Cette année, la procession de Thaïpusam sera écourtée de cinq heures et demie en raison d'une éclipse lunaire totale, chandra grahanam, le 31 janvier. Fête très populaire et impressionnante dans ses rites, elle a été bannie en Inde mais est toujours célébrée avec ferveur à Singapour.
Une éclipse de mauvaise augure ?
Il faut rappeler que le jour de Thaïpusam, les hindous célèbrent la victoire sur les démons du dieu Murugan connu aussi sous le nom de Subrahmanya, fils de Shiva, qui représente la vertu, la jeunesse et le pouvoir.
Cette fête survient le jour de la pleine lune du mois de Thai, qui tombe en janvier ou en février selon les années et marquerait selon certains l'anniversaire de Murugan, considéré souvent comme le dieu hindou de la guerre.
Et cette année, la pleine lune sera éclipsée : la terre, le soleil, le lune seront alignés. Les éclipses lunaires sont considérées comme peu propices dans l'hindouisme car "la lumière et l'énergie du soleil ou de la lune sont bloquées et ne peuvent pas atteindre la terre", selon le site web de l'événement.
Par ailleurs, cette fête est très importante pour les dévots qui cherchent à cette occasion, à recevoir la bénédiction du Dieu et la réalisation de leurs voeux en transportant des pots de lait en offrande et plus impressionnant les fameux kavadis, des structures circulaires faites d'acier et de bois et se transpercent le corps, la poitrine, le visage ou la langue, avec des crochets ou des petites flèches. La souffrance endurée fait partie de la dévotion.
L’origine du transport de Kavadi.
Agasthya, un grand saint, envoya l'un de ses étudiants, Idumban, au mont Kailai Range en lui ordonnant de ramener deux collines : Sivagiri et Shakthigiri appartenant au seigneur Murugan.
Comme demandé, Idumban étant arrivé au mont Kailai, Idumban prit les deux collines, les attacha et les fit basculer sur ses épaules. Mais Murugan avait d'autres projets : il voulait que les deux collines soient placées à Thiruvavinankudi (Palani) et en même temps tester la dévotion et la ténacité du but d'Idumban.
C’est en testant cette dévotion à Murugan que le port des Kavanis, semblable aux deux buttes suspendues par un poteau porteur, est perpétré par les dévots.
Pour se préparer à cette souffrance, qui est très impressionnante pour le public présent, les dévots, porteurs de kavadis, entament un mois avant ce festival, un processus de jeûne très strict, nécessaire à la purification du corps : régime végétarien, aucun plaisir charnel.
Au temple de Sri Thendayuthapani, on peut voir un petit sanctuaire dédié à Idumban. Les dévots qui habituellement jeûnent pour Thaïpusam rompent leur jeûne un jour plus tard après avoir offert leurs prières à Idumban.
Un programme adapté
Thaipusam est habituellement un événement de 24 heures. A partir d'environ 23h30 la veille, soit le 30 janvier cette année, les fidèles commencent à quitter le temple de Sri Srinivasa Perumal à Serangoon Road par vagues - transportant des pots de lait et des kavadis - et se dirigent vers le temple de Sri Thendayuthpani sur Tank Road.
En raison de l’événement céleste exceptionnel cette année, qui aura lieu le mercredi de 18h50 à 00h10, les autorités religieuses des deux temples organisateurs ont décidé de fermer leurs portes. Tous les fidèles doivent arriver au temple de Sri Thendayuthpani avant 18h30 au lieu de minuit.
Ils ont également exhorté les fidèles à quitter le point de départ plus tôt et au plus tard à 13 heures, pour leur donner suffisamment de temps pour terminer le parcours.
Les responsables des temples ont ajouté qu'ils travailleront avec les autorités locales pour trouver des moyens d'aider les fidèles à atteindre leur destination plus tôt.
Les deux années précédentes, cette fête avait rassemblé plus de 250 porteurs de Kavadis, 10 000 dévots portant des pots de lait et 30 000 personnes accompagnant la procession. A voir si l’éclipse lunaire n’érodera pas la ferveur populaire.