Compte tenu de la taille de Singapour, ses émissions de gaz à effet de serre sont limitées (0.1 % du total mondial), même si son statut de pays développé en fait le 27ème émetteur par habitant de la planète. Cependant la cité-Etat entend apporter sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique : dans le cadre de l’accord de Paris, elle s’est engagée à réduire le ratio d’émission de gaz à effet de serre par rapport à la production nationale brute de 36 % entre 2005 et 2030, et, ensuite, de stabiliser le niveau absolu de ses émissions. Parmi les mesures prévues pour atteindre cet objectif, le développement de centrales électriques solaires flottantes.
La production d’électricité est un gros contributeur aux émissions de gaz à effets de serre à Singapour
Aujourd’hui, la production d’électricité contribue pour un peu moins de 40% aux émissions de gaz à effet de serre, derrière les industries (plus de 45%) et devant les transports (environ 12%). Le poids des industries est lié au fait que, même sans pétrole, Singapour héberge le 5ème pôle de raffinerie d’Asie, avec la 6ème plus grosse raffinerie au monde (Exxon Mobil).
Cette part est atypique par rapport aux moyennes mondiales ou à la France, où la production d’électricité ne contribue que pour un quart aux émissions de gaz à effet de serre.
L’énergie solaire est et restera marginale comme source d’énergie à Singapour
Aujourd’hui plus de 95% de l’électricité est produite à partir de gaz, principalement importé de Malaisie et d’Indonésie. Cette source est jugée moins polluante que le pétrole ou le charbon par le gouvernement. L’énergie solaire ne représente aujourd’hui que 1% de la production d’énergie (soit environ 400 MW ou l’approvisionnement de 70.000 foyers) et l’objectif 2030 est de 4% (soit 2GW). En comparaison, l’énergie solaire représente aujourd’hui environ 2% de la production mondiale d’électricité (même ratio en France).
Les 3% restant sont produits à partir de charbon, de pétrole et du recyclage des déchets.
Dans un pays à forte densité de population comme Singapour, les opportunités d’installer des panneaux solaires sont limitées
Les panneaux solaires contiennent des cellules photovoltaïques qui convertissent l’énergie lumineuse en courant électrique. Pour maximiser leur rendement, ces panneaux doivent être exposés à la lumière du soleil le plus longtemps possible, de préférence en position horizontale. 1 m2 de panneau solaire a une puissance d’environ 150 W. Dans un pays comme Singapour, ou il n’y a plus d’espace libre, les seuls emplacements possibles sont les bâtiments et les espaces aquatiques (retenues d’eau et mer).
4600 bâtiments, commerciaux, administratifs ou résidentiels, sont déjà équipés de panneaux solaires et l’objectif est d’en mettre partout où on peut. Déjà, un HDB sur deux est équipé dans le cadre du programme SolarNova lancé en 2014. En plus des toits, certains murs des bâtiments, particulièrement bien exposés, peuvent être équipés. A noter, qu’en tant que particulier on peut revendre ses excès de puissance solaire à certaines compagnies d’électricité.
Mais les capacités des bâtiments ont leurs limites, d’où la nécessité de se tourner vers des centrales flottantes pour atteindre les objectifs annoncés en termes d’énergie solaire. De plus, l’environnement aquatique, naturellement rafraîchissant, permet d’augmenter de 5 à 10 % l’efficacité de la production d’électricité.
Des panneaux solaires sont déjà installés en petites quantités dans les retenues d’eau de Bedok et de Lower Seletar. Dans celle de Tengeh, où les premiers essais de centrale flottante ont eu lieu en 2016, une centrale de 60 MW, en partie déjà opérationnelle, est en construction. Des études de faisabilité sont en cours dans celles de Kranji et de Upper Pierce. Le projet de Kranji vise 100 MW.
Enfin, la première centrale flottante off-shore a été livrée sur la côte Nord de Singapour dans le détroit de Johor. Avec 5 ha de superficie et une puissance de 5 MW, c’est aujourd’hui une des plus grandes centrales solaires de ce type, qui doivent faire face à des défis spécifiques, comme la corrosion due au sel et une houle plus ou moins importante.
Mais le véritable enjeu du solaire pour Singapour est industriel
Comme nous l’avons vu l’impact du solaire sur le bilan énergétique du pays restera limité. En revanche, Singapour entend utiliser son utilisation domestique de cette technologie propre, qui est appelée à un brillant avenir dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, pour développer un pôle de compétence qui pourra rayonner à l’international.
Des 2007, Lee Hsien Loong, qui était déjà Premier ministre, a déclaré l’énergie propre comme un domaine de croissance et y a investi 350 millions de SGD en recherche. La même année, REC solar, une compagnie norvégienne leader dans la technologie solaire, a décidé d’implanter son unité de production de panneau solaires, la plus grande au monde, à Singapour. L’année suivante a été mis en place au sein de la NUS (national Université of Singapore) le SERIS (Solar Energy Research Institute of Singapore), qui compte aujourd’hui une équipe de rechercher multidisciplinaire de 120 personnes. En 2010, l’ERI (Energy Research Institute) a été fondé dans le cadre de la NTU (Nanyang Technology University) pour étudier entre autres choses l’énergie solaire. Aujourd’hui 35 entreprises travaillent dans le domaine de l’énergie solaire à Singapour