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SINGAPOUR COTE MER - Dans la tourmente de la mer de Chine du Sud

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 31 janvier 2017

 

En mer de Chine méridionale, Singapour semble être un médiateur tenaillé entre intérêts économiques et sécurité. Alors que la cité-Etat assure la coordination de la relation Chine-ASEAN, quelle influence  pourra t-elle avoir sur les tensions en mer de Chine du sud qui empoisonnent les relations en Asie du sud-est ?

« Pekin doit imposer des sanctions et doit riposter contre Singapour afin de lui faire payer le prix d'avoir considérablement nuit aux intérêts de la Chine ». C'est ce qu'a déclaré Jin Yinan, un général de l'armée chinoise à la radio d'Etat.  Une déclaration qui fait suite à une guerre des mots selon le quotidien de Hong-Kong le South China Morning Post entre le rédacteur en chef du très officiel et très nationaliste Global Times et l'Ambassadeur de la cité-Etat à Pékin. Un ton inhabituellement agressif de la Chine envers Singapour considéré comme un allié historique de l'empire du Milieu. Alors pourquoi tant de courroux ?



Le contentieux des Iles Spratleys

En cause, la question des différends territoriaux en mer de Chine du sud, sujet explosif dans la région. Petit rappels des faits. La Chine considère comme territoire national la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale qui est revendiquée également par les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, ou Taïwan. Parmi les points chauds, l'archipel des Spratleys, territoire revendiqué par les Philippines qui a été accaparé par la Chine en 2012. En janvier 2013, Manille saisit la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye afin de trouver une issue légale à l'envahissement chinois. Trois ans plus tard en juillet 2016, l'institution donne raison aux Philippines et affirme qu'il n'y a aucun fondement juridique aux revendications chinoises. C'est un camouflet pour Pékin qui refuse de reconnaître la décision de La Haye reposant sur la sur la Convention de l'ONU sur le droit de la mer. 

Délicate neutralité

Singapour n'est pas partie prenante dans le conflit et a toujours affiché sa neutralité. « Elle n'a jamais pris partie ni pour l'Asean, ni pour la Chine ni pour les Etats-Unis car ce qui a toujours primé pour Singapour c'est d'une part sa prospérité économique et d'autre part sa sécurité constate Eric Mottet, professeur de géopolitique à l'Université du Québec. L'une étant liée à la Chine, l'autre aux Etats-Unis ».  Pourtant, les contours de la diplomatie singapourienne évoluent.   « On observe une évolution de la position singapourienne depuis deux ans explique Valérie Niquet, Responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).  Sur la question de la mer de Chine du Sud, Singapour ne se prive plus de rappeler son attachement au droit de la mer et à vouloir le faire respecter ».  D'autre part, du fait du rôle de coordinateur des relations entre la Chine et l'Asean qu'elle assure depuis le début de l'année 2016 et ce jusqu'en 2018, Singapour sera amenée à prendre davantage position sur cet épineux dossier. « Singapour a toujours rappelé que la question de la mer de Chine devait se régler de façon pacifiste, en s'appuyant sur le droit de la mer rappelle Eric Mottet. C'est aussi l'occasion de faire enfin aboutir un Code de Conduite contraignant ».

En jeu, la liberté de navigation

Si la Chine montre ses muscles sur la question de la mer de Chine, menaçant même au passage Singapour pour flatter la frange la plus nationaliste du pouvoir et de sa population, aucun pays de la zone n'a intérêt à un conflit en mer de Chine du sud tant les économies sont interconnectées. A titre d'exemple,  en 25 ans, les échanges bilatéraux entre la Chine et l'Asean sont passés de 8 à 370 milliards de dollars ! Il ne faut pas oublier non plus que les eaux de Chine méridionales voient passer 30% du commerce maritime mondial. Pour Singapour, véritable pivot de l'économie maritime mondiale, la liberté de navigation est un enjeu crucial. « Sur cette question de mer de Chine du sud, Singapour est dans une situation inconfortable observe Eric Mottet. Elle a tout pour être le médiateur mais elle n'a aucun intérêt à se mettre les grandes puissances à dos ». Un subtil jeu d'équilibriste.

 

Marion Zipfel, www.lepetitjournal.com/singapour, le Lundi 06 février 2017.

Reprise de l'article paru dans le numéro 8 de notre magazine SINGAPOUR, côté Mer.

 

 

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Publié le 5 février 2017, mis à jour le 31 janvier 2017

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