Alors que la paix entre israéliens et palestiniens semblent loin, les femmes ne se résignent pas et marchent, ensemble, pour demander à leur gouvernement respectif de revenir à la table des négociations. Pour en savoir plus, nous avons participé à la marche de Tel Aviv le vendredi 6 octobre dernier et interrogé plusieurs protagonistes. Retour sur cette marche, festive et bon enfant.
Tel Aviv, avant dernière étape d’une longue marche à travers le pays.
Le mouvement « Women Wage Peace » (Les Femmes Font la Paix) a été créé à l’été 2014 pendant l’Opération Bordure Protectrice car « face aux armes et aux postures politiciennes, les femmes israéliennes et palestiniennes ne pouvaient plus se taire », peut-on lire sur le site internet de l’association. Ce mouvement regroupe des femmes, israéliennes, palestiniennes, juives, musulmanes, chrétiennes et laïques et se veut apolitique. C’est ainsi que sur les pancartes brandies par les manifestants lors de la marche, on pouvait lire « droite, centre, gauche, ensemble pour la paix ».
« Le Voyage Pour la Paix » a ainsi débuté dans le nord du pays le 23 septembre dernier et s’est achevé le 10 octobre devant les grilles de la Knesset à Jérusalem. A Haïfa, Nazareth, Tibériade, Tel Aviv, et bien d’autres villes encore, des centaines de manifestants ont réclamés l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations. C’est dans l’avant dernière étape de ce voyage que nous les avons rencontrées, observées, écoutées et interrogées.
Une manifestation festive, en bon-enfant.
En parcourant les rangs de la marche de Tel Aviv, ce qui marque c’est la diversité des manifestants. Des femmes, bien sûr, mais également beaucoup d’hommes qui eux aussi ne veulent pas se résigner et veulent la paix. Nous avons rencontré des actifs, des retraités mais aussi beaucoup d’enfants, en fait, les gens marchaient en famille dans une très bonne ambiance, ni violence ni débordements mais de la musique et des danses.
Les premières manifestantes que nous avons rencontrées et interrogées étaient ainsi une jeune fille et sa maman. Pour Talia, la mère, il est important de venir ici avec sa fille car c’est le monde dans lequel elle grandira et vivra qu’il faut préparer. Comme beaucoup de parents israéliens, Talia a la boule au ventre quand elle songe au fait que sa fille devra, comme tous les jeunes israéliens, servir l’armée dura deux ans. Elle veut donc tout faire pour lui offrir un pays débarrassé du fléau de la guerre.
Sarit, la cinquantaine, franco-israélienne et marcheuse pour la paix.
En parcourant les rangs de la marche de Tel Aviv, nous avons été conduits à une marcheuse, franco israélienne âgée d’une cinquantaine d’années. Pourquoi est-elle partie de France ? Pourquoi s’engage-t-elle pour la paix en Israël ? Nous lui avons posé ces questions, voici un résumé de cet entretien.
Un exemple d’Alya réussie.
C’est il y a une vingtaine d’années, au moment de fonder une famille que Sarit et son mari ont décidé de quitter la France pour s’établir en Israël. Au départ, ils ne savaient pas trop si ce saut dans l’inconnu allait marcher car, comme elle nous le confiait, «aujourd’hui en France, on nous parle beaucoup de ceux qui partent en Israël mais nettement moins de ceux qui rentrent en France ou en Europe ». En effet, selon les derniers chiffres communiqués par l’Agence Juive Pour Israël ( qui ne communique pas énormément sur ce sujet), près de 30% des européens qui font l’Alya retournent en Europe dans les trois premières années. Sarit et sa famille sont parvenus à s’intégrer en Israël et leurs trois enfants sont nés israéliens.
L’engagement associatif pour s’intégrer à la vie israélienne.
Dès son arrivée en Israël, Sarit a tenu à s’engager dans des associations citoyennes dans un double objectif : aider les autres évidemment mais également pour rencontrer d’autres personnes et s’intégrer à la société israélienne. Par cet engagement associatif, Sarit a noué de fortes relations d’amitiés en Israël qui perdurent encore aujourd’hui.
Mais comment Sarit est-elle passée des associations d’entraide à un combat plus politique pour la paix entre israéliens et palestiniens ? Comme tous les jeunes israéliens, le temps est venu pour les enfants de Sarit d’entrer à l’armée. Bien qu’elle ne se revendique pas comme hostile à l’armée, elle sait qu’elle est nécessaire à la survie du pays qui l’a adopté. Au moment où ses enfants sont entrés à l’armée, les espoirs de paix, nés avec les accords d’Oslo dans les années 90, s’éloignaient. Comme beaucoup d’autres, Sarit a commencé à s’engager dans des associations visant à promouvoir la paix. Le monde politique étant incapable de faire la paix, le monde associatif se devait de prendre le relais pour faire vivre l’espoir.
De l’espoir des années 1990 à 2017 …
Beaucoup, en Israël et dans les territoires palestiniens, ne veulent pas se résigner à parvenir à des accords de paix durables et solides. C’est dans cette optique que Sarit s’est engagée dès 2014 dans l’association Women Wage Peace. Elle veut le faire pour sa famille, ses enfants et pour le pays qui l’a adopté il y a vingt ans et qui lui a tant donné.
A Tel Aviv, Sarit participait à sa troisième marche du voyage pour la paix après celles de Haïfa et Tibériade. Elle était bien évidemment de la partie pour la dernière étape à Jérusalem.
Sources et crédits photos : Nathan Lascar
Nathan LASCAR (www.lepetitjournal.com/tel-aviv) – mercredi 18 octobre 2017