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EXPAT – Travailler efficacement avec les autres en Asie

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Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 17 juin 2018, mis à jour le 18 juin 2018

L'expatrié qui arrive en Asie est d'emblée confronté à une réalité: ses collègues de travail ont changé. Une révolution copernicienne où l'on se retrouve en minorité, où les repères classiques sont bouleversés, où l'on est confronté à une abondance de messages dont on ne maîtrise pas tous les codes. D'où la question: comment travailler efficacement ensemble?

 

Avec la montée en puissance de la Chine et de l'Inde, et le succès des tigres asiatiques, la région Asie est devenue pour les entreprises comme pour les professionnels un centre d'activités actif et une destination attractive. Mais aussi passionnante que soit l'expérience, travailler en Asie ne va pas de soi et l'expatrié doit savoir mesurer son bonheur au nombre de défis surmontés.

 

La barrière de la langue

La première difficulté est celle de la langue. Adieu la facilité et les repères commodes. Il faut, sauf exception, plonger d'emblée dans un nouveau bain linguistique; un exercice où ceux et celles qui parlent bien l'anglais auront plus de facilités, mais pour lequel l'anglais académique ne sera pas suffisant car -hormis à Singapour ou Hong Kong - il s'agit désormais de travailler avec des collègues pour lesquels l'anglais est une seconde langue, et qui parfois ne maîtrisent pas d'autre idiome que celui de leur pays. A ce jeu les français, qui souvent brillent par leur accent, ne sont paradoxalement pas si défavorisés: dans un certain nombre de cas, leur anglais est plus compréhensible que celui des natifs de la langue de Shakespeare.

 

Le choc culturel

Vient ensuite l'adaptation culturelle, la confrontation à une variété de situations ou d'expériences qui, tel le ressac de la marée, va seulement vous mouiller les pieds, ou bien vous surprendre et vous submerger. L'Asie de ce point de vue présente un avantage: les différences ne sont pas dissimulées sous un vernis de fausse familiarité; on y est confronté d'emblée à des modes de relation, un rapport à la hiérarchie, certains aménagements du bureau ou de l'organisation,... qui vous rappellent que vous êtes dans un environnement de travail profondément modifié. Ces différences suscitent l'intérêt, lorsqu'on est en période de découverte, elles peuvent aussi devenir irritantes: l'interculturel ne relève plus des concepts théoriques - salutations, statut, Guanxi, perdre la face,...- il fait désormais irruption sur le terrain quotidien et "frotte" quand il débouche sur des problèmes de performance.

 

Une conclusion s'impose: mieux vaut être motivé

"Je l'ai constaté en voyant d'autres Français qui n'avaient peut-être pas expressément choisi de venir en Chine" souligne Laure, jeune professionnelle arrivée à Singapour après un séjour à Shanghai, "ils étaient moins ouverts que je ne l'étais à leur environnement quotidien. A l'évidence, cela se passait moins bien pour eux".
"Mon expérience en Asie m'a amenée à être beaucoup plus précise" indique Cécile, DRH d'un groupe français implanté en Asie. "Au début j'ai pu prendre les assentiments pour des marques d'accord et d'engagement. J'ai fait l'expérience que les choses ne suivaient pas. A l'analyse les personnes n'avaient pas compris, disaient "oui" et ne faisaient rien (?) désormais, je passe beaucoup de temps à expliquer. Je rentre dans le détail et déroule l'ensemble du processus. Les personnes avec lesquelles je travaille ont besoin de cette précision. Après quoi, elles sont d'une efficacité remarquable dans la mise en oeuvre".

Dans cette période d'apprentissage, le risque est de s'enfermer dans ses convictions; de s'enliser dans une critique systématique de ce que font les autres, en comparant les manières de faire localement à ce qui se fait dans son pays, d'ailleurs souvent de manière très idéalisée. Le risque est aussi de s'enfermer dans des généralisations où l'on mélange pêle-mêle tout et tout le monde, quels que soient les personnalités, les parcours ou les cultures d'origine.

"L'adaptation au nouvel environnement et à ses équipes entraîne un véritable effort, souligne Cécile. La première démarche doit d'ailleurs être un travail sur soi, un travail d'introspection qui doit permettre, en comprenant mieux la manière dont on fonctionne soi-même, de se mettre à l'écoute de ce qui est différent chez les autres, de ce qui justifie cette différence et de ce qui en fait, potentiellement, une source d'enrichissement pour soi-même et pour le travail en commun". "Ce qui est d'ailleurs formidable, c'est quand on parvient ensuite, au sein de ses équipes, à un niveau d'intimité qui permet de faire de l'humour et de discuter ouvertement de certains aspects qui font partie de croyances fondamentales ou de sujets délicats: religion, politique..."

"L'important est d'avoir une attitude d'ouverture, précise de son coté Laure. J'ai essayé de construire les relations en exploitant les points communs. Mes terrains privilégiés: le shopping, la cuisine et le Karaoké. Cela a permis de construire avec mes collègues une complicité qui a beaucoup ouvert le champs de la relation".


 

Bertrand Fouquoire
Publié le 17 juin 2018, mis à jour le 18 juin 2018

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