Le concept de viande artificielle, étudié depuis plusieurs années par les scientifiques, apparaît comme une alternative éthique à l’élevage industriel pour répondre à l’explosion démographique et aux enjeux climatiques. Un concept qui intéresse de près Singapour qui vient d’annoncer une enveloppe de plus de 100 millions pour développer ce marché.
La viande de laboratoire est produite à partir de cellules musculaires animales, élevées non pas en plein air mais en laboratoire dans une boîte de Petri, utilisée pour la culture de micro-organismes. Ce type de protéine intéresse notamment la NASA et les États-Unis qui ont ouvert la voie, en novembre 2018, à une future commercialisation de ce type de viande. C’est au tour de Singapour de s’engouffrer dans le segment. Le pays a en effet débloqué, la semaine dernière, une enveloppe de 106 millions de dollars dédiée à la Foodtech et plus particulièrement à la viande cultivée en laboratoire. Ce budget intervient dans le cadre du plan d’investissement Research, Innovation and Enterprise (RIE) 2020, défini par la cité-État.
Singapour est le premier pays en Asie à allouer des fonds publics à ce marché. Des contraintes d’autonomie expliquent cette volonté. La cité-État s’est en effet donnée pour objectif de parvenir à produire 30 % de ses besoins en nourriture d’ici 2030. Or, pour l’instant, elle importe ses produits alimentaires à 90 %.
Pour autant, les effets de ce procédé artificiel reste encore peu connus. Une étude publiée, en février dernier, par des chercheurs d’Oxford montre que ses effets, à long terme, sur l’environnement pourraient être pires que la pollution liée à notre consommation de viande naturelle. Cette étude révèle ainsi que les élevages de ruminants rejettent davantage de méthane que les laboratoires qui eux, rejettent plus de CO2. Or, le méthane est 25 fois plus puissant pour le réchauffement de l’atmosphère, mais son effet ne dure qu’une douzaine d’années. Pour le CO2, son effet, se mesure à plus d’un siècle. Pour les calculs à long terme, le CO2 est donc beaucoup plus nocif.