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Raids israéliens en Cisjordanie: 20 Palestiniens tués en trois jours

L'ONU a demandé la cessation "immédiate" de l'opération meurtrière menée par Israël en Cisjordanie occupée et jugé que la souffrance des habitants de Gaza allait "au-delà de ce que tout être humain devrait supporter".

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Écrit par AFP
Publié le 30 août 2024, mis à jour le 31 août 2024

Vingt Palestiniens, en majorité des combattants, ont été tués en trois jours d'une vaste opération militaire israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée qui se poursuit vendredi soir.

Dans la bande de Gaza où la guerre fait rage depuis près de onze mois, l'ONG américaine Anera a annoncé que quatre Gazaouis qui avaient "demandé à prendre les commandes du véhicule de tête" d'un de leurs convois humanitaires, sans que leur présence n'ait été "coordonnée au préalable" avaient été tués dans une frappe aérienne israélienne la veille.

L'armée israélienne a assuré avoir mené une "frappe précise" après que "des assaillants armés ont pris le contrôle du véhicule".

En Cisjordanie, territoire palestinien séparé de Gaza, les soldats israéliens ont tué vendredi à Jénine trois combattants du Hamas, dont le commandant du mouvement islamiste palestinien dans la ville, Wissam Khazem, et un quatrième homme, âgé de 82 ans selon l'agence palestinienne Wafa.

Selon le ministère palestinien de la Santé, 20 personnes ont été tuées en trois jours de raids israéliens dans le nord de la Cisjordanie, parmi lesquelles deux adolescents de 13 et 17 ans, selon le Croissant-Rouge palestinien. L'armée israélienne affirme elle avoir tué "20 terroristes".

Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le Jihad islamique ont annoncé qu'au moins 13 des personnes tuées étaient des combattants de leurs branches armées.

Le Croissant-Rouge recense également depuis mercredi 55 blessés et plusieurs tirs et attaques contre ses ambulances.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait appelé jeudi à la "fin immédiate" de cette opération, condamnant "fermement les pertes de vies humaines, notamment de mineurs".

L'armée israélienne a déclenché cette opération qualifiée "d'antiterroriste" en envoyant des colonnes de blindés appuyés par des aéronefs sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, bastions de groupes armés en lutte contre Israël.

Elle a indiqué avoir arrêté "17 suspects d'activités terroristes" et saisi "de grandes quantités d'armes".

L'ONU, a alerté sur des opérations militaires menées "à proximité des hôpitaux" et les "graves dommages" infligés aux infrastructures.

- "Deuxième Gaza" -

Vendredi soir, les forces israéliennes n'opéraient plus qu'à Jénine, après leur retrait de Toubas et Tulkarem.

En soirée, un photographe de l'AFP a rapporté que des tirs et des explosions résonnaient dans Jénine.

Dans le camp de Nour Chams, à Tulkarem, des habitants prenaient vendredi la mesure des dégâts devant des bâtiments détruits et des routes défoncées par les bulldozers israéliens.

"On est une deuxième Gaza", se lamente Nayef Alaajmeh.

Londres s'est dit "profondément préoccupé par les méthodes" israéliennes, appelant à une "désescalade urgente".

Pour la France, ces opérations "aggravent un climat (...) de violence inédit", l'Espagne dénonçant "une flambée de violence (...) clairement inacceptable".

Les incursions israéliennes en zone autonome palestinienne sont quotidiennes en Cisjordanie occupée, où les violences meurtrières flambent depuis le début le 7 octobre de la guerre à Gaza, mais rarement d'une telle ampleur et coordination.

Dans la bande de Gaza, les secours ont fait état vendredi de nouvelles frappes israéliennes ayant fait au moins trois morts dans l'est de Khan Younès (sud), et deux autres, dont un enfant, dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord).

Avant la frappe sur le convoi d'Anera, menée selon l'ONG "sans avertissement préalable" de l'armée, le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) avait annoncé mercredi suspendre ses mouvements dans ce territoire assiégé, au lendemain de tirs israéliens contre un de ses véhicules.

- L'armée a "tout fait exploser" -

Vendredi, l'armée israélienne a annoncé avoir mis fin à ses opérations au sol dans les régions de Khan Younès et de Deir al-Balah (centre), assurant y avoir tué "plus de 250 terroristes" en un mois.

Dans un quartier rouvert à ses habitants à Khan Younès, Amal al-Astal, 48 ans, raconte à l'AFP avoir retrouvé sa maison "détruite, comme celle des voisins". "On a aussi trouvé le corps d'un voisin en décomposition", dit cette habitante. L'armée "a tout fait exploser, c'était fou".

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.199 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Les représailles israéliennes à Gaza ont fait au moins 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, provoquant un désastre humanitaire et sanitaire et déplaçant la plupart des 2,4 millions d'habitants. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.

- "Humanité élémentaire" -

Seule lueur d'espoir: l'Organisation mondiale de la Santé prévoit dimanche de lancer une campagne de vaccination des enfants contre la polio, à la faveur de "pauses humanitaires" de trois journées chacune acceptées, selon elle, par Israël. Un premier cas de cette maladie, disparue localement depuis 25 ans, a été confirmé mi-août.

L'ambassadeur américain adjoint à l'ONU Robert Wood a appelé Israël à "s'abstenir d'opérations militaires" pendant ces périodes, et "éviter de nouveaux ordres d'évacuation".

Ces consignes --16 depuis début août-- forcent la population à se déplacer sans cesse, a dénoncé la cheffe par intérim de l'Ocha, Joyce Msuya, devant le Conseil de sécurité.

"Les civils ont faim, soif, sont malades, sans abri. Ils ont été poussés au-delà des limites de leur résistance, au-delà de ce que tout être humain devrait avoir à endurer", a-t-elle dit.

Une situation qui "remet en question l'engagement du monde envers le droit international" et "nous force à demander: qu'est-il advenu de notre humanité élémentaire?", a-t-elle lancé.

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Publié le 30 août 2024, mis à jour le 31 août 2024

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