsi choisi de quitter sa situation confortable pour s’aventurer dans une orientation professionnelle, qui lui tenant véritablement à cœur : la pâtisserie. Rupture radicale d’univers, Jennifer reprend le chemin des « bancs d’école » français pendant un certain temps, de quoi apprendre le savoir-faire de ce nouveau domaine teinté de gourmandise sucrée. Les difficultés inhérentes à ce changement de situation (comme le salaire) n’ont eu aucun effet négatif sur sa motivation. La voici alors en partance pour le Japon, comme seule cheffe à bord, pour monter son propre business qui lui réussit aujourd’hui. 


Lancez-vous ! Ainsi pourrait se résumer l’intervention de Sandrine, organisatrice de fêtes thématiques pour enfants, principalement, qui subjugua la salle par son énergie pétulante. Maman d’enfants « qui ne savaient pas rester assis », l’entrepreneuse s’est décidée à se lancer dans cette belle épopée festive à Tokyo, il y a, aujourd’hui, quatorze ans. Cette idée a fait son chemin en elle, après une période d’installation au Japon où l’intégration s’est avérée assez compliquée. Avec sa bonne humeur communicative, Sandrine a alors commencé à inviter les copains de ses enfants à venir faire la fête à la maison, une manière de rencontrer également les parents. C'est grâce aux encouragements reçus que Sandrine a alors démarré son activité d'organisatrice de fêtes thématiques, où le homemade est roi. S’en est suivi le début d’un business florissant où les outils de communication, l’entreprenariat et la promotion web n’ont plus eu de secret pour elle. 
D’autres destins nous ont interpellé pour d’autres raisons que celles déjà évoquées. Le récit d’Alisson, une jeune américaine expatriée à Tokyo depuis Los Angeles, a démontré les conditions de travail d’une femme au Japon dans une entreprise locale et dans un domaine encore trop connoté masculin : le monde des technologies de l’information (IT). Les attentes sociales ont été très différentes pour le cas d’Alisson. Ce qu’elle a décrit lors de son passage devant les membres des deux associations a laissé planer un vent de contestation et d’écœurement. Etre la seule femme de son entreprise, qui plus est dans ce domaine professionnel, lui vaut régulièrement des blagues de mauvais goût, des conversations dédaigneuses ou encore des situations de position de pouvoir désespérantes. On découvre alors (sans le découvrir malheureusement vraiment) la face cachée de la réussite professionnelle d’une femme au Japon dans un secteur en vogue comme celui de l’IT.  


La conférence du mois de mai a permis également de faire la connaissance de Clarisse, qui après avoir suivi son mari aux Etats-Unis, puis au Japon, a lancé dernièrement une application de services en anglais pour faire gagner un temps précieux aux utilisateurs aux besoins multiples. Fondé sur la confiance de la communauté, Proliky permet de se simplifier la vie en se connectant avec les meilleurs services (beauté, santé, loisirs, famille…) autour de soi. Nous avons également découvert le destin exceptionnel de Stephan, française d’origine, qui a changé de voie professionnelle, passant du monde de l’automobile à celui de la beauté, en devenant consultante pour les spas et les salons de beauté. Comme elle avait toujours souhaité travailler dans ce domaine qu’elle affectionne particulièrement, Stephan a démarré son projet au Canada, après une vie de nomade entre la France, la Belgique et les Pays-Bas. Après quatre ans et demi au Canada, elle s’installe alors à Tokyo où elle continue de développer avec succès son business. Pas à pas, Stephan a ainsi pu toucher du doigt ce qu’elle rêvait de réaliser dans sa nouvelle aventure professionnelle. S’en est suivi le récit de vie de Valérie, une expatriée de longue date au Vietnam qui poursuit encore aujourd’hui son business créatif, autour des matériaux du monde, à Tokyo. De Hô-Chi-Minh-Ville à la capitale japonaise, Valérie développe sa marque de sacs et d’accessoires dans une optique de haute qualité et de design exclusif. En conclusion de cette belle soirée, Tia a aussi évoqué le succès de son business de photographie au Japon avant que Kristen expose, aux yeux de toutes, sa décision de quitter son poste d’enseignante à la British School après vingt-quatre ans, pour se lancer, en 2017, dans son propre business (Quest Tokyo) et que la CEO, Kyoko, dévoile à son tour son entreprise, Mypal.jp, qui organise des workshops thématiques autour du sake pour les voyageurs internationaux. 


Unique, cette conférence conjointe l’a été assurément. S’inspirer de ces destins et récits de vie est définitivement une clé essentielle pour se lancer dans une aventure qui peut faire reculer au premier abord. En effet, pour devenir sa propre cheffe en quittant une situation stable et rassurante, il faut beaucoup de courage. Et pour développer son business lorsque l’on s’expatrie au Japon au cours d’une vie déjà bien nomade, il faut aussi une forte motivation. Mais dans tous les cas, les deux associations sont bel et bien présentes pour en aider les membres et leur donner les clés de la réussite, en parallèle de l’accès à un réseau inestimable. Paraphrasons Sandrine pour conclure : lancez-vous !

 

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