Depuis qu’elle a des enfants, Claire Chabrières consomme responsable ! Fidèle à une démarche d’achat réfléchie, fondée sur l’utilité sociale et le respect de l’environnement, elle fonde en 2015, ShiokFarm, qui propose des paniers bio.
Aux aurores, réception des palettes de fruits et légumes avec l’équipe du Petitjournal
Comme tous les mardis matins, l’équipe de ShiokFarm se met en branle pour réceptionner les palettes de fruits et de légumes en provenance des pays voisins. Ce mardi matin, la rédaction du Petit Journal est présente pour une immersion dans la préparation des paniers bio qui seront livrés dès le lendemain. Il est 9h30, deux tonnes de produits frais viennent d’arriver de Thaïlande. L’entrepôt est à une température de 13 degrés. Il faut décharger les camions, trier les cartons, sortir les fruits et les légumes, s’assurer de leur qualité, les peser pour les reconditionner dans des emballages en papier, les dispatcher dans les différents paniers… Chacun connaît sa tâche, tout se met en place naturellement.
Une organisation rodée, conçue et déployée par Claire Chabrières, fondatrice de ShiokFarm en 2015.
Claire attend à l’époque des jumeaux. Elle réalise, un soir, en donnant une poire bio à son fils aîné – qu’elle a achetée 6 SGD – que les desserts de ses enfants vont bientôt lui coûter une fortune. Le calcul est rapide : hors de question de dépenser 18 SGD pour trois poires. Hors de question également de baisser sa vigilance quant à la qualité des produits avec lesquels elle nourrit sa famille. Elle doit repenser sa façon de s’approvisionner ! Elle décide de créer une entreprise sociale proposant des fruits et légumes bio à un prix abordable. Son ambition est double : permettre aux familles de manger des produits de qualité, tout en consommant de manière respectueuse pour l’environnement.
« Tout le monde est conscient que quelque chose doit changer » explique Claire. « Mais la grande majorité n’a pas encore réalisé que ce changement viendra avant tout de notre façon de consommer. Si, individuellement, nous révisions nos habitudes alimentaires, nous forcerions les industriels à s’adapter et à revoir leurs process. Exiger de la flexibilité, du choix et du renouveau permanent engendre un gaspillage sans nom. Dans le secteur des produits frais, et particulièrement des fruits et des légumes, la situation est telle qu’aujourd’hui, les fermiers ne vendent pas l’intégralité de leurs récoltes. Quant aux distributeurs, ils perdent une partie des stocks qu’ils ont achetés et les magasins, obligés d’avoir des rayons toujours pleins, attirant les regards, jettent une partie des produits exposés dès qu’ils commencent à avoir l’air un peu fatigués. Bilan : Environ 40 % des produits partent à la poubelle. Ce n’est pas soutenable pour la planète ! ».
Et une chaîne de distribution modifiée
Consciente que les actes d’achats responsables constituent un formidable levier écologique, Claire fonde son modèle sur des process plus respectueux de l’environnement. Des changements dans l’organisation qui, au final, améliorent les bonnes pratiques au quotidien et contribuent à responsabiliser chacun. Calqué sur le modèle d’une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), ShiokFarm travaille en partenariat étroit avec des petits producteurs. Après s’être assurée, sur place, que les fermes sont respectueuses des process de l’agriculture bio, Claire s’entend avec chacune d’entre elles sur ce qui sera planté. Si ce type de modèle est commun en Europe, il en est encore à ses prémices en Asie.
« Travailler main dans la main avec les producteurs contribue à réduire le gaspillage et élimine une partie de la chaîne de distribution. Nous favorisons les fermes situées à proximité de Singapour – en Malaisie et en Thaïlande principalement – pour réduire les temps de transport. Seuls quelques produits viennent d’Australie, tels que les poires et les pommes qui ne peuvent pas pousser sous nos climats chauds et humides. En recourant à des collection points pour la distribution, nous économisons sur le dernier kilomètre, souvent le plus cher en logistique, sur le coût de stockage et sur les frais de livraison. Réduction d’énergie, meilleure maîtrise des coûts et des ressources : l’impact est considérable ».
Pour une livraison des paniers bio tous les mercredis
Lorsqu’elle a démarré, Claire nourrissait une vingtaine de familles. Elle en alimente aujourd’hui 300 tous les mercredis. « Grâce à mon travail et à la générosité des hosts des collection points, environ 650 enfants mangent sainement. C’est très important pour moi ! ». Tout aussi important est son engagement en faveur de plusieurs œuvres caritatives, dont Cheshire Home, une résidence pour personnes en situation de handicap, à laquelle elle a fait don de plus de deux tonnes de produits bio depuis trois ans. Claire soutient également Onesimus qui œuvre en faveur des personnes en réinsertion. Enfin, parce que Claire est aussi fin gourmet, elle a noué des partenariats avec Fair farms, qui produit du poivre bio, et Vergers du Mékong, qui propose des confitures écologiques. Autant de bonnes raisons de découvrir les paniers de ShiokFarm !