Pour ne plus jamais confondre Loy Krathong et Yi Peng

 

Les 5 et 6 novembre 2025, reviendra l’heure, tant attendue en Thaïlande, de Loy Krathong et de Yi Peng. Parce que ce sera beau, parce que ce sera festif et parce que la saison des pluie sera passée. Bien entendu, les cérémonies et les rituels prendront cette année une tournure particulière, alors que commence à peine l’année de deuil marquant le respect de toute une nation à sa défunte reine-mère. Malgré le chagrin et le souvenir, chacun attend ces journées avec impatience, thaïlandais, expatriés et touristes. Avec cependant parfois, pour les deux dernières catégories, une petite confusion dans la tête.

 

Les lanternes volantes, c’est à Yi Peng

 

Si Loy Krathong est un nom connu de presque tous, il en va bien autrement de Yi Peng. On les confond même souvent, alors que leurs significations et leurs rituels sont radicalement différents. « Vivement Loy Krathong que l’on puisse envoyer des milliers de magnifiques lanternes en papier dans le ciel », entend-on souvent. Raté ! Ça, c’est une tradition de Yi Peng. Allez, explications.

 

Loy Krathong et ses lanternes flottantes

 

 

Loy Krathong est célébrée dans tout le pays. Elle est programmée au soir de la douzième lune de l’année. Elle consiste à se débarrasser symboliquement de tous les problèmes qui nous rongent l’existence. Le Krathong est un petit radeau fabriqué en feuilles de bananier et chargé d’une bougie, de fleurs et d’encens. Loy signifie « flotter ».

 

On envoie ce petit radeau flotter sur l’eau, y ajoutant parfois des vœux griffonnés sur un morceau de papier, des cheveux et des ongles, l’offrant ainsi à la déesse de l'eau, Pra Mae Khongkha. Rien à voir donc avec les lanternes volantes dont nous parlerons dans quelques lignes. Les Krathongs s’achètent pour quelques dizaines de bahts au coin de la rue ou peuvent être fabriqués à la main, ce que font souvent les enfants dans les écoles thaïlandaises et internationales. On les dépose ensuite, généralement en famille, sur les rivières, de jour comme de nuit, même si la nuit, évidemment, offre un spectacle bien plus majestueux. D’autant qu’à ces heures-là, au bord de tous les cours d’eau de Thaïlande, se mêlent généralement spectacles, marchés nocturnes et feux d’artifice (par respect pour la mémoire de Sirikit, on ne tirera certainement pas ou peu de feux d’artifice cet année…).

 

Yi Peng est une tradition purement Lanna

 

 

Yi Peng, c’est tout autre chose. Voici nos lanternes volantes. Yi Peng est une tradition ancestrale elle aussi mais elle ne concerne pas l’ensemble du pays. Elle nous vient de l'ancien royaume de Lanna, c’est à dire le nord de la Thaïlande, avec pour capitale Chiang Mai. C’est là et uniquement là qu’elle est censée être célébrée, même si les choses ont aujourd’hui un peu changé. Dans la « Rose du Nord », chef-lieu de la culture Lanna, les lanternes colorées apparaissent au fronton des maisons et dans les temples, annonçant la venue de la fête. En langue Lanna, Yi signifie « deux » et Peng « pleine lune ». Comme Loy Krathong, le festival Yi Peng se tient donc lors de la pleine lune du 2ème mois Lanna, qui correspond au 12ème mois du calendrier thaïlandais. Voilà pourquoi on les confond souvent : les deux célébrations se déroulent exactement en même temps.

 

Rejeter les malheurs et appeler la prospérité

 

 

C’est donc à l’occasion de Yi Peng qu’on lance vers le ciel des lanternes en papier de soie, appelées Khom loi, soit « lanternes volantes ». Un Khom loi est fait de papier de soie fin avec, à sa base, deux fils de fer croisés, qui supportent une source de chaleur, généralement en cire. Le fonctionnement est ensuite comparable à celui d’une montgolfière. Lâcher ces lanternes dans la nuit symbolise le rejet des malheurs passés et l'espoir de prospérité à venir. Pour les bouddhistes, formuler un vœu lors de cet acte peut le rendre réel. On voit souvent des lanceurs de lanternes écrire sur elles des messages avant de les allumer.

 

Et cette année ?

 

 

Ces lâchers de lanternes posent de nombreux problèmes et présentent des dangers. Si certaines retombent, encore allumées, sur des forêts ou des maisons, des incendies peuvent survenir. Elles sont également un danger pour l’aviation. À Chiang Mai, l’aéroport se trouve à la porte de la vieille ville et l’inquiétude est prégnante chaque année. Ces jours-ci, l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok a demandé aux autorités de protéger l’espace aérien. Alors qu’il y a quelques années encore, on pouvait lancer des lanternes à peu près de n’importe où, certains endroits spécifiques sont désormais désignés et seuls autorisés, notamment autour de Chiang Mai, berceau de Yi Peng. Quant à la période de deuil, si elle ne remet pas en cause l’organisation des festivités, elle en exige l’adaptation et une forme de flou règne encore sur le degré de permissivité concernant les lancers de lanternes. Renseignez-vous dans les villes où vous vous trouvez…

 

Rendez-vous à Chiang Mai, Sukhothai et Ayutthaya

 

 

Ce qui amène la dernière question : où se trouver pour vivre au mieux les festivités. Si Bangkok est de toutes les fêtes bien sûr, c’est certainement Chiang Mai qui permet de vivre la parfaite simultanéité des deux événements. La ville vibre de toutes parts, il y en a pour tous les goûts, partout, à tout moment. Des cérémonies au petit matin, des concours et défilés de Krathongs, des lâchers de lanternes sur la rivière Ping, jour et nuit, de quoi boire et manger, notamment le long du cours d’eau. Il y a la fête foraine très locale, où les non-thaïs sont rares, installée au bord de la rivière, sous le pont de la super highway. Idéale pour emmener les enfants. Pour les bourses plus fournies et les envies de soirée haut de gamme, sur l’autre rive, presqu’en face, Le Crystal propose un buffet international et autres festivités, dans un cadre idyllique, soirée au cours de laquelle chacun s’approchera de la rivière pour y déposer sa lanterne et envoyer à l’eau ses mauvaises ondes. Vous pouvez aussi vivre Loy Krathong à Sukhothai et Ayutthaya. Dans l’ancienne capitale du Siam, au restaurant de l’hôtel Sala, au bord du fleuve Chao Phraya, face à un splendide temple illuminé, vous dégusterez là encore un dîner magnifique, d’inspiration locale celui-là.

Concernant Loy Krathong et Yi Peng, vous ne pourrez plus dire « je ne savais pas ». Il vous reste à transmettre et à passer d’excellentes fêtes.