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Avoir 20 ans en plein Covid-19 en Suède: Témoignages

20 ans Suède Covid-1920 ans Suède Covid-19
Unviversité de Sundsvall, Credits: Tina Stafren/imagebank.sweden.se
Écrit par Laura Ingemarsson
Publié le 20 janvier 2021, mis à jour le 21 janvier 2021

Avoir 20 ans est normalement un âge propice aux aventures, aux voyages, aux nouvelles connaissances, aux souvenirs à construire. Mais à cause de la crise sanitaire, la situation des vingtenaires a radicalement changé. Le petitjournal.com Stockholm est allé à leur rencontre pour recueillir leurs témoignages.

 

Avec les nouvelles restrictions, la vie étudiante a dû prendre une nouvelle forme devant l’écran, tandis que le chômage chez les jeunes a atteint un niveau historiquement élevé, leur situation est devenue de plus en plus précaire. Malgré ces circonstances, ils trouvent aussi des éléments positifs dans leur nouvelle vie quotidienne.

 

Changer de voie

Sara, 21 ans, a perdu son emploi dans le secteur du service cet automne. Même si elle y travaillait depuis plusieurs années. « Ils m’ont appelé et m’ont dit qu’ils n’avaient plus besoin de moi » dit-elle. « Je m'étais déclarée malade quelques jours auparavant parce que j’étais positive au Covid-19. J'avais l'impression d'être puni par un licenciement uniquement pour avoir suivi les recommandations de rester à la maison en cas de maladie. Ce n’est pas juste ».

Selon elle, la vie active est caractérisée par une incertitude profonde sans la protection d’un emploi à plein temps. Particulièrement pour les jeunes dont le taux de syndicalisation est faible. À peine 40% des jeunes (16-24 ans) appartennaient à un syndicat en 2020 selon LO, et dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, seulement 27% sont syndiqués chez HRF. « Je connais d’autres personnes qui sont dans la même situation - ils sont jeunes et ils n’envisagent pas de rester dans le secteur des services, donc ce sont des gens qui ne sont pas syndiqués (sans assurance chômage) et qui maintenant se trouvent extrêmement vulnérables sur le marché du travail », poursuit-elle.

 

Même si le gouvernement a pris des mesures pour améliorer la situation des jeunes, comme une généralisation des aides financières aux étudiants (CSN), sans plafond de revenu, jusqu'à l'été 2021, certaines mesures semblent faibles et rendent les jeunes sans assistance. Le chômage partiel financé par l'Etat "Permittering",  mis en oeuvre à grande échelle est un outil important pour éviter des licenciements, mais pour ceux et celles rémunérés à l'heure, ce qui est la forme d’emploi la plus courante pour les jeunes, cette protection ne les concerne rarement. « Comme je n'avais pas d'heures de travail explicitement garanties dans mon contrat, je n'étais pas éligible à cette aide » dit-elle.

 

Toutefois, elle pense que la situation lui a donné une chance de réfléchir sur sa vie, particulièrement sur ce qu’elle voulait vraiment faire. Elle raconte que la pandémie a suscité une réflexion et qu’elle a décidé de suivre son rêve d’enfance, celui de devenir médecin. « J’avais mis de côté cette décision pendant plusieurs années, mais j’ai choisi de voir les circonstances comme un signe et s’il y a quelque chose que le virus nous a montré, c’est l’importance du système de santé et devenir médecin est ma façon d’y contribuer » conclut-elle.

 

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Le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, où une grande partie des jeunes travaillent, a été gravement affecté par la crise.
Image: Laura Ingemarsson

 

Avoir la vingtaine en plein Covid, c’est apprendre à s’adapter

Emma, 20 ans, est venue à Stockholm pour une année d'échange à l’université de Stockholm, mais depuis le début, cours à distance et visioconférences font partie du quotidien. « Comme nous ne sommes pas là physiquement, je me sens éloignée de mes camarades et au niveau de la motivation, les cours à distance sont vraiment un défi. » Depuis la fin de l’automne, les restrictions ont été renforcées à Stockholm et la grande majorité des 30 000 étudiants de l’université de Stockholm suivent désormais les cours à distance. S’intégrer dans la vie étudiante hors campus est difficile.

 

Emma pense toutefois avoir réussi à trouver un cadre social sur Facebook où elle s’est mise en lien avec d’autres étudiants dans des groupes dédiés à la communauté internationale. Mais bien que la plupart des étudiants internationaux soient rentrés plus tôt que prévu après les nouvelles recommandations de leurs propres pays, elle est convaincue s’être fait des amis pour la vie. « Quand on se trouve dans une situation si particulière, on devient rapidement proche. On partage cette expérience unique et même si on vient de faire connaissance, on a déjà cette histoire ensemble et l’impression d’être amis depuis toujours. »

 

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Le campus Frescati de l’université de Stockholm est presque abandonné depuis la rentrée du semestre.
Image: Laura Ingemarsson

 

Pour Magda, 22 ans, étudiante à l’université de Stockholm, cette situation a amené des défis spécifiques pour les étudiants. « Mon quotidien a été complètement bouleversé - Zoom à plein temps dans mon appartement que je ne quitte jamais et avec la fermeture du campus et les bibliothèques, je crois que tous les étudiants trouvent que la motivation est en jeu. » Bien qu'étudier en 2020 et 2021 ne soit pas optimal, elle reconnaît certains avantages de la vie étudiante en ligne - « Je crois que la charge de travail pour les étudiants universitaires a diminué et donc, c’est une possibilité de nous reposer d´une part,  mais aussi une chance pour se lancer dans des projets pour lesquels on n’avait pas le temps auparavant. Je suis devenue membre d’une ONG que j’ai pu aider en ligne, donc passant mon temps libre à faire quelque chose de constructif en même temps que mes études. »

 

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Après les nouvelles restrictions du 29 octobre, la vie étudiante a dû prendre une nouvelle forme sur Zoom et les bâtiments universitaires sont désormais vides. Image: Laura Ingemarsson

 

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