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CARRIE NOOTEN- « La vie de journaliste, c’est passer de l’autre côté du miroir »

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 juin 2013

Carrie Nooten est journaliste correspondante de RFI à Singapour. Elle nous parle de son métier, de ses passions en se prêtant au jeu de l'interview et du portrait chinois. Rencontre dans le cadre de la Semaine de la presse et des médias dans l'école.

Carrie Nooten est une jeune femme blonde franco-hollandaise, mère de deux enfants, au dynamisme épatant. Derrière son regard clair, se dessine un petit esprit aventureux, curieux et passionné. Elle est originaire du Nord-Pas-de-Calais, où elle a fait son premier stage à 'La voix du Nord' où elle a publié son premier article, à l'âge de 20 ans seulement. Elle a eu la chance de trouver dès 7 ans sa vocation! Elle a également eu l'énorme privilège d'assister aux Jeux-Olympiques de Pékin en 2008 en réalisant un reportage en direct pour le site internet '20 minutes'.

Megan Juget et Melissa Byrne - Quelles études faut-il faire pour être journaliste ? Lesquelles avez-vous faites ?
Carrie Nooten - Tous les chemins mènent au journalisme. Moi, j'ai fait Sciences-Politiques à Lyon, qui avait une spécialisation sur l'Asie, puis l'ESJ Lille, une des écoles reconnues par la profession.

Les études étaient-elles difficiles ? Et quel a été votre parcours professionnel ensuite ?
C'est difficile de passer des concours mais c'est passionnant à étudier. Encore plus pour l'ESJ, puisque c'est très pratique et où on apprend à se servir du matériel. Quant au travail, j'ai eu la chance de voyager, je suis allée de Tahiti à Shanghai, passant par Singapour ; ou j'ai travaillée pour des journaux ; des radios, des programmes télévisées,?

Pourquoi avez-vous voulu être journaliste et quelles sont les qualités qu'il faut avoir pour faire ce métier ?
A 5 ans je voulais être écrivaine, à 6 ans je voulais être détective, quelqu'un m'a expliqué à 7 ans que journaliste c'était un peu un mélange des deux! Il faut de la chance, de la curiosité, être à l'écoute et se mettre au niveau des gens (savoir être un peu caméléon aussi, pour être capable d'interviewer un ministre ou un pêcheur de Pulau Ubin).

Qu'est-ce que vous avez découvert dans le journalisme et que vous ne vous attendiez pas à trouver ?
J'ai découvert la paresse et le suivisme. J'ai découvert que l'on préfère parfois les petites phrases à la bonne analyse.

Quels types de reportages faites-vous ?
Je fais de tous types ; l'actualité, la politique, même le sport! C'est révélateur d'une facette de la société.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je travaille sur les élections qui vont avoir lieu en Malaisie, les Royingyas de Birmanie, mais aussi sur la manifestation  de 4.000 personnes au speaker corner, à Singapour (la plus grande depuis l'indépendance).

Quel est le sujet qui vous a laissé le plus enthousiaste et le plus révoltant ?
Les femmes imams, les enfants jockeys en Mongolie.
Le procès d'un gynécologue dans le Nord-Pas-de-Calais qui avait eu plusieurs femmes enceintes décédées pendant qu'elles accouchaient et qui s'en sortait toujours.

Avez-vous déjà interviewé des personnes célèbres qui vous ont étonné ?
Un étonnement, mais pas forcément en bien: La chanteuse Césaria Evora : l'interview était plate, loin de l'image qu'elle reflétait, j'étais assez déçue...

Quel est le pays le plus dangereux que vous ayez visité ?
La Birmanie en 1999, j'ai traversé des villages avec des gens qui avaient des boulets au pied et qui étaient surveillés par des hommes armés.

Quels types d'articles préférez-vous lire ?
Je préfère lire des articles de société.

Quels sont vos projets d'avenir, quels rêves vous reste-t-il à réaliser ?
Mon rêve est de trouver une nouvelle façon de faire du journalisme. Et j'ai trois projets en tête, mais je ne vous le dis pas encore ;)

Si vous étiez un art lequel seriez-vous ?
Je serais la bande dessinée ou la photographie.

Si vous étiez une ?uvre artistique laquelle seriez-vous ?
Je serais une photo de Steve MC Curry, celle où deux petits enfants tapent à la vitre. Pour les portraits, les regards perçants, c'est très important d'accrocher un regard quand vous devez interviewer quelqu'un. J'aime la vitre qui résume notre vie de journaliste; on se cache derrière un enregistreur, une caméra, un bloc note, un appareil photo.

