Édition internationale

INSTITUT FRANCAIS – De la coopération culturelle et scientifique à la diplomatie sportive

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 1 décembre 2014

Rencontre avec Bertrand Pous, Directeur de l'Institut Français de Singapour. L'occasion de parler du festival du cinéma français qui s'est ouvert le 28 novembre et de Voilah!, programmé en mai et juin. Deux évènements clés dont l'Institut Français est le maitre d'?uvre, dans une démarche ouverte de coopération avec les institutions singapouriennes, avec le support de ses partenaires traditionnels au sein de la communauté française.

Rendez-vous with French Cinéma

Comment se présente cette 4ème édition du festival ?

Bertrand Pous ? L'ensemble des ingrédients sont réunis pour que la fête soit réussie. Nous sommes particulièrement satisfaits des partenariats avec les Institutions Singapouriennes, notamment avec le SGIFF (Singapore International Film Festival) qui se déroule au même moment, avec quelques jours de décalage. La particularité de ce « Rendez-vous with French Cinema »  est que les 16 films sont projetés dans 3 lieux ? l'Alliance française et 2 salles singapouriennes, Cathay et Shaw. Il est important qu'il soit perçu comme un festival ouvert à tous.

L'inauguration a eu lieu le 28 novembre avec la projection du film de Philippe de Chauveron « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? » au Cathay. La projection de « Clouds of Sils Maria », le 5 décembre au Shaw Lido, dans le cadre d'une programmation commune avec le SGIFF et en présence de Juliette Binoche, devrait être un deuxième temps fort.

Quel est l'enjeu d'un festival comme celui-ci ?

? L'enjeu de ce festival, organisé en partenariat avec Unifrance, est d'assurer la promotion du cinéma français auprès des professionnels du secteur, avec la perspective que certains films soient in fine achetés pour être projetés à Singapour. C'est aussi l'occasion, pour le public, de connaître la diversité du cinéma français, lequel, quoique premier cinéma européen, reste  en retrait à Singapour par rapport à l'omniprésence des grandes productions américaines. C'est pourquoi nous avons décidé d'allonger la durée du festival en le portant à 10 jours.

Voilah!

Voilah!
L'autre grand rendez-vous, en mai prochain, est celui du festival Voilah!. Si le nom est connu, le festival Voilah! nouvelle formule, devrait être, si l'on a bien compris, une grande fête de la France à Singapour. Pourquoi une telle initiative et quels événements attendre ?

? Voilah! procède de l'intention de donner aux initiatives françaises plus de visibilité au milieu d'une offre foisonnante et de qualité. Il s'agit plus globalement de donner une image positive de la France, créative et dynamique, pour soutenir à la fois nos entreprises et favoriser notre attractivité, universitaire et touristique. En cela, Voilah! procède à la fois de notre diplomatie économique et de notre diplomatie d'influence. Nous tenons néanmoins à ce que Voilah! soit plus qu'un festival français à Singapour mais réellement un festival franco-singapourien. Le comité de pilotage comprendra d'ailleurs nos partenaires incontournables, comme la FCCS ou Encore !, mais aussi le responsable du festival de Singapour en France. Aussi souvent que possible on cherche à intégrer une dimension singapourienne à la programmation.

Quels devraient être les grands temps forts du festival ?

? Voilah! est un festival multi-facettes, articulé autour de la Science, de l'Education, de la Culture et de la gastronomie. L'organisation du festival a créé une dynamique qui a suscité la soumission de nombreux nouveaux projets qui sont venus enrichir la programmation initialement proposée. Outre un certain nombre de spectacles et d'expositions, on attend la visite de Claudie Haigneré qui devrait faire une conférence et pourrait avoir une conversation en direct avec un spationaute. Autre thème fort : celui de St. Exupéry, dont Claudie Haigneré est la présidente du comité de parrainage de la fondation, avec des expositions et des films. De même la thématique de l'environnement sera-t-elle très présente dans la perspective de l'accueil en France du sommet sur le climat en 2015. L'ouverture officielle de l'ESSEC pourrait intervenir dans le contexte du festival, de même que celle de la Pinacothèque.

Comment Voilah! s'articule-t-il avec le Festival de Singapour en France ?

? Entre le festival Voilah! et le festival de Singapour en France, il y a plus qu'un effet miroir. L'un est un événement uniquement prévu en 2015, l'autre ? Voilah! ? est une manifestation pérenne dont l'intention est de stimuler la coopération entre la France et Singapour. Pour les Singapouriens, c'est la possibilité de mettre en place à Singapour des projets qui pourront se décliner en France. C'est d'ailleurs sans doute pourquoi le Ministre de la Culture singapourien, M. Lawrence Wong, soutient notre projet.

L'institut Français

Institut Français
La griffe de l'Institut Français s'est imposée sans qu'on sache toujours en quoi il est, éventuellement, différent du Service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France. Peut-on revenir sur ce qui a changé ?

? Pour faire simple, on peut dire, à quelques détails près, que l'Institut Français et le service de coopération culturelle recouvrent la même chose. Les Instituts Français existent depuis un certain nombre d'années. Leur format est à géométrie variable, puