Trois ans après notre première interview, on fait le point avec Éric Chevallier, expatrié à Sakai et lauréat du Trophée des Français de l’étranger en 2015. Cette fois on parle d’expatriation en temps de Covid, de la situation des Français hors de Tokyo et de ses nouveaux projets !
Comment évolue votre vie au Japon ?
Depuis 3 ans, j’ai continué d’évoluer, continuant mon travail de promotion touristique et industriel de Sakai (plus de 830 000 habitants). Je cumule ces fonctions avec un poste de conseiller en aménagement du territoire et de promoteur de la région sud Osaka depuis plus d’un an.
Je suis aussi devenu papa d’un petit garçon ! Cette expérience merveilleuse me permet de découvrir de nombreuses facettes du Japon dont j’ignorais totalement l’existence.
J’ai découvert qu'au Japon, le service et le confort de vie s’appliquent aussi aux familles. Entre les nombreux centres où l’on peut gratuitement faire jouer ses enfants, la prévoyance et gentillesse des gens, les cadeaux et aides financières diverses, certains restaurants qui mettent à dispositions des menus gratuits, des couches, des lingettes, etc. Tout est fait pour que sortir en famille soit confortable.
Le point qui m’a le plus marqué est la présence de très nombreuses salles d’allaitement et de changements de couches, dans les commerces, gares, musées, w.c. publics… Toutes confortables, spacieuses et propres, on y retrouve presque partout des pèse-bébés, des règles pour les mesurer, des distributeurs d’eau chaude pour les biberons… Pour moi, voyager au Japon, même avec un bébé, reste agréable et confortable !
Comment avez-vous vécu l’expatriation en temps de Covid ?
J’ai la chance de travailler pour l’administration publique japonaise et d’avoir pu continuer normalement mon travail sans impact financier. Mais il est vrai que, comme tout tournait au ralenti, le quotidien était assez ennuyant et l’organisation d’évènements incertaine. En cours d’année, plusieurs musées de la ville de Sakai ont été rénovés et modernisés, mais nous n’avons pu accueillir personne en raison de la fermeture des lieux publics. Après des années passées à travailler sur ces projets, cela me laisse un petit goût amer.
En revanche, j’ai profité des campagnes de promotion touristiques du gouvernement japonais « Go To Travel » qui m’ont permis de visiter des endroits merveilleux, des plages blanches d’Okinawa aux sources chaudes de Wakayama, sans foule, sereinement.
Sur le plan personnel, mon fils étant né quand la pandémie commençait en Chine, je n’ai pas pu lui faire rencontrer notre famille française, et je pense que, comme tous les expatriés, l’impossibilité de voir en chair et en os la famille et les amis reste le plus gênant.
Quel impact la crise a-t-elle eu sur votre activité professionnelle ?
La crise m’a éloigné des événements internationaux. Le report des salons gastronomiques auxquels ma ville devait se rendre m’a forcé à concentrer mon travail sur le plan national et local. J’ai vu de nombreux amis cuisiniers perdre leur emploi, et j’ai une pensée pour cette profession à laquelle je suis attaché de par mon travail de coutelier depuis 10 ans.
Côté positif : cette pandémie m’a permis d’avoir le temps de créer ma marque de couteaux (DeSakai) d’abord dans la volonté de rendre accessibles mes lames, mais aussi pour aider mes amis artisans à vendre sur internet, car l’arrêt du tourisme a causé beaucoup de dégâts à ce secteur.
Cette période de calme professionnel m’a permis de me rapprocher des Français du Kansai et de m’inscrire au registre consulaire.
En tant que Français n’habitant pas à Tokyo, vous êtes-vous senti isolé pendant cette période ?
Je ne me suis jamais senti isolé. Au contraire, cette période de calme professionnel m’a permis de me rapprocher des Français du Kansai et de m’inscrire au registre consulaire. J’ai pu rencontrer des compatriotes talentueux et nouer de bonnes relations avec l’excellent Consulat de Kyoto qui a toujours été actif et dynamique malgré la pandémie.
Je conseille à tous les Français du Japon et d’ailleurs de se rapprocher des ambassades et consulats. Il y a forcément un jour où on se rend compte à quel point il est important de s’inscrire sur les listes consulaires.
On oublie souvent que le Kansai est tout aussi palpitant que Tokyo ! Sa communauté française, bien que moins grande, est éparpillée un peu partout, et tisse une grande toile de fond bleu blanc rouge dans le paysage japonais.
De nouveaux projets, ou de nouvelles perspectives pour l’année à venir ?
En plus de la création de nombreuses vidéos de promotion de la région (avec des médias japonais comme internationaux), je coécris un livre sur l’histoire de la coutellerie traditionnelle japonaise qui sortira courant 2022 en japonais, en anglais et en français.
J’ai aussi été nommé délégué Asie du parti l’Appel au Peuple qui me permet de faire un pont historique et politique avec la France. Cette dernière fonction me tient à cœur, car elle me permet de continuer à apporter mon soutien aux Français qui s’intéressent aux relations franco-japonaises.
Comme Sakai abrite le consulat du Vietnam et entretient d’excellentes relations avec ce pays grâce aux évènements ASEAN et au jumelage avec l’ancienne ville d’Indochine française Dan Nang, j’ai l’ambition en tant que délégué de construire une entente France-Japon-Vietnam.
Le trophée des Français de l’étranger est comme un tremplin qui me propulse tranquillement depuis 6 ans vers toujours plus de responsabilités.
Découvrez notre première interview d’Éric et son travail remarquable pour la ville de Sakai ou allez faire un tour sur le site de la coutellerie !