L’école française internationale de Phuket, BCIS, est née en 2017, de l’envie de Laurent Minghely. Elle a ensuite été vendue au groupe International Schools Partnership, qui possède plus de cent écoles à travers le monde. S’il est très à cheval sur la sûreté et l’organisation de l’établissement, il laisse les mains libres à chaque équipe pédagogique concernant les programmes. L’enseignement à la française fait-il toujours recette ? Nous avons posé la question au proviseur du programme français, Aymeric Nocella.


Le Petit Journal : Quel est le parcours qui vous a amené jusqu’à Phuket ?
Aymeric Nocella : J’ai commencé ma carrière en tant que professeur d’histoire-géographie, en région parisienne, à Meaux puis à Sevran. J’ai ensuite découvert l’expatriation en allant enseigner dans une école française de Manhattan, à New York, la Kennedy International School, où je suis devenu directeur du secondaire. Il y a trois ans, à la recherche d’une nouvelle expérience, dans un endroit plus calme, je suis arrivé ici, à BCIS, en tant que proviseur du programme français.
LPJ : Que pèse aujourd’hui ce programme spécifique au sein de BCIS ?
A.N. : Le groupe scolaire accueille un peu plus de mille élèves, de la maternelle à la Terminale, sur deux campus qui se font face. 230 élèves suivent le programme français international, 800 le programme Cambridge. L’équipe enseignante est composée de 90 personnes.

LPJ : Phuket est un territoire très étendu. Être installé à Chalong ne constitue pas un handicap ?
A.N. : Chalong est un quartier très résidentiel. Nous ne sommes pas loin non plus de Rawai, qui est le quartier des expatriés et notamment des Français. C’est de là que viennent la majorité des élèves. Pour les autres, douze bus sillonnent l’île matin et soir.
Nous pouvons dire que nous sommes la grosse école internationale du sud de l’île. Il y en a une au nord et une autre au centre.
Des familles russes et chinoises sont attirées par nos méthodes
LPJ : Être étiquetée école française, ça change quelque chose ?
A.N. : Pour le programme Cambridge, ça ne fait pas de différence. Mais beaucoup de familles auraient choisi une autre école si nous n’avions pas le programme français. Les familles francophones bien sûr, mais aussi des familles russes et chinoises qui sont attirées par nos méthodes et parfois notre langue. Certaines d’entre elles ont scolarisé leurs enfants dans des lycées français d’autres pays et voulaient retrouver les mêmes standards lorsqu’une mobilité géographique les a amenés en Thaïlande. Comme nous sommes la seule école agréée par l’AEFE à Phuket, nombre de familles sont contentes de nous trouver.

LPJ : L’enseignement à la française fait donc encore recette ?
A.N. : Quand je vois que le lycée français de Shanghai est classé parmi les meilleurs établissements du monde, je me dis que le système français fait encore envie. Il est aujourd’hui très prisé dans les recrutements universitaires internationaux. Je m’en suis rendu compte lorsque j’étais à New York. Avec leurs dossiers qui sortaient du lot et cette langue supplémentaire, nos élèves accédaient aux universités américaines et canadiennes. Dans nos cursus, nous formons des élèves multilingues, qui possèdent le français, l’anglais et, en général, une langue tierce qui est la langue locale. Nous les aidons aussi à développer un esprit critique et méthodologique qui leur permet de se démarquer.
Nous avons un point à améliorer : la communication
LPJ : Comment le faire savoir pour que l’enseignement à la française retrouve un peu de sa superbe ?
A.N. : Nous avons un point à améliorer : la communication sur ces points forts. Notre programme est encore trop vu comme s’adressant exclusivement aux élèves Français.
C’est sûrement là que nous pêchons. Nous avons la place d’accueillir 200 à 300 élèves de plus dans l’école. Nous devons travailler à faire mieux connaître nos qualités et notre ouverture à tous.
LPJ : Vous avez des installations sportives hors du commun. C’est aussi un argument marketing ?
A.N. : Vous avez raison. Les installations sportives sont clé. Phuket est une île très sportive. Les familles s’y installent souvent pour avoir de l’espace, pour y pratiquer le sport-santé. C’est plus dur à faire à Paris, à Bangkok ou en Chine. Nous mettons un très fort accent sur la natation. Tous nos élèves, de deux à dix-huit ans, ont au moins une heure de natation par semaine. Nous sommes une île, avec ses plages et ses piscines. Nous devons penser sport-santé, mais aussi sécurité, social, compétition. Les élèves participent notamment à des compétitions organisées par l’AEFE dans des pays de la région.
Notre priorité est d’obtenir l’homologation pour le lycée
LPJ : Pour finir, quels sont vos objectifs de développement ?
A.N. : Nous poursuivons deux objectifs à court terme. Le premier est d’ouvrir une section internationale de la maternelle au collège, dans le cadre de ce que permet l’éducation nationale française, avec un volume de cours en anglais plus important : 4 heures de littérature britannique par semaine et une partie de l’enseignement d’histoire-géographie effectuée en anglais.
Le second objectif est d’étendre notre homologation par l’Éducation nationale, via l’AEFE, qui ne concerne aujourd’hui que l’école et le collège. Notre priorité est d’obtenir l’homologation pour le lycée. Même si des dérogations dont nous nous occupons permettent aux familles d’obtenir des bourses au lycée, l’homologation changerait beaucoup de choses. Le travail est long et compliqué pour l’obtenir car il faut prendre en compte tous les enseignements de spécialité à partir de la Première. Voilà pourquoi nous allons avancer classe par classe, en commençant par la Seconde.
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