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Bangkok attend Nicolas Pellissier et son amour pour les ciné-conferences

Quelques années après être venu filmer la Thaïlande sous toutes ses formes, Nicolas Pellissier vient remercier ceux qui l’ont aidé à réaliser son documentaire. Il sera à Bangkok dimanche 23 novembre.

Nicolas PellissierNicolas Pellissier
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 18 novembre 2025


 

Les moins jeunes d’entre vous se souviennent certainement de Connaissance du Monde. Des ciné-conférences qui remplissaient les plus grandes salles de Paris et d’ailleurs. À la grande époque des Jacques-Yves Cousteau, Paul-Émile Victor, Alain Bombard, le public venait à la rencontre des stars de l’aventure. Elles étaient sur scène pour commenter en direct le film réalisé par leur assistant et répondre aux interrogations de spectateurs subjugués. Et puis les stars ont pris leur retraite. Et puis le tourisme de masse s’est développé. Et puis Internet est arrivé. Les assistants ont continué seuls. Aujourd’hui, le modèle existe toujours mais il a perdu de sa superbe. « La star est désormais la destination », explique un amoureux de ces événements. Il s’appelle Nicolas Pellissier. Sur la base de la même recette, en laquelle il croit toujours, il a créé Altaïr en 2019. L’un de ses films parle de la Thaïlande et sera présenté à Bangkok dimanche 23 novembre, à 17 heures.

 

Nicolas a toujours su qu’il serait réalisateur

 

Nicolas Pélissier a 39 ans. À Nîmes, où il a grandi, son père était surnommé Docteur Gore. Quel rapport ? Ce médecin généraliste bien sous tous rapports réalisait pendant son temps libre des films gore dans lesquels il utilisait de vraies tripes et du vrai sang ! Enfant, Nicolas participe aux tournages, traîne par là avec son caméscope, se prend de passion pour les steadycams comme d’autres pour les chevaux à bascule.

Nicolas Pellissier

Au collège, il enchaîne stages de camera et de montage, reportages scolaires et participation à la télé locale. Il sera réalisateur. Après une prépa cinéma, il passe le concours de la Fémis, grande école de cinéma, dans la section production, et le rate. Sa mère est orthophoniste et fait de la politique à l’échelle locale. Elle le guide vers une prépa science po puis cinq ans de droit. À la fin de ses études, il crée sa petite société de production, baptisée Seethesound. Quelques années plus tard, il épouse une avocate nîmoise.

 

Pour défendre les ciné-conférences, il crée Altaïr

 

Sa société vivote. Il ne sait pas trop de quoi l’avenir sera fait. Il part en voyage au Laos. Il n’a alors jamais entendu parler de Connaissance du Monde. Heureux hasard, à son retour, une soirée Laos est organisée à Nîmes. Il s’y rend, discute avec le conférencier de 40 ans son aîné. Il est en fin de carrière, cherche un jeune collaborateur qui sera son successeur. Ils se revoient, sympathisent et ne se quitteront plus.
 

Patrick Moreau
Patrick Moreau

Patrick Moreau, puisque tel est son nom, se bat contre un cancer. Il demande à Nicolas de l’aider dans sa prochaine tournée de conférences puis de l’assister sur son prochain film. Nicolas reprend goût à tout. Direction le Sri Lanka. Leur différence d’âge crée émulation et quelques tensions aussi. Mais c’est surtout avec Connaissance du Monde que les relations se tendent. Les conférenciers s’allient contre l’institution. Le modèle est en danger. Les deux compères veulent le sauver. Un A pour être en-haut de la liste, l’étoile des voyageurs pour signification, Altaïr est née.

 

Logo Altaïr

 

Un public composé de ceux qui ne peuvent pas voyager

 

Aujourd’hui, Nicolas et les siens font tourner leurs films et leurs conférences dans une centaine de villes en France et dans les autres pays francophones. Bien sûr, le public n’est plus le même qu’à la grande époque. Les personnes âgées, les prisonniers, les scolaires, les habitants des petits villages, en clair ceux qui voyagent moins que les autres ou pas du tout, sont friands de leurs soirées. On les rencontre parfois dans des multiplex mais pas à Paris où l’offre est trop vaste. Altaïr se concentre sur la banlieue et les régions où l’offre de divertissement est restreinte. Le modèle économique est calqué sur celui d’une représentation théâtrale : soit le partage de recettes soit l’achat de la prestation par une collectivité. Quant à Nicolas et ses associés, ils ont choisi le fonctionnement associatif. Ils ne gagnent rien sur la gestion administrative ou les prestations des autres mais uniquement sur leurs propres conférences.

 

Nous sommes un contre-feu à la baisse des relations sociales

 

« Nous avons encore toute notre place parce que nous sommes un contre-feu à la baisse des relations sociales, explique Nicolas. Nous proposons un spectacle vivant. Le commentaire du film est toujours effectué en direct. Et le format est libre, contrairement à ce que l’on peut trouver à la télé. » Liberté de format mais aussi de ton. Le film peut porter sur un seul pays ou plusieurs, suivre une route du thé ou de la soie. Seul impératif : ni prosélytisme politique ni prosélytisme religieux. Un millier de projections-conférences est organisé chaque année. Les films de voyage et d’aventure présentés ont une durée de vie de cinq à dix ans. Une quinzaine de nouveaux films sont réalisés chaque année. Et pas juste par des promeneurs équipés d’une caméra. Antoine, avec ses chemises à fleur, est le parrain d’Altaïr et beaucoup de réalisateurs inclassables ont rejoint l’aventure.

 

Des rencontres de passage et des personnages hors-norme

 

Affiche film Thaïlande Nicolas Pellissier

 

Il y a trois ans, Nicolas Pellissier et Patrick Moreau sont venus réaliser « Thaïlande, le pays des hommes libres ». Le premier titre, « Thaïlande, de Bouddha à la mondialisation », ne parlait pas assez à un public auquel il faut parler simplement. Aujourd’hui Nicolas est revenu projeter le film, avant tout pour remercier ceux qui l’ont aidé dans son entreprise. Mais qui a envie de le découvrir est le bienvenu. On y découvre des rencontres de passage et des personnages hors-norme. Comme Sophie Marguery, fille d’un braqueur membre du « gang des postiches », mariée à un Karen, qui a crée le refuge d’éléphants Elephant Step à Chiang Rai, où elle accueille des éléphants en fin de vie, et l’association humanitaire « ABCD pour tous ». Comme Robert Bougrain-Dubourg, restaurateur des œuvres du roi. Ou encore Lisandre, fils du précepteur de Rama IX. « Un film kaléidoscope sur la Thailande », comme le définit Nicolas Pellissier. Même si vous connaissez le pays mieux que les autres, vous y découvrirez aussi l’inconnu. N’hésitez pas à pousser la porte.

 

Thaïlande, le pays des hommes libres

Ciné-conférence de Nicolas Pellissier

Dimanche 23 novembre 2025, à 17 heures

À l’Envol by Arnaud Nazare - AGA

180 Thanon Suan Phlu, Thung Maha Mek, Sathon, Bangkok

Réservations : 09 23 94 25 40

Entrée gratuite

 

https://maps.app.goo.gl/vp3VzRnWAw7FrQ8MA?g_st=ic

 

Franck STEPLER
Publié le 18 novembre 2025, mis à jour le 18 novembre 2025
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