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Montessori - « Plus qu’une méthode, une philosophie d’éducation ».

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Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 5 avril 2017, mis à jour le 29 mars 2019

A Singapour comme ailleurs, la pédagogie Montessori séduit de plus en plus de parents à la recherche d'un enseignement alternatif. Nous avons voulu en savoir plus sur cette méthode d'éducation fondée en 1907 par Maria Montessori, médecin italienne dévouée à la cause des enfants, basée notamment sur la découverte, l'éducation sensorielle et la liberté de l'enfant. Entretien avec Elodie Adolphe, éducatrice Montessori à l'école maternelle bilingue français-anglais « Les Oliviers, french Montessori » (Lire notre article : Ouverture de l'Ecole des Oliviers).

 

www.lepetitjournal.com/singapour - Comment est née la méthode Montessori ?

Elodie Adolphe - La méthode Montessori est née des observations de Maria Montessori, qui fut l'une des premières femmes médecins en Italie. Devenue psychiatre, elle travaille deux ans à la clinique psychiatrique de l'université de Rome, en charge des enfants malades mentaux. Elle observe vraiment ces enfants, considérés comme « retardés » et délaissés, s'intéressent à eux et découvre qu'ils ont en fait besoin de leurs mains pour développer leur intelligence et progresser à un niveau équivalent à celui des autres enfants de leur âge.

Elle poursuit ensuite ses recherches, qui vont s'enraciner dans les pas de deux grands médecins - éducateurs français, J.G Itard et E. Seguin, et qui avaient élaboré du matériel pour les enfants déficients sensoriels. En 1907, elle crée sa première école dans un quartier défavorisé de Rome, la « maison des enfants » (Casa dei Bambini), et étalonne sa méthode à partir de ses observations et de son travail avec les enfants.

Quels sont les fondements de la méthode Montessori ?

- Plus qu'une méthode, Montessori est une philosophie d'éducation. Son fondement repose sur la vision de Maria Montessori de l'enfant comme étant un individu à part entière avec ses sensibilités et ses capacités, que nous devons révéler en l'accompagnant, sans le contraindre « éduquer, ce n'est pas dresser ». L'enfant doit lui-même développer ses capacités plus librement, grâce à un matériel didactique spécialisé.

La pédagogie qui en découle est donc basée sur trois grands principes qui sont la liberté d'apprentissage et l'autodiscipline, l'apprentissage par l'expérience, et le respect des périodes sensibles, c'es-à-dire le rythme de chacun. Et pour que l'apprentissage puisse se faire, il faut créer un environnement propice, avoir du matériel pédagogique adapté, et des éducateurs spécialisés qui connaissent le matériel et adhèrent aux principes. 

En clair, le développement de l'intelligence de l'enfant se construit dans le concret par la manipulation, grâce à du matériel (cubes, jeux d'encastrement, ?) et un environnement porteur.

Quel est le rôle de l'éducateur si l'enfant apprend « tout seul » ?

Elodie Adolphe - éducatrice Montessori
- Etre libre ne veut pas dire faire n'importe quoi ! Pour pouvoir profiter de sa liberté, il faut avoir une certaine autodiscipline, et respecter les règles établies et les autres.

Le rôle des éducateurs est de guider les enfants, et de préparer l'environnement.

En tant qu'éducateur, nous savons ce que chaque matériel apporte, comment l'utiliser et à quel âge un enfant est susceptible de se tourner vers telle ou telle activité. Forts de cela, et avec beaucoup d'observation, nous allons pouvoir proposer le matériel adéquat à un enfant au bon moment, en respectant son caractère, sa personnalité et son rythme. De cette façon, nous amenons chaque enfant à acquérir l'ensemble des connaissances sur un cycle d'apprentissage, sans le contraindre.

Vous évoquez le respect des périodes sensibles. De quoi s'agit-il ?

- Il s'agit du respect du rythme de chaque enfant. Il y a des moments où l'enfant montre une certaine affinité, ou sensibilité, pour un apprentissage particulier. On appelle cela les périodes sensibles. On distingue par exemple la période du langage, la période des petits objets, la coordination des mouvements, etc.

Respecter les périodes sensibles, c'est laisser l'enfant choisir d'aller vers ce pour quoi il a une réceptivité à un moment donné. Cela développe l'autonomie, le plaisir d'apprendre, et favorise la concentration, parce que chaque enfant apprend mieux quand c'est le bon moment pour lui.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le matériel pédagogique Montessori ?

