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Prostitution en Suède : l’impact de la pandémie

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© Jämställdsmyndigheten.
Écrit par Lou Cercy
Publié le 15 novembre 2021

Malgré son excellent classement en termes d’égalité de genre, la Suède fait, comme tant d’autres pays, face à de nombreuses problématiques liées aux rapports de force entre hommes et femmes, notamment la prostitution. Ces deux dernières années, la pandémie est venue s’ajouter aux facteurs favorisant le trafic sexuel.

 

L’institution gouvernementale suédoise chargée de l’égalité de genre, Jämställdhetsmyndigheten, s’est penchée sur les conséquences de la pandémie sur la prostitution en Suède dans un rapport officiel. Les conclusions présentées sont formelles : le nombre de personnes prostituées, jusqu’alors relativement stable dans le pays, a augmenté depuis le début de la crise sanitaire. De nombreuses femmes qui s’en étaient échappées sont par ailleurs retombées dans le piège du trafic sexuel.

 

Une seule solution face à la crise

La crise du coronavirus n’a pas seulement été sanitaire, mais aussi économique. De nombreuses femmes qui avaient quitté le monde de la prostitution et trouvé un emploi se trouvaient toujours en situation précaire. Elles ont donc été frappées de plein fouet par la crise, qui a provoqué une baisse de leurs revenus, voire la perte de leur emploi. Pour assurer leur survie, elles ont alors été contraintes de se tourner à nouveau vers le commerce sexuel.

Par ailleurs, les mesures moins coercitives de la Suède face au coronavirus ont fait du pays scandinave un lieu d’attraction pour de nombreuses personnes. Le rapport souligne l’augmentation du nombre d’immigré·e·s, ayant notamment quitté l’Italie, le Portugal et l’Espagne dans l’espoir de trouver du travail dans un pays non confiné. Le désenchantement a été grand et beaucoup de femmes n’ont eu d’autre choix que de vendre leur corps, faute de pouvoir trouver un emploi.

 

Lutter contre la prostitution et aider les femmes

À Stockholm, une organisation lutte activement pour protéger et aider les femmes impliquées dans des réseaux de prostitution : il s’agit de Talita, fondée en 2004 par Josephine Apelqvist et Anna Sander. Avec leur équipe, elles s’attaquent aux trois problèmes rassemblés sous le terme de « sexhandel » (trafic sexuel), soit la prostitution, la pornographie et le trafic d’êtres humains. Une de leurs actions est notamment de proposer des foyers d’accueil aux femmes qui souhaitent échapper à la prostitution ainsi qu’une aide à la réintégration.

 

Le gouvernement suédois cherche également à répondre à la hausse du trafic sexuel. Au cours du mois d’octobre, Märta Stenevi, ministre en charge de l’égalité a notamment proposé de donner à la prostitution le statut de viol. Se référant à la loi sur le consentement (Samtyckeslagen), elle a expliqué que le consentement ne devrait pas pouvoir s’acheter et que la prostitution constitue ainsi une agression au même titre qu’un viol.

 

La Suède a d’ailleurs été le premier pays du monde à promulguer une loi condamnant l’achat de services sexuels et non la vente. Entrée en vigueur en janvier 1999, cette loi criminalisant le client et non la personne prostituée avait été un premier pas dans la définition de la prostitution comme acte de violence envers les femmes.

 

Le rapport (en suédois) est disponible ici.

 

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