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Bellepoque vous présente sa nouvelle création : CRAVE

CRAVE Bellepoque singapourCRAVE Bellepoque singapour
Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 11 novembre 2020, mis à jour le 13 novembre 2020

Venue d’une envie irrationnelle de danser, de chanter, de s’exprimer, CRAVE nait comme une évidence pour Sabrina Zuber et sa troupe. CRAVE sera composé de deux courts-métrages (comme deux actes du même spectacle) en diffusion gratuite via streaming. Prochain rendez-vous le mercredi 18 novembre 2020 à 20h  en suivant ce lien et pour accéder à la conversation « online » avec les artistes après spectacle ce lien. Sabrina vous raconte toutes les coulisses de cette nouvelle aventure lors de son interview exclusive avec Le PetitJournal.com/Singapour.

 

Issue de l‘activité de Arsmedia, agence de consulting pour projets artistiques créé en 2004 par Sabrina Zuber, la société se transforme en association à but non lucratif en 2011. Bellepoque permet à Sabrina de créer des nouveaux spectacles selon ses propres idées et intérêts, de s’ancrer encore plus dans le paysage culturel singapourien et de trouver des subventions auprès du gouvernement singapourien. En 2009, lors d’un voyage à Paris, elle déniche une partition musicale d’André Messager et l’achète ; c’est ainsi que sans le savoir elle entre dans le royaume de l’opérette, à tort considéré comme le cousin pauvre de l’opéra. « Dans l’opéra, la fin tragique fait souvent mourir la soprano alors que dans l’opérette, elle finit bien mariée et heureuse. » L’opérette est un genre comique et plus léger, c’est ce qui plait à Sabrina, surtout à une époque où la crise financière frappe un peu partout, y compris à Singapour.

Elle explore ce répertoire musical appartenant à la période de la « Belle Époque », un moment particulièrement positif dans l’histoire européenne. Elle choisit donc le nom de sa société en rappel de cette période faste et commence à écrire et à produire ses propres spectacles. En mars 2020 en pleine préparation de son prochain spectacle LOTUS FUGUE, en l’honneur de la peintre Georgette Chen, elle doit tout arrêter à cause du COVID-19. Un cast de 10 personnes se retrouve sans spectacle, il faut donc créer quelque chose de nouveau : CRAVE.

 

Lepetitjournal.com : Parlez-nous de CRAVE ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Sabrina Zuber : « Crave » signifie en anglais une grosse envie, une envie presque irrationnelle ! Ce dont j’avais très envie au début du « circuit breaker » c’était de pouvoir chanter, de pouvoir m’exprimer sur scène et de continuer à partager ma musique avec un vrai public. CRAVE est né comme réflexion sur cette période que nous sommes encore en train de vivre, avec le même cast que le projet LOTUS FUGUE qui, j’espère, aura lieu en mars 2021. Nous avons décidé de garder le style musical impressioniste français avec au programme du Debussy et du Fauré entre autres … Nous avons écrit un nouveau texte et pris un angle de narration different pour l’adapter à la situation et à notre ressenti lorsque toute une planète se tait et que nous ne pouvons plus communiquer par les arts.

 

Comment avez-vous pu motiver les artistes à participer ?

Ça a été une envie commune. CRAVE est né de cette envie irrépressible, de ce besoin de partager artistiquement et musicalement notre expérience. Depuis mai 2020, le National Arts Council de Singapour a mis en place des subventions pour les projets en digital et nous avons reçu une réponse positive à ma demande. Cependant la troupe était prête à travailler gratuitement si je n’obtenais pas cette subvention. A ma question « Avez-vous envie de participer à ce projet ? » le cast a était unanime, pour chacun cela a été une évidence : il fallait continuer à créer et s’exprimer.

 

Sous quelle forme va se présenter CRAVE ?

CRAVE sera composé de deux courts-métrages (comme deux actes du même spectacle) en diffusion gratuite via streaming.

Depuis le lock down partout dans le monde beaucoup de projets artistiques se transforment sous un format digital. Que ce soit musical, théâtral ou autre, les cameras se sont positionnées entre les artistes et leur public. J’ai regardé une grande partie de ce qui a été proposé en ligne et j’ai voulu essayer de faire quelque chose de différent. Est-ce que l’on peut utiliser la caméra de manière plus subtile, plus poussée que juste en intermédiaire entre l’orchestre et son public ? Est-ce que ce moyen a d’autre potentiel ? Le cinéma a toujours travaillé avec une caméra, il y avait donc surement moyen de s’en servir d’une manière plus structurée. Je suis littéralement sortie de ma zone de confort dans ce projet, tant je me lançais dans l’inconnu. C’était comme un saut sans filet de sauvetage.

J’ai la chance d’être bien entourée. Mon metteur en scène a une grande expérience théâtrale mais il est aussi habitué à la caméra. Mon vidéaste produit des vidéos artistiques et sait manipuler les images pour en faire quelque chose d’inédit. Il y a aussi des chanteurs classiques, une pianiste, deux acteurs dont une qui travaille beaucoup avec l’expression corporelle. Et puis il y a moi !

Nous allons vous présenter deux courts-métrages de 15-20 minutes. Les deux histoires sont connectées par leur début et leur fin d’une manière spéculaire. Elles se déroulent sur un schéma similaire mais indépendant l’une de l’autre et se suivront comme une pièce de théâtre avec entracte. A la fin de la projection, le public est invité à se connecter à un « live chat » par zoom pour rencontrer le cast qui sera ravi d’échanger autour de commentaires et de questions.

 

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Comment se sont passés les enregistrements ? Combien de temps cela va-t-il duré ?

C’est très compliqué ! Certains membres du cast ont d’autres engagements, d’autres enseignent en journée, mon baryton a dû partir au service militaire ; chacun a des disponibilités à des moments différents de la semaine ou du week-end, du jour ou de la nuit ! De plus, nous ne pouvons pas travailler tous ensemble à cause des restrictions donc nous avançons par séquences de 5 personnes. Toutes les chansons ont été enregistrées séparément en studio, la pianiste et 1 chanteur à la fois. Impossible de proposer un duo ou un ensemble vocal. Le tournage en intérieur se fait en mini groupe et en extérieur avec le masque.

Entre l’acceptation de la demande de subvention et la diffusion du spectacle online, il se sera écoulé presque 4 mois.

 

Comment avez-vous été financée pour ce projet ?

Entièrement grâce au National Arts Council (NAC). Le dossier de demande était très exigeant, la quantité de projets déposés auprès du NAC est très élevé. Il a fallu détailler les besoins technologiques qui d’habitude sont inexistant dans mes projets en salle. Il s’agit aussi de montants plus conséquents et le dossier doit être bien ficelé et complet. La période n’étant pas très propice à la demande de financement par des sociétés corporate je n’ai donc pas cherché d’autres aides. Le visionnage sera gratuit pour le public, par conséquence il n’y aura aucune recette de billetterie.

 

Comment change-t-on de rôle selon les projets ?

Dans tous les projets de Bellepoque j’ai des casquettes multiples : je suis productrice, chargée de communication, directrice artistique et artiste en même temps ; alors que je suis « seulement » artiste dans les projets présentés par d’autres collègues et d’autres compagnies.

Fin mars, lors de l’annulation de tous mes projets de 2020, une amie m’a demandé si je pouvais considérer le digital comme un moyen de continuer. J’y étais totalement opposée dans un premier temps. Je fais du spectacle vivant, je recherche l’adrénaline du « live ». Mais je suis aussi très curieuse et j’ai décidé de regarder autour de moi et d’observer ce que faisaient les autres afin de comprendre si le langage digital pouvait offrir une dimension créative intéressante à mes yeux. Quand j’ai sauté le pas, ce fut un acte extrêmement libératoire. J’avance et j’apprends au fur et à mesure. Je ne suis pas le metteur en scène de ce projet et je ne connais pas le détail de ce que Yeo Hon Beng (le metteur en scène) a en tête ! Je ne sais pas à l’avance ce que je dois faire au prochain tournage ni même quel sera mon prochain habit de scène ! J’ai un texte, de la musique et je m’aventure dans l’expression corporelle ; c’est tout ce que je sais. Je me remets complètement dans les mains du metteur en scène et du vidéaste.

La découverte et l’apprentissage me stimulent. C’est quelque chose de complètement nouveau, nous n’avons aucune référence. Le public aimera ou pas, mais ne pourra pas comparer ce spectacle avec un autre.

 

Comment s’oriente le futur de Bellepoque ?

C’est une grande question. Est-ce que on sera obligé de dire adieu aux salles de spectacle ? Pour combien de temps ? Est-ce que le digital est LA solution ? Comment monétiser le digital ? Comment le rendre « sustainable » sur le long terme ? Comment obtenir de la visibilité quand tout le reste du monde devient ton compétiteur ? Le choix sur les différentes plateformes est infini ; le public a accès aux spectacles du monde entier, en direct ou en différé. La concurrence est énorme.

Comment se former pour utiliser le digital de la meilleure façon possible ? Comment gagner sa vie avec le spectacle digital, s’il n’y a plus de subvention publique ? Le métier change. S’il n’y a plus de scène, il n’y a plus l’adrénaline car il n’y a plus d’échange direct avec son public. En contrepartie, il y a un potentiel de créativité infini car la technologie permet des choses que le théâtre ne permet pas. C’est la partie la plus enthousiasmante pour moi. Cette liberté créative me fait beaucoup de bien et m’aide à oublier le reste….

 

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Comment être au courant de votre projection ? Où trouver les informations ?

Nous communiquons régulièrement autour du développement du projet sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram.

Pour regarder le prochain spectacle en diffusion gratuite via streaming, rendez-vous le mercredi 18 novembre 2020 à 20h sur ce lien et pour accéder à la conversation « online » avec les artistes après spectacle ce lien.

Nous espérons que cette première expérience ne sera pas la dernière et qu’elle suscitera des conversations, que les gens échangeront sur cette expérience. La beauté de l’art réside aussi sur cette communication entre l’artiste et le spectateur qui le regarde.

 

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