- Lorsqu'elle observe les enfants, Maria Montessori se rend compte que tout passe par les sens.

L'enfant, immergé dans son environnement, capte et absorbe ce qu'il y a autour de lui par ses sens. Maria va donc proposer des outils d'apprentissage qui passent par la manipulation sensorielle, pour développer les sens de l'enfant, avant d'aller vers l'abstrait.

Il s'agit de matériel sensuel, esthétique et ludique, qui capte l'attention des enfants et participe à son développement. Concrètement, ce sont par exemple des lettres rugueuses pour le langage, des cadres d'apprentissage de boutonnage ou de laçage pour la vie pratique, les perles du serpent ou la banque des nombres pour les mathématiques, etc 

Tout le matériel permet d'autre part l'autocorrection. L'enfant s'aperçoit et contrôle l'erreur, seul, de manière « visible » et « tangible ». L'erreur n'est pas perçue comme une faute, mais comme une étape normale et nécessaire de la découverte. Cela renforce la motivation, l'autonomie et la confiance en soi.

Comment avez-vous choisi de devenir éducatrice Montessori ?

- Après une scolarité sans encombre et un master en aménagement du territoire, je me suis rendue compte que, finalement, ce que j'avais vraiment envie de faire, c'était enseigner. J'ai donc commencé les cours du CNED pour passer le concours de professeur des écoles, et j'ai visité des écoles, mais je n'ai pas trouvé pas la connexion avec les enfants, ni cette pédagogie qui vibrait en moi. Je ne me suis pas projetée en tant qu'enseignante de cette façon. J'ai donc abandonné cette voie et au cours de mes recherches, j'ai découvert la pédagogie Montessori, et je me dis « oui, c'est ça, c'est ce en quoi je crois ».

Qu'est-ce qui vous touche particulièrement dans cette pédagogie ?

- Le fait de donner toutes les bases et les apprentissages nécessaires aux enfants sans les contraindre, en leur laissant le choix et la volonté. On leur donne confiance en eux, et c'est primordial, c'est le plus beau cadeau à offrir aux enfants.

 

L'avis des parents

Anne B. est maman de deux enfants. Elias, 3 ans, est depuis le mois de janvier à l'école Les Oliviers. Sarah, 5 ans est en CP au Lycée Français de Singapour.

Comment avez-vous choisi cette école ?

Anne B ? Nous cherchions une nouvelle école pour notre fils Elias, 3 ans, qui était alors dans une école singapourienne, quand nous avons entendu parler de l'école Les Oliviers. Nous connaissions la méthode Montessori car notre fille ainée, Sarah, a été scolarisée jusqu'à ses 4 ans dans une école Montessori, à Londres, et nous en étions très satisfaits.

D'autre part, le bilinguisme français ? anglais était très important pour nous.

Quelle est votre vision de parent sur la méthode Montessori ?

- L'image très répandue de la méthode Montessori est la liberté totale, voire l'anarchie. Mais la réalité est différente ! Effectivement, l'enfant choisit son activité, mais il est incité et encadré, et il doit respecter les règles de vie commune et une certaine discipline. Il y a énormément d'apprentissage, tout en étant très ludique. Les enfants apprennent, mais ils ont l'impression de jouer. Et c'est cette approche qui nous a beaucoup plu.

Quel est votre retour sur l'école Les Oliviers après quelques mois ?

- Nous avons eu un très bon contact avec l'ensemble de l'équipe et notre fils s'y plait beaucoup. Le fait que ce soit une petite structure, une classe unique avec mélange des âges est très réconfortant et à la fois stimulant. Nous sommes très contents.

Aussi, ma fille aînée, qui est en CP, a fait un cours de mathématiques en extra-scolaire avec Elodie, et elle a adoré. Elle a eu un déclic qui lui a complètement redonné confiance en elle, et c'est un vrai plus.

Et après 6 ans ?

- Elias ira très probablement en CP au LFS, car il rêve d'être dans la même école que sa s?ur ! Plus sérieusement, nous sommes par ailleurs très contents de l'approche pédagogique au LFS, et notre fille s'y plait beaucoup.
 

 

Les Oliviers
 Le site de l'école bilingue Montessori à Singapour : Les Oliviers - French Montessori

Lire notre précédent article : EDUCATION - Ouverture de l'Ecole des Oliviers

Voir aussi : Maria Montessori, portrait d'une femme de légende, par notre édition le petit journal de Milan

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