Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Troisième jour d'une vaste opération israélienne en Cisjordanie occupée

L'ONU a demandé la cessation "immédiate" de l'opération meurtrière menée par Israël en Cisjordanie occupée et jugé que la souffrance des habitants de Gaza allait "au-delà de ce que tout être humain devrait supporter".

79ee26bd92394b099a3734663910c6312d37928e79ee26bd92394b099a3734663910c6312d37928e
Écrit par AFP
Publié le 30 août 2024, mis à jour le 30 août 2024

Israël affirme avoir tué trois membres du Hamas dans une frappe aérienne vendredi en Cisjordanie, au troisième jour d'une vaste opération lancée en marge de la guerre à Gaza, où la souffrance des habitants va "au-delà de ce que tout être humain devrait endurer", selon l'ONU.

Au moins 19 Palestiniens ont été tués depuis mercredi par l'armée israélienne en Cisjordanie occupée, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelant sur le réseau social X à la "fin immédiate" de cette opération, condamnant "fermement les pertes de vies humaines, notamment de mineurs".

Aux Etats-Unis, grand allié d'Israël, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a promis qu'elle maintiendrait la fourniture d'armes à Israël, si elle était élue présidente en novembre, tout an affirmant qu'il était temps de "mettre fin à la guerre" dans la bande de Gaza, assiégée et séparée de la Cisjordanie occupée par Israël, qui a fait plus de 40.600 morts en près de onze mois.

Dans le cadre d'une opération qu'elle a qualifiée "d'antiterroriste", l'armée israélienne a envoyé mercredi des colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, dans le nord de la Cisjordanie, où des groupes armés sont particulièrement actifs contre l'occupation israélienne du territoire palestinien.

Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite "d'opérations militaires à proximité des hôpitaux" et les "graves dommages" infligés aux infrastructures, coupant par endroits électricité et télécommunications.

L'armée israélienne a dit avoir tué 19 combattants mercredi et jeudi. Le ministère palestinien de la Santé a également recensé 19 morts, parmi lesquels deux adolescents de 13 et 17 ans, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Le Hamas et le Jihad islamique ont annoncé pour au moins 13 d'entre eux qu'ils étaient des combattants de leurs branches armées.

- "Deuxième Gaza" -

Vendredi, les forces israéliennes n'opéraient qu'à Jénine, après leur retrait de Toubas et Tulkarem au cours des deux derniers jours, ont indiqué des habitants à l'AFP.

Des témoins ont rapporté une frappe israélienne sur une voiture à Zababdeh, au sud-est de Jénine. Un journaliste de l'AFP sur place a vu des restes humains sortis de la voiture par des ambulanciers.

L'armée israélienne a indiqué de son côté qu'un avion avait frappé une "cellule terroriste" dans la région de Jénine et dit avoir tué trois "terroristes du Hamas".

A Jénine, un photographe de l'AFP rapporte que la route menant à l'hôpital reste bloquée par une jeep blindée de l'armée israélienne. Seules les ambulances peuvent y accéder sous le contrôle de l'armée. Tout est fermé, il n'y a ni voitures ni piétons dans les rues.

Dans le camp de Nour Chams, à Tulkarem, des habitants observaient vendredi les dégâts après le retrait israélien, devant des bâtiments détruits et des routes impraticables.

"C'est quoi la différence entre Gaza et nous?", se lamente Nayef Alaajmeh, qui contemple, incrédule, les dégâts: "On est une deuxième Gaza".

Londres s'est dit "profondément préoccupé par les méthodes employées par Israël et par les informations faisant état de pertes civiles et de destruction d’infrastructures civiles" en Cisjordanie, et a appelé à une "désescalade urgente".

Pour la France, ces opérations "aggravent un climat d'instabilité et de violence inédits", l'Espagne dénonçant pour sa part "une flambée de violence qui est clairement inacceptable".

Les incursions israéliennes sont quotidiennes en Cisjordanie occupée, mais rarement d'une telle ampleur.

- "Qu'est-il advenu de notre humanité?" -

Les violences meurtrières en Cisjordanie ont flambé depuis le début le 7 octobre de la guerre dans la bande de Gaza, où les secours font état vendredi de nouvelles frappes israéliennes, recensent au moins trois morts dans l'est de Khan Younès (sud), et deux autres parmi lesquels un enfant, dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord).

L'armée a indiqué avoir tué des "dizaines" de combattants dans le sud et le centre de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.199 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Les représailles israéliennes à Gaza ont fait au moins 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire et sanitaire dans le territoire palestinien.

La plupart des 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien ont été déplacés en près de 11 mois de guerre.

Seule lueur d'espoir: l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé le début prévu dimanche d'une campagne de vaccination des enfants contre la polio, à la faveur de "pauses humanitaires" de trois journées chacune acceptées par Israël, à la suite d'un premier cas confirmé après 25 ans d'absence.

L'ambassadeur américain adjoint à l'ONU Robert Wood a appelé Israël à "s'abstenir d'opérations militaires" pendant ces périodes, et à "éviter de nouveaux ordres d'évacuation".

Des ordres d'évacuation que la cheffe par intérim de l'Ocha, Joyce Msuya, a dénoncés devant le Conseil de sécurité -- 16 depuis début août --, forçant la population à se déplacer sans cesse, vivant "dans l'incertitude, sans savoir quand le prochain ordre arrivera".

"Les civils ont faim. Ils ont soif. Ils sont malades. Ils sont sans abri. Ils ont été poussés au-delà des limites de leur résistance, au-delà de ce que tout être humain devrait endurer".

"Ce dont nous avons été témoins ces 11 derniers mois (...) remet en question l'engagement du monde envers le droit international créé pour empêcher ces tragédies", a-t-elle déploré.

"Cela nous force à demander: qu'est-il advenu de notre humanité élémentaire?"

Agence_France-Presse_Logo.svg_
Publié le 30 août 2024, mis à jour le 30 août 2024

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions