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FRANÇAIS CONVERTIS AU BOUDDHISME- Rencontre avec Stéphanie Trémeaud « je me sens à part et privilégiée de connaître cet enseignement »

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 13 juin 2017, mis à jour le 13 juin 2017

Le petit journal de Singapour est allé à la rencontre de français qui se sont convertis au bouddhisme lors de leur expatriation en Asie. Philosophie ou religion, peu importe ! Nous nous sommes, ici,  interrogés sur un cheminement personnel et intime qui a amené ces personnes à explorer une nouvelle voie d'approche et de compréhension du monde, souvent très éloignée de leur culture d'origine.  Stéphanie Trémeaud, 38 ans, consultante juridique dans une importante société française à Singapour a accepté de revenir sur son parcours qui l'a amenée à se convertir au Bouddhisme. Rencontre joviale  et sans tabou.

 

Stéphanie au sein du temple Thekchen Choling dans le quartier de Little India

 

www.lepetitjournal.com/singapour : Comment s'est déroulée votre rencontre avec le bouddhisme ?

Stéphanie Trémeaud : J'ai l'impression que cela s'est fait par touches successives, d'avoir eu des  sortes de signes tout au long de ma jeunesse. Ma première rencontre avec le bouddhisme était assez lointaine et peut-être anecdotique. Ma mère m'avait offert un carillon que l'on accroche à l'entrée d'une porte et qui représente le Bouddha Matreya, et j'avais adoré ce cadeau ! C'était  un premier signe de mes vies antérieures ? (Rires). Puis, en 2002, je suis partie vivre en Chine à Pékin plus précisément pour un stage de fin de DESS et là encore, j'ai été attiré par des statues de Bouddha. Lors de fêtes de Noel,  ma s?ur m'a offert un livre de commentaires sur le Dalaï-Lama. C'était un livre très compliqué, pas vraiment écrit pour des novices. C'est resté dormant assez longtemps mais j'avais une attirance assez forte d'en savoir un peu plus. En fait, cela a d'abord été pour une moi une quête intellectuelle de comprendre et de peut-être de trouver une paix intérieure.

 

Pourquoi parlez-vous de paix intérieure ? Y'a t'il un élément déclencheur dans votre vie pour commencer cette quête vers le bouddhisme ?

Oui, je crois que cela été le décès de mon père. J'étais catholique pratiquante, baptisée et avait fait ma 1ère communion. L'année des mes 18 ans, j'ai du faire face à des drames familiaux, notamment au décès brutal de mon père.  Face à ces deuils, j'ai essayé de comprendre et surtout de m'apaiser. Je ne trouvais pas de réponse dans ma religion. Je m'en suis donc éloignée peu à peu et j'ai remis en question ma foi. Je suis devenue athée.

D'ailleurs, quand je me suis tournée vers le bouddhisme, ce n'était pas du tout dans l'idée de retrouver une autre religion, mais plus pour essayer de m'apaiser et de soulager ma peine. Pour moi, le bouddhisme était plus une philosophie qu'une religion. Je voulais moins avoir peur de la mort et trouver un sens à ces deuils.

 

Que vous a apporté cette nouvelle spiritualité ?

Face à mes questionnements sur la mort et pour faire simple, l'idée de Karma pour moi faisait plus sens que celle du paradis/enfer de la religion catholique ou celle d'un Dieu tout puissant qui prend votre père un jour. Le Karma implique que nous sommes responsables de nos propres actes et que ce qui nous arrive est le résultat de notre vie actuelle et passée. Cette idée m'a aidée à comprendre et à envisager la mort d'êtres chers et le deuil différemment.

 

Vous décrivez  une quête très personnelle, liée à un moment douloureux de votre vie ? Cela explique t'il l'essentiel de votre quête ?

C'est vrai, je suis partie d'un problème très intime qui m'a touchée de plein fouet. Comme je vous le disais la mort, le deuil  m'ont  éloignée de mes croyances religieuses.

Cependant, après cette période douloureuse, un mal être a persisté.

J'avais tout  pour être heureuse mais je sentais qu'il me manquait quelque chose. Je pense que le fait d'être devenue athée ne me convenait pas du tout. J'avais besoin de spiritualité.

Puis, quelques années plus tard,  j'ai eu des difficultés au travail qui est allé jusqu'à un burn-out. Lors de cette période compliquée, un déplacement professionnel  m'a amenée en Thaïlande  et lors de mon temps libre, j'ai visité  un temple bouddhiste.  Dans cet endroit, un sentiment de paix intérieure m'a envahie. De retour à Singapour, j'ai décidé d'en savoir un peu plus. J'ai acheté un livre d'introduction au bouddhisme du Dalaï-Lama  et suite à sa lecture tout s'est enchainé. Je me sentais bien et tout ce que je lisais faisait sens pour moi. Enfin ! Je suis partie à la recherche d'un temple pour suivre des cours.

 

Comment avez-vous choisi votre temple ?

Par internet ! Ce que je savais c'est que je voulais suivre l'enseignement du Dalaï-Lama.

Et ce temple dans lequel nous nous trouvons, propose des cours, les dharma teaching en anglais et aussi des cours pour les débutants. Etant très progressifs et ancrés dans notre vie de tous les jours, j'ai commencé à être assidue et conquise par cet enseignement.

Souvent, le Lama Namdrol Rinpoche part d'un événement quotidien, voir banal pour nous faire réfléchir et peu à peu, introduire une notion importante dans le bouddhisme. Au début, j'avais quasiment l'impression qu'il s'adressait à moi ! Il répondait à chaque fois à mes questions. C'était bluffant !

Dans ce temple, nous étudions le Lam Rim, un manuel de bouddhisme tibétain qui regroupe l'ensemble des étapes permettant d'accéder à l'Éveil. Et au bout de 3 ou 4 ans de suivi de cet enseignement, je me suis convertie, c'est-à-dire j'ai « pris refuge dans les 3 joyaux ». Bien entendu, il n' y a aucune obligation de se convertir pour suivre les dharma teaching mais pour moi, cela avait un sens. Et, j'ai envie d'en parler autour de moi. D'une certaine façon, je me sens à part et privilégiée de connaître ces enseignements. Et, j'ai envie d'en parler autour de moi.

 

Comment les enseignements du bouddhisme imprègnent t'il votre vie aujourd'hui ?

En  fait, l'essentiel du bouddhisme n'est pas la prière et le rituel mais d'intégrer dans sa vie quotidienne, ses enseignements, ses valeurs.  J'essaie d'intégrer au quotidien  les  principes  de  compassion  et  d'attention  aux  autres,  d'être  plus patiente.  Je  négocie  des  contrats  avec  ces  principes.  J ai  une  plus  grande conscience  de  ma  pratique  professionnelle  et  de  son  impact sur mes clients et mes collègues.

Ce changement passe également par de petites choses. Par exemple, en ce moment nous parlons beaucoup avec le lama Rinpoche du moment présent, d'être focalisé sur ce que l'on fait plutôt que de prendre un téléphone. Bien entendu, cela est une progression. Je suis loin d'être parfaite dans toutes les situations.

 

 

Propos recueillis par Clémentine de Beaupuy, www.lepetitjournal.com/singapour, mercredi 14 juin 17

 

Singapour/mainBouddha
 

Pour suivre notre série sur le Bouddhisme :

Réécouter le reportage  réalisé au sein du temple de Stéphanie, Thekchen Choling dans le quartier de Little India ICI 

Notre article synthèse dans le Mag 9  ICI 

logofbsingapour
Publié le 13 juin 2017, mis à jour le 13 juin 2017

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