A la fin du second sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un à Hanoï au Vietnam (27-28 février), l’absence de consensus sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne n’a pas empêché l’hôte de la Maison Blanche de réitérer que « la Chine a été d'une grande aide ». En effet, même en pleine guerre commerciale, alors que certains observateurs se prennent à parler d'une nouvelle guerre froide sino-américaine, certains intérêts communs demeurent, comme leur besoin de voir Pyongyang tirer un trait sur son arsenal atomique. La Chine avait déjà proposé en 2017 de joindre au dossier du nucléaire, celui du processus de paix : le thème a bel et bien été repris à l’agenda des deux sommets à Singapour en juin 2018 puis cette fois à Hanoï.
Face à l’échec de ce dernier meeting, la Chine ne se réjouit donc pas de la déconvenue de Trump : Wang Yi, son ministre des Affaires étrangères à Pékin est sur la même longueur d’onde que Trump. Les discussions doivent continuer car « la dénucléarisation de la péninsule coréenne, n'aura pas lieu du jour au lendemain ».
Pour autant, le coup d'arrêt présent permet à la Chine de maintenir son influence sur le petit voisin. Kim s’était rendu à Singapour par un appareil Air China ostensiblement prêté par Pékin. Pour son trajet vers Hanoï, son train blindé a été tracté par une motrice de la China Railway Corp. La Chine est loin d’être marginalisée par ces discussions américano-coréennes, car elle est toujours consultée. Le cher leader ne prend pas rendez-vous avec Trump, sans en prendre un au préalable avec son voisin Xi Jinping. Kim était à Pékin en janvier, et envisageait de s’y arrêter sur son périple de retour de Hanoï. Malgré les « lettres d'amour » que s'échangent Trump et Kim (sans fruit d’ailleurs, à ce jour), l’allié n°1 du « pays du Matin Calme » reste l’empire du Milieu, titulaire de plus de 90% des échanges avec la Corée du Nord, et garant de sa sécurité sur la scène internationale.
Pyongyang fait donc l'objet des convoitises de Pékin et de Washington. Kim Jong-un cherche à tirer profit de ce nouveau rapprochement avec les Etats-Unis, tout en évitant de trop froisser son allié historique. Un vrai numéro d'équilibriste dans lequel il fait, pour l’instant, un sans faute. Trump l’admet implicitement, en disant : « la Corée du Nord prend ses propres décisions, car Kim Jong-un est une forte personnalité ».