Si vous étiez un personnage marquant, passé ou présent, mais historique lequel seriez-vous ?
Je n'ai pas encore réalisé assez de choses dans ma vie pour me substituer à un personnage marquant. Qui j'admire? Alexandra David Neel. Elle est rigoureuse et fait les choses à fond.

Et imaginaire?
Je serais Alice aux Pays des Merveilles. La vie de journaliste c'est passer de l'autre côté du miroir lors des reportages, de visiter les coulisses...faire des rencontres improbables, se frotter aux autorités qui ont des allures méchantes (la dame de c?ur) et souvent courir après le temps (le lapin avec la montre).

Si vous pouviez vous réveiller dans la peau d'un autre et à l'époque de votre choix, où seriez-vous et dans la peau de qui ?
Un type de 45 ans, dans les années '30, sur un paquebot entre l'Europe et l'Asie en faisant une escale à Singapour, mais en allant à Shanghai, tout cela en fumant des gros cigares, partant pour l'aventure.

Si vous aviez une baguette magique pour réaliser 3 v?ux, que voudriez-vous accomplir ?
-Que chacun fasse bien son boulot rigoureusement, en conscience, et pour l'intérêt général. Je ne déteste rien de plus que le travail mal fait. Il n'y aurait plus de conflit avec de bons chefs d'état, plus de marchands d'armes avec une police irréprochable... Bon, c'est un chouia plus original que de vous dire ?La paix dans le monde', mais je vous l'accorde, le résultat est le même.
-Que quelqu'un ait prouvé un nouveau modèle économique qui nous permette de faire notre boulot de journaliste/reporter /enquêteur sans avoir l'impression de devoir être des couteaux suisses et de parfois bâcler notre travail pour pouvoir en vivre.
-Avoir un petit vérificateur de véracité des faits automatique (un peu comme le correcteur autographique). Ça me fera gagner du temps.

Si vous étiez une rubrique journalistique ?
Je serais l'Enquête.

Si vous étiez une ville laquelle seriez-vous ?
Je serais Lyon.

Et un pays ?
Je serais la Chine.

Si vous étiez une qualité ?
Je serais l'intuition.

Si vous étiez un défaut ?
Je serai l'impatience ou le manque de mémoire !

Si vous étiez un sport ?
Le ping-pong, car il faut toujours renvoyer la balle en entretien, jusqu'a ce qu'on nous lâche une info.

Et si vous étiez une solution anti-stress ?
Un bon dîner entre copains et c'est moi qui cuisine!

Si vous étiez un métier innovant/ imaginaire ?
Créateur d'inventions qui facilitent la vie pour ceux qui sont à distance.

Si vous étiez une bonne cause à défendre ?
Le viol des filles en général, et en Inde en particulier.

Si vous pouviez changer quelque chose dans votre vie, que changeriez-vous ?
Pas grand-chose, quand quelque chose ne va pas, j'essaie de le régler jusqu'a que ça aille mieux.

Si vous deviez nous conseiller un film et un livre pour nous motiver à nous engager dans notre vie quels seraient-ils ?
Le film, ?Le cercle des poètes disparus', pour vous aider à trouver votre voie et pour le livre ?Antigone' que j'ai lu en 3eme, dédicace à ma super prof de français de 3eme...qui est restée une amie.

Propos recueillis par Megan Juget et Melissa Byrne, élèves de 3èmeF - Lycée Français de Singapour (www.lepetitjournal.com-Singapour) mardi 2 avril 2013

NB de la rédaction - Carrie Nooten a rencontré le mercredi 13 mars les élèves de 3eme F en amont de la Semaine de la presse et des médias dans l'école. Ils ont abordé le métier de journaliste et de la façon de traiter l'information. Elle était accompagnée par  Diane Schlienger, actuellement stagiaire de Carrie qui a ouvert la discussion avec  le problème sensible des conflits internes en Birmanie. Un exposé clair et précis, illustré de cartes, de photos et reportages, a permis aux élèves de mieux comprendre les difficultés de ce pays pour accéder à la démocratie.
Carrie Nooten avait alors rebondi sur l'art engagé, sujet traité en classe, en relatant l'événement qui a eu lieu à Singapour en 2010 avec le graffeur suisse du métro. Discussion sur l'évolution de l'art de la rue à Singapour, sur les lieux autorisés, les galeries, et les punitions infligées à ceux qui ne respectent pas les règles.
Un immense merci à nos deux cons?urs journalistes ! 

logofbsingapour
Publié le 1 avril 2013, mis à jour le 9 juin 2013

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