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L’option théâtre du LFS présente L’Opéra de Quat’Sous

option théâtre du LFS - Opéra de Quat’Sousoption théâtre du LFS - Opéra de Quat’Sous
Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 14 mai 2018, mis à jour le 20 mai 2018

Après une création originale, et assez particulière il faut bien le dire, l’an dernier avec « Noria », l’option théâtre du LFS renoue avec le théâtre épique. La troupe, emmenée cette année par Emmanuelle Arzens, nous livre une interprétation fraîche et moderne de « L’opéra de Quat’sous » de Bertold Brecht. Venez admirer le formidable talent des élèves, du 17 au 20 mai au LFS.

 

Londres, quartier de Soho. Trois gangs - les voleurs, les mendiants et les prostituées - sèment la terreur et luttent comme ils peuvent contre la misère, se disputant le butin qu'ils gagnent à force de crimes et de forfaits en tous genres. Mackie le surineur est le chef des truands. C’est aussi un grand séducteur, et il a plusieurs conquêtes. Polly a succombé à son charme et l’a épousé. Mais les parents de la mariée, M. et Mme Peachum, qui tiennent une société juteuse fondée sur la mendicité, sont très mécontents et complotent pour dénoncer Mackie à la police. Qu'arrivera-t-il si les femmes qu'il a séduites découvrent toutes ses manigances, lui pardonneront-elles sa trahison ou le trahiront-elles à leur tour ? Que pourra faire Jackie Brown, son meilleur ami, chef de la police pour éviter que l'on ne pende son ami Mackie ?

 

www.lepetitjournal.com/singapour - Vous présentez cette année L’Opéra de Quat’Sous de Bertold Brecht. Pourquoi ce choix ?

Emmanuelle Arzens – Je voulais présenter une pièce de Brecht pour son rapport au public, et notamment pour travailler avec les élèves sur la distanciation, mais mon choix n’était pas l’opéra de Quat’Sous ! A la rentrée de septembre, j’ai souhaité que les élèves s’emparent du texte et je leur ai proposé quatre extraits de différentes pièces, sur lesquels je leur ai demandé de faire des improvisations en groupe. Finalement, L’opéra de Quat’Sous est ressorti comme étant vraiment fait pour eux !

 

Par quoi commence-t-on pour monter une pièce avec les élèves ?

Nous avons commencé par un travail sur les personnages. Les personnages chez Brecht sont très complexes, et en particulier ici avec le personnage principal Macheath, dit Mackie-le-Surineur ou Mackie, qui est un Dom Juan, séducteur et infidèle, mais qui vit aussi une histoire d’amour pur et une trahison qui mène jusqu’à la mort. Il essaie de se conformer au rôle d'époux et de correspondre au mari idéal dont rêve Polly mais ses instincts reprennent le dessus: instinct de séducteur, de chef de meute, de meurtrier, tel un prédateur qui ne peut résister à l'appel de la proie. On s’est donc demandé comment articuler les différentes facettes du personnage, comment le montrer tel qu’il est, dans toute sa complexité, et le rendre aussi attachant et digne de respect. Nous avons aussi cherché à développer les relations entre les personnages, sans trahir le texte.

Opéra Quat'SOus Troupe du LFS Anne Valluy (c)
La troupe de l'option théâtre du LFS - Photo (c) Anne Valluy

 

Comment impliquez-vous les élèves dans le travail de construction des scènes ?

Cela commence par une lecture approfondie de la pièce. On commence toujours un acte par une lecture à table, chacun ayant déjà son rôle, en lisant les répliques avec le ton. Ensuite, cela passe par des exercices techniques, un travail préparatoire du corps, et des improvisations. Je construis ensuite les scènes à partir des improvisations des élèves. Toute la base trouvée lors des séances de travail avec les élèves sont réutilisées pour les scènes du spectacle, simplement en les retravaillant et en les mettant en scène.

 

Vous avez travaillé cette année avec Sara Mangano and Pierre-Yves Massif, de la compagnie de Mime Mangano-Massif. Comment le mime s’inscrit-il dans la représentation ?

Le texte sous-entend un certain nombre de choses, de situations, d’émotions, ... et le mime peut créer un univers visuel qui amène une compréhension de ces sous-entendus. Il va venir s’inscrire de différentes manières dans la mise en scène, et nous a notamment permis d’accentuer les relations entre les personnages sans rajout de texte.

La toute première scène du spectacle par exemple est entièrement mimée ; elle ne figure pas dans le texte de Brecht mais nous sert d’introduction, pour bien positionner les groupes de personnages. Autre exemple, dans la relation d’amour entre Mackie et Polly, on ne voit pas dans le texte les raisons qui ont fait qu’elle si amoureuse, il y a beaucoup de sous-entendus. Nous avons alors utilisé le mime et la danse pour montrer la force de cet amour et l’union du couple. Nous utilisons aussi la technique des ombres dans la scène d’altercation entre Polly et Lucy. Nous avons interprété cette scène comme un combat de boxe. Dans le spectacle, les femmes vont rester silencieuses et ce sont les ombres qui vont se battre, sur un ring, avec tout un travail de gestuelle et sur les portés.

 

Quels choix avez-vous pris pour la mise en scène ?

Nous avons mené les réflexions ensemble avec les élèves, à partir du thème du spectacle qui est notamment notre relation au bien matériel, à l’argent, aux apparences, et comment une société dirigée par l’argent va créer des classes sociales et des luttes de pouvoir. La mise en scène fonctionne souvent par tableaux forts et esthétisés qui visent à laisser une trace dans la mémoire du spectateur pour l'amener à questionner les symboles ainsi choisis et mis en avant dans certaines scène oniriques entre rêve, cauchemar et réalité...

Pour bien installer le thème de la pièce et ne pas perdre le fil conducteur de part les divers rebondissements, les rires et les histoires d’amour, nous nous sommes inspirés du monde du cirque, autour d’une réflexion sur la bestialité de l’homme et les rapports de force, mais aussi les tours de passe-passe, les pirouettes et l’illusion. Ainsi, les prostituées sont apparentées à des dompteuses de cirque, car elles sont en quelques sortes dompteuses de cette animalité et foncièrement ancrées dans un rapport de pouvoir et de force avec les hommes. Les voleurs sont des acrobates, saltimbanques dont les virtuosités leurs permettent de réussir leurs méfaits. Enfin, les mendiants sont une meute de clowns !

 

Comment avez-vous travaillé pour les costumes et le décor ?

Nous avons tout fait nous même, de A à Z. La création des décors et des costumes fait partie intégrante de la création du spectacle et de la réflexion autour de la pièce et des personnages.

S’agissant de l’Opéra de Quat’sous dans lequel les personnages tentent de conserver la dignité d'une apparence décente, imitant les codes de la société des plus favorisés, nous sommes partis du principe que tout doit être récupération et bricolage. Nous avons créé par exemple des chapeaux à partir de verres en carton, des robes en plastique et napperons, ... Mais il ne faut pas pour autant oublier qu’il s’agit d’un opéra, et que cela doit être beau. Il y a un côté esthétique et recherché. Le maquillage va également beaucoup nous aider pour identifier les groupes de personnages puis dénoncer les apparences, les masques.

Nous avons créé un univers visuel en lien avec l’histoire et le thème du cirque, comme évoqué précédemment, et travaillé autour de 3 couleurs : le blanc et le noir pour l’opposition manichéenne des deux camps et entre le bien et le mal et le rouge pour amener la violence et la trahison.

Nous avons choisi un décor simple et symboliste, qui va représenter le piège qui se referme sur Mackie et la chute progressive du personnage. Ce décor est essentiellement constitué d’éléments géométriques et modulables (des colonnes pour la ville de Londres, des cubes et des ballons) pour nous permettre de délimiter l'espace et jouer avec sans des moyens extravagants de décor.

 

Quelle réaction du public attendez-vous ?

J’espère que le public sera nombreux et appréciera le spectacle ! Le public doit s’attendre à être surpris et à voir un théâtre qui créer la discussion, la réflexion. Brecht travaille sur la théorie de la distanciation, cette idée d’imposer une distance critique, un certain recul, pour que l’on se rende compte qu’on est en train d’assister à une représentation de théâtre et qu’on se pose la question de pourquoi on est là. C’est un théâtre qui veut créer la discussion, la réflexion, tout en proposant un bon spectacle. La distanciation c'est aussi une idée de briser le "4ème mur" illusoire qui fait que le public se croit traditionnellement spectateur d'une pièce close dont un mur serait invisible; et pour briser ce mur, nous avons joué sur la proximité avec le public et les espaces de jeu... le spectacle n'est pas uniquement sur scène, il est parfois donc dans la salle.

 

 

Alors rendez-vous du 17 au 20 mai - 8 pm SAUF DIMANCHE 6:30pm - à l’amphithéâtre du LFS pour applaudir la troupe des 19 élèves de l’option théâtre du LFS et leur directrice Emmanuelle Arzens !

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Opera Quat'sous LFS Arzens

 

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