L’arrivée précoce et violente de la saison des pluies n’augure rien de bon. Même si de nombreuses mesures ont été prises, on peut, sans excès, s’inquiéter un peu de ce qui nous attend.


Allez, nous commençons à nous connaître un peu, je peux donc me permettre de vous parler un peu de ma vie privée. J’habite, à Chiang Mai, sur les bords de la rivière Ping. C’est beau. Rien à dire. Mais c’est dangereux aussi. L’an dernier, la « crue du siècle » nous a valu 1,10 mètre d’eau et de boue à l’intérieur de la maison. Heureusement, les pièces principales sont à l’étage et la construction est solide. Pourquoi vous raconter tout cela aujourd’hui, vous demandez-vous certainement. Parce que le pire est à craindre pour cette année encore, avec une saison des pluies qui s’est invitée particulièrement tôt, début mai. Si vous avez connu 2011, vous n’aimerez pas plus que moi ce titre du Bangkok Post : « Les « bombes de pluie » ravivent les craintes des inondations de 2011 ». Quant on sait que cette fameuse année a été citée en référence pendant toute la période catastrophique de l’automne dernier, il y a de quoi s’inquiéter.
Début mai, sur la Thaïlande, des précipitations deux fois supérieures à la moyenne
Les chiffres du Département du drainage et des égouts ne mentent hélas pas. Entre le 1er et le 14 mai, Bangkok a connu des précipitations tout près de deux fois supérieures à la moyenne des trente dernières années : 188,5 millimètres contre 96,7 ! S’il est encore trop tôt pour prédire une nouvelle catastrophe, les signes avant-coureurs ne sont clairement pas bons. « Il y a une instabilité climatique et des changements saisonniers imprévisibles. Les bombes de pluie sont apparues comme un autre phénomène météorologique imprévisible présentant des défis de précipitations intenses sur une courte période difficile à prévoir. » Trois fois en trois lignes, dans sa tentative d’explication au Bangkok Post, le professeur agrégé Seree Supratid, qui dirige le Centre pour le changement climatique et les catastrophe de l’université Rangsit, explique qu’il ne peut rien expliquer. On se demande parfois pourquoi les journaux météo existent encore à la télévision… Comme si, hélas, depuis l’invention de l’étrange lucarne, rien n’avait progressé en la matière.
Deux moussons couplées ont attaqué la Thaïlande
Du 25 au 27 mai, les pluies diluviennes et leurs dégâts sont revenues pour un acte deux. On nous dit que les responsables sont une mousson du sud-ouest plus forte que d’habitude, qui a balayé la mer d’Andaman et le golfe de Thaïlande, couplée à une autre mousson qui, celle-là, a traversé « la partie supérieure de la Thaïlande et la région sud supérieure ».
Accalmie attendue en juin et juillet sur la Thaïlande
Et maintenant ? Le professeur Seree Supratid a son idée. Mais doit-on le croire ? Selon lui, en tout cas, les pluies devraient être moins torrentielles en juin et juillet, le temps sec revenir en août et septembre et de fortes pluies venir conclure la saison en octobre. En espérant qu’elles ne causent pas les mêmes dégâts que l’an dernier à pareille époque. Il semblerait, à cet égard, que les réservoirs d’eau soient en capacité d’accueillir les précipitations à venir. Avec 42 milliards de mètres cubes, leur taux de remplissage est à ce jour de 56% contre plus de 60% en 2011…
À Bangkok comme en province, de nombreuses mesures prises pour éviter les inondations
De nombreuses mesures ont également été prises. À Bangkok, de nouveaux systèmes de gestion de l’eau sont utilisés, 1.900 canaux sont dragués dans la capitale pour permettre à l’eau de s’y écouler, certaines zones à risque ont été équipées de systèmes de pompage. En province, de l’eau a été libérée de 21 grands réservoirs qui sont surveillés en permanence pour s’adapter aux volumes de précipitations. Les stations de pompage ont été rendues plus performantes. Les chemins d’écoulement des eaux ont été modifiés, passant notamment vers l’ouest pour éviter Bangkok. Mais tant que des capteurs de suivi en temps réel ne seront pas installés partout, le danger demeurera. Les capacités de prévisions actuelles ne dépassent pas trois à cinq jours. À nous tous de continuer à être vigilants en cette saison des pluies, en surveillant l’évolution de la météo jour après jour.
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