À l’honneur de cette saison, le thème « Tid / le temps », l’œuvre cinématographique singulière de Robert Bresson est à (re)découvrir en ce moment à la Cinémathèque de Stockholm.
Un grand nom du cinéma Français
Pickpocket
À mesure qu’elle passe de main en main, une petite malhonnêteté après une autre, une paire de faux billets sème le malheur. C’est ainsi que, dans L’Argent, la bêtise de deux adolescents fraudant une boutique de caméras se mue en une terrible réaction en chaîne qui se solde d’une série de meurtres. L’auteur de ce film à l’histoire si sombre, c’est Robert Bresson (1901-1999), grand cinéaste Français de l’après-guerre.
Difficile de dire pour quels films on le connaît le mieux, tant sa filmographie est prestigieuse. Les Dames du Bois de Boulogne (1945), Journal d’un Curé de Campagne (1951), Un Condamné à Mort s’est échappé (1956), Pickpocket (1959)... ne sont que partie d’une liste pas tant longue que décorée : quatre prix à Cannes, deux à Venise et un à Berlin (pour n’en citer que quelques-uns).
Ce qui lui valut ce succès critique et son inscription parmi les plus grands du cinéma (du moins français), c’est sans doute sa « patte cinématographique » unique, reconnaissable à son esthétique visuelle picturale, et sa bande sonore aussi épurée que le (non-)jeu de ses « protagonistes » (ainsi qu’il appelait, comme en témoigne cette archive de l’INA, ses acteurs, souvent non-professionnels). C’est en effet peut-être ce qui surprend le plus le spectateur, ces dialogues non-joués, mais simplement « articulés », « dits ».
Esthétique à part, ce sont aussi certains thèmes récurrents qui définissent le cinéma de Robert Bresson. Des petits voyous aux grands criminels, la cruauté de la vie et des Hommes, les liens entre les gens et les choses, la question du sens de l’existence et du temps...
Au Hasard Balthazar
Au Hasard Balthazar (1966), un de ses films les plus acclamés, semble à lui seul réunir tous ces éléments. Le film commence dans une bourgade à la campagne, où deux enfants, Marie et Jacques, adoptent un petit âne qu’ils baptisent et nomment Balthazar. Les années passent et Balthazar aussi, comme les faux billets de L’Argent, de main en main, de propriétaire en propriétaire, certains aimants et d’autres qui le maltraitent.
Abandonnant son âne avec son enfance, Marie, qui s’éprend pour un voyou qui la séduit, entre non sans violence dans l’âge adulte. Balthazar devient alors, dans ce film à la photographie magnifique, à la fois souffre-douleur et métaphore de l’inéluctabilité des souffrances des Hommes : la sortie de l’enfance, l’orgueil et l’angoisse face à la modernité, la mort...
Il n’est jamais trop tard pour découvrir ou redécouvrir l’œuvre de Bresson, et celles et ceux résidant (ou de passage !) à Stockholm cet automne peuvent profiter de la rétrospective Robert Bresson à la cinémathèque de Stockholm (Filmhuset), entamée le 25 septembre et qui dure jusqu’au 15 décembre. Au Hasard Balthazar (une production franco-suédoise, soit dit en passant) est projeté ce mercredi 13 novembre à 18h, et sera suivi le mercredi 20 novembre d’Une Femme Douce (1969).
Pour consulter l’ensemble du programme Robert Bresson à la cinémathèque, rendez-vous ici.
Informations pratiques
Où : Filmhuset, Borgvägen 1, 11553 Stockholm.
Horaires : Du 25 septembre au 15 décembre 2024
Tarifs : 110 kr plein tarif / Gratuit pour les détenteurs de la carte Cinematek.
Site officiel : www.filminstitutet.se