Les divers modèles de vestes prêtées par un collectionneur singapourien et créées par la haute couture française moderne permettent de retracer l’histoire de ce vêtement à travers les siècles. Cette exposition, qui est accompagnée d’autres événements relatifs à la couture, dure jusqu’au 16 mars.
L’idée de cette exposition est venue après la visite d’un collectionneur singapourien, David Tan, professeur de droit et photographe de mode, qui possède environ 300 vestes d’homme de grands couturiers et qui s’était déclaré prêt à en prêter une partie à l’Alliance Française pour une exposition. Finalement 42 modèles ont été choisis par Leonard Augustine Choo, créateur de costumes notamment pour le ballet de New-York, le curateur retenu par l’Alliance Française pour cette exposition.
Ces vestes ont été créées ces dernières décennies par les grands noms de la haute couture française (Balmain, Dior, Givenchy, Yves Saint-Laurent, …) ou du moins fabriquées dans des ateliers français (Comme des garçons). Mais leurs styles font référence à diverses époques de la veste masculine depuis son émergence à l’époque médiévale, jusqu’à ses remises en cause ces dernières années, d’où l’organisation de l’exposition en quatre parties.
La naissance de la veste au Moyen-Âge dans un contexte militaire
La veste comme modèle de vêtement pour tous les hommes est apparue au 13ème siècle sous le nom de gambeson, vêtement rembourré, porté sous l’armure pour absorber et répartir l’impact des chocs reçus (épées, flèches, …) et ainsi réduire le risque de blessure pour celui qui le portait.
D’une manière plus générale, la veste était signe de virilité et les uniformes ont été souvent sources d’inspiration pour les couturiers. D’ailleurs beaucoup de vêtements ont une origine militaire : par exemple, notre « blazer » nous vient de la marine anglaise et notre « trenchcoat » de la tenue des officiers britanniques. Par ailleurs, les ouvertures au bas du dos de nos vestes trouvent leur origine dans les uniformes de cavalerie.
La grande renonciation après la Révolution Française
Après le Moyen-Âge, les nobles abandonnèrent le combat à des soldats de métier et portèrent des vêtements de plus en plus flamboyants, les hommes n’ayant rien à envier aux femmes. Les vêtements devenaient signe de statut social. Non seulement, ils permettaient de distinguer les différentes classes de la société, mais même au sein de la noblesse, certains types de matériaux étaient réservés à certains titres.
La Révolution Française a aboli tout cela. L’objectif d’égalité devait se traduire dans les vêtements. Les nobles durent abandonner leur garde-robe éclatante et tout le monde adopta des tenues plus modestes aux couleurs ternes, histoire de ne pas se faire remarquer quand la guillotine tournait à plein régime. Par ailleurs, des styles trop voyants passaient pour féminins. Cette uniformisation s’est poursuivie jusqu’aux années 1960.
Le retour des vestes flamboyantes après les années 60
Dans les années 1960, le mouvement hippie dans les pays anglo-saxons, la « révolution » de 1968 en France, et bien d’autres évènements à travers le monde ont conduit à remettre en cause l’ordre établi, sous la forme d’une contre-culture, dont la créativité n’acceptait aucune limite (rappelons-nous Yves Saint-Laurent posant nu pour une publicité). La veste n’a pas échappé à ce mouvement avec le retour de couleurs vives, des références a l’art pictural, et des motifs audacieux, voire provocateurs.
Déconstruction et reconstruction dans le cadre du post-modernisme
Dans un esprit postmoderniste, certains couturiers se sont interrogés sur la nature même de la veste et en ont exploré les limites : veste dont les manches ont été coupées et transformées en écharpe, veste à trous, veste dont les manches ont été fabriquées à partir de tissu de mannequin, … Sont-elles toujours des vestes ?
Une exposition dans un contexte plus large dédié à la couture
Au-delà de l’exposition, gratuite, plusieurs événements relatifs à la couture sont organisés à l’Alliance Française cette année
Les 3 et 24 février, ont lieu des ateliers de couture menés par le curateur de l’exposition, où vous pourrez redonner une nouvelle allure à l'un de vos vêtements.
Les 16 février et 8 mars, les enfants seront invités à libérer leur créativité lors d’ateliers où, concevoir une tenue, ne passera plus par le tissu mais par le papier. Du découpage du patron à l’assemblage de leur vêtement, à eux de transformer la matière.
En février et mars, six projections (7 films, une double projection) relatives à la mode seront projetés.
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