Nous partons cette semaine à la découverte du quartier de Tiong Bahru, grâce à Emmanuelle Grizot, Danseuse Etoile de l’Opéra National de Bordeaux, désormais co-fondatrice de l’école et professeur à The Dance Place. Elle habite le quartier de Tiong Bahru depuis novembre 2019.
Ce quartier a été développé dans les années 1920 avec la construction du premier lotissement public de Singapour le Singapore Improvement Trust (SIT), le prédécesseur du Housing Development Board (HDB).
Il tient son nom du mot Hokkien « tiong », qui signifie « mourir » ou « à la fin » et du mot malais « bahru », qui signifie « nouveau ». Le terme « Tiong Bahru » était utilisé par les habitants pour désigner le « nouveau » cimetière à côté du cimetière de Heng San Teng.
Les coups de cœur d’Emmanuelle GRIZOT :
Pourriez-vous nous dire pourquoi avoir choisi ce quartier comme lieu de résidence ?
En visitant des appartements lors de mon arrivée à Singapour, j’avais tout de suite repéré ce quartier si particulier avec ses bâtiments Art-Déco de faible hauteur aux allures de paquebots. Et après 1 an dans un condo classique de River Valley Road, nous avons investi le 4ème étage d’un immeuble blanc des années 50 juste à côté du marché. J’ai été séduite par l’architecture, l’atmosphère vivante, la proximité du marché, le mélange des gens et des genres et la possibilité d’y flâner.
Quel est votre lieu favori ?
J’apprécie le quartier dans son ensemble et c’est difficile de choisir un lieu favori. Pendant le confinement, j’ai découvert le parc de Pearl’s Hill entre Tiong Bahru et Chinatown ; c’est un parc en situation dominante, et on a le recul nécessaire pour apprécier le coucher du soleil et une vue du quartier dans sa globalité.
Sinon, mon lieu favori dans l’appartement est la cuisine avec vue sur les palmiers ! En mode confinée j’ai pris l’habitude d’y observer et de photographier les oiseaux sur les branches.
Quelle est la pépite ?
C’est l’atmosphère générale ! Quartier riche d’histoire, très vivant car même pendant le confinement il n’a pas été complètement à l’arrêt. La richesse du quartier ce sont les sons, les odeurs, l’activité générée par les gens, ceux du marché mais aussi tous les petits métiers qui subsistent, comme ces gars qui font rouler chaque matin les bonbonnes de gaz sur les pavés, comme cet Uncle qui débite les cartons, cette Auntie abîmée par le temps et les gestes répétitifs qui les collecte, cet autre qui passe dans les allées et klaxonne pour récupérer de vieux papiers, les petites échoppes autour du marché qui diffusent de la musique, les terrasses animées, les temples et petits autels aux effluves d’encens, le linge dansant au-dessus d’élégants palmiers et de petits espaces verts soignés et personnalisés, les chats aussi paresseux qu’inefficaces à la chasse se prélassant dans les allées en attente de quelque pitance distribuée par les habitants des rez-de-chaussée.
Quel itinéraire de visite conseilleriez-vous ?
Je recommande de découvrir le quartier en y flânant, ne pas hésiter à sortir des axes principaux pour emprunter des ruelles et découvrir des peintures murales, laisser votre œil saisir des instantanés de vie, des détails qui participent au charme du quartier, comme ces autels de fortune au pied des arbres ou ces figurines aux rebords des fenêtres, s’arrêter à une terrasse et pousser jusqu’au cimetière chinois épargné par les nouvelles constructions.
Et si jamais vous préférez l’option de vous faire guider, les visites organisées par le Community Center résument bien le quartier entre architecture, faits historiques, anecdotes, et on peut aussi accéder avec le guide au bunker construit pendant la seconde guerre mondiale pour se protéger des raids aériens. « My Heritage Tour » les premiers samedis et dimanches du mois.
Quel est votre lieu de culture favori ?
La librairie « BooksActually » et la librairie pour enfants « Woods in the Books ».
Le charme désuet du Seng Poh Garden et sa sculpture intitulée « Dancing Girl » de Lim Nang Seng. Pour l’anecdote, la statue a reçu un accueil plus que mitigé lorsqu’elle a été érigée en 1970, les riverains la jugeant trop abstraite.
Quel resto local ?
Le Hawker Centre au-dessus du marché permet de goûter à plusieurs cuisines et spécialités, entre les Pau, le Braised Duck Noodle, les Jian Bo Shui Kueh, le Pad Thai, le Fried Sotong Prawn Mee de Hong Heng vos papilles auront l’embarras du choix.
J’apprécie aussi les plats du resto Thaï The Little Elephant et les brunchs chez Merci Marcel et au Flock Café.
Si vous nous deviez nous recommander quelques adresses :
Déco ? Je n’ai pas encore eu la curiosité d’explorer le Tan Boon Liat Building qui regroupe pas mal d’adresses déco. Pour de petits cadeaux arrêtez-vous à la boutique Cat Socrates.
Délicatessen ? Ma gourmandise fait que je recommande les croissants de Tiong Bahru Bakery, la brioche de PS Café, les gâteaux élaborés de la pâtisserie Voyage et le Pandan cake, le dadar et autres Kueh de Galicier.
Votre coup de cœur ? Le ventre de Tiong Bahru : le marché ! Pour son architecture et ses commerces, c’est le centre névralgique du quartier.
Si vous deviez lui donner un slogan ?
Authenticité et dolce vita !