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Le musée Guimet célèbre le 7ème art de l’ASEAN

Le court métrage signé Boo Junfeng, dans 7 letters-1Le court métrage signé Boo Junfeng, dans 7 letters-1
Sandcastle Boo Junfeng
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 28 septembre 2017, mis à jour le 29 septembre 2017

Du 22 au 25 septembre 2017 s’est déroulé à Paris le 1er festival du film de l’ASEAN. Une initiative due au Musée National des Arts Asiatiques Guimet qui, en partenariat avec l’UNESCO et les ambassades à Paris des pays membres de l’ASEAN, souhaitait mettre ainsi en avant la diversité du cinéma contemporain en Asie du Sud-Est.

Au moment où l’ASEAN (ANASE en Français, pour Association des Nations d’Asie du Sud-Est) fête son cinquantième anniversaire, l’occasion était belle pour le musée Guimet de faire porter les projecteurs sur l’Asie du Sud-Est, traditionnellement moins mise en valeur dans le cadre de ses grandes expositions. Il l’a fait en choisissant de faire découvrir à un public parisien la richesse extraordinaire et la diversité de sa création cinématographique. Au programme de ce Festival du film de l’ASEAN, premier du genre, dont on espère qu’il sera réorganisé tous les ans : 10 films, un par pays, dont certains ont été multi-primés dans les festivals internationaux, à l’instar du film du réalisateur philippin Lav Diza , « The Woman who Left », lion d’Or à la dernière Mostra de Venise ou, dans un genre très différent, du documentaire «  Les chants du riz » réalisé par le thailandais Uruphong Raksasad (critique à suivre d’Anne Garrigue)  

Singapour était représentée par le film «7 letters », une œuvre collective, composée de 7 films réalisés par 7 cinéastes contemporains, tous nés après 1965, à l’occasion du Jubilé de la cité Etat en 2015. Un casting de réalisateurs prestigieux -Eric Khoo, Jack Neo, K Rajagopal Royston Tan, Tan Pin Pin, Boo Junfeng et Kelvin Tong – et l’apparition de Juliette Binoche, impromptue, croisant un vétéran du cinéma des années 50 sur la passerelle enjambant la Singapore River, en face du Fullerton.  Eric Khoo, y rend un hommage appuyé aux Pontianaks, ces films fantastiques qui ont marqué son enfance. Des films réalisés dans les années 40 et 50, quand le producteur était toujours chinois, l‘équipe technique indienne et les acteurs malais. Tan Pin Pin, sur fond d’adoption, livre avec « Pineapple town » une réflexion sur l’identité : « nous sommes ce que nous savons ». Boo Junfeng campe dans son court métrage un vieux malaisien revenant à Singapour à la recherche de son premier amour, avec une scène d’anthologie, dans la gare désaffectée de Tanjong pagar, où l’histoire de l’intéressé est mise en abyme au travers du tournage d’un film. Kelvin Tong évoque avec « Grandma Position System » les transformations incessantes du paysage urbain, à travers le prisme d’un voyage annuel familial sur la tombe des ancêtres à Johor…  L’ensemble, uniformément nostalgique, donne la preuve en image de l’extrême virtuosité des cinéastes singapouriens dans l’art de raconter des histoires simples qui invariablement vous touchent.

Coup de cœur pour « « Sabaidee Luang Prabang » du laotien Sakchai Deenan. Une œuvre toute en délicatesse, filmée comme une « télénovela ». Une romance qui met en scène un jeune photographe de père laotien vivant en Australie, et une jeune guide de Vientiane. Un film très fleur bleue qui joue de ses faiblesses pour en faire une œuvre attachante, pleine d’humour et de tendresse. On est loin, très loin des films hollywoodiens et c’est en souriant de l’incapacité des deux héros à sortir de leur timidité pour se dire « je t’aime » qu’on s’aperçoit qu’un film est un objet magique qui n’est ni seulement une histoire, ni une habilité technique, ni une direction d’acteurs, ni un style, mais un tout indissociable qui surgit.

Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) vendredi 29 septembre 2017

Films présentés dans le cadre du festival du film de l’ASEAN au Musée Guimet: « Les Chants du Riz » เพลงของข้าว, de Uruphong Raksasad, 2014, documentaire, Thaïlande, vostfr, 74’ ; « Yasmine » de Siti Kamaluddin, 2014, action, Brunei Darussalam, vostfr, 105’ ; « Sabaidee Luang Prabang » ສະບາຍດີ ຫລວງພະບາງ, de Sakchai Deenan, 2008, romance, Laos, vostfr, 88’ ;  « Saving Sally » de Avid Liongoren, 2016, Philippines, vostfr, 96’ ; "Kayan Ahla” de Aung Ko Latt, 2012, drame, Myanmar, vostfr, 93’ ; “Cahaya Dari Timur Beta Maluku” de Angga Dwimas, 2014, drame, Indonésie, vostfr, 150’ ; « 7 Letters » de Royston Tan, Liang Zhiqiang, Eric Khoo, Junfeng Boo, Tan Pin Pin, Kelvin Tong, K. Rajagopal, 2015, drame, Singapour, vostfr, 116’ ;  “Fleurs Jaunes sur l’Herbe Verte” Tôi thấy hoa vàng trên cỏ xanh, de Victor Vu, 2015, drame, Vietnam, vostfr, 103’ ;« Hati Malaya : 1957 » de Shuhaimi Baba, 2007, historique, Malaisie, vostfr, 130’ ; « Image manquante » de Rithy Panh, 2013, documentaire, Cambodge, vostfr, 92’.

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