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PORTRAIT- le parcours exemplaire de Felicia Soh, ré-inventeuse de la crème Simon.

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Écrit par Clémentine de Beaupuy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 juin 2017

Derrière le renouveau de la marque française crème Simon qui, créée en 1860, était tombée dans l'oubli, se cache une entrepreneuse de 38 ans, talentueuse et déterminée. Issue d'un milieu où les jeunes femmes ne font pas d'études, Felicia Soh est parvenue, grâce à sa ténacité et aux aides du gouvernement, à réaliser un parcours à l'étranger qui lui a ouvert les portes d'une brillante carrière d'entrepreneur. 

 

Felicia SOH 

Une méritocratie singapourienne 

Felicia Soh a le regard pétillant et le sourire franc des femmes pressées. Elle me reçoit dans sa shop-house de Kandahar Street au milieu des échantillons et des pots raffinés de sa «?crème Simon?». D'emblée, elle attaque sur les objectifs de sa marque, crème Simon, qui se développe à vitesse grand V en Asie et en Australie. Petit à petit, je parviens à l'amener sur un terrain plus intime?: «?Je viens d'une famille de la classe moyenne singapourienne assez traditionnelle. Mon père était maitre-nageur. Ma mère était femme au foyer et faisait des travaux de couture pour gagner de l'argent? ». «Pour mes parents,?le summum de la réussite aurait été que je travaille comme hôtesse pour Singapore Airlines?!?». La jeune Felicia a d'autres envies. 

Au vu de ses bons résultats scolaires, elle est admise à la National University de Singapore. Mais, ses parents y mettent un véto. Exit NUS, Felicia passe le diplôme d'une école polytechnique, sensé lui permettre de rentrer plus rapidement dans la vie active. Peut-on arrêter une jeune femme déterminée ? En cachette de ses parents, Felicia postule à l'Université de Melbourne. Pour la seconde fois, elle est acceptée?dans une université prestigieuse. Pour la seconde fois, elle est confrontée à un dilemme?: « j'étais dans une impasse?: comment aller étudier à Melbourne sans l'aide financière de mes parents?? ?». 

Elle se tourne alors vers sa grand-mère maternelle et les différentes aides possibles à Singapour. Elle obtient une bourse de la fondation LEE, une des plus importantes fondations privées de la Cité-Etat qui agit aussi bien dans le domaine éducatif et la médecine, que dans l'aide aux victimes de famine. La bourse finance 50% des frais d'inscriptions à l'université et comprend une aide pour le logement la 1ère année. Sans rien demander à ses parents, mais avec la complicité de sa grand-mère maternelle, Felicia part à Melbourne étudier dans le domaine de son choix. «?Cependant, j'avais un problème?», confie-t-elle, «?car le diplôme que je visais s'obtenait en trois ans. Or, mes finances ne me permettaient pas de tenir au delà d'un an. J'ai donc accéléré la cadence avec des cours d'été pour être diplômée au bout d'une année. Et en travaillant dur, j'ai réussi?!?». 

 

Les premiers emplois 

Après cette année intensive à Melbourne, Felicia revient à Singapour pour trouver un emploi. Elle tente sa chance avec succès auprès de l'Asian Business Fellowship program. Ce programme, mis en place par le Ministère du Commerce et de l'Industrie et renommé depuis International Business Fellowship, finance le détachement d'unepersonne pendant 2 ans dans une entreprise singapourienne qui souhaite s'étendre à l'étranger. Felicia choisit la Chine. Elle passe une année à Pékin et une seconde à Shanghai. Fidèle à elle-même, elle travaille dur et, très logiquement, est finalement embauchée par son entreprise d'accueil.  Sa carrière est lancée. En repensant à cette période, le regard de Felicia se fait plus vague. «?Je me suis battue si fort?», me confie-t-elle,?«?Singapour m'a permis d'aller au-delà de la vision de mes parents qui ne croyaient pas qu'une jeune fille modeste puisse faire des études, contrairement au gouvernement.?». «Il y a quelques années,?j'ai rencontré le responsable du programme qui m'avait envoyée en Chine. Je l'ai chaleureusement remercié en lui disant?qu'il avait changé ma vie?!?». 

 

Aujourd'hui, comme beaucoup de femmes-entrepreneuses dans une grande ville, Felicia jongle entre un métier prenant, deux petites filles et un mari également entrepreneur. «?Le fait d'être une femme est plus difficile pour moi aujourd'hui?: comment concilier mon rôle de mère et l'exigence de mon travail?? Je veux être présente pour mes filles et réussir ma vie professionnelle. Je cherche tous les jours le bon équilibre?».  

  

 

Reprise de l'article paru dans notre Magazine SINGAPOUR n° 9 - mai/octobre 2017 

 

 

clémentine de beaupuy
Publié le 14 juin 2017, mis à jour le 16 juin 2017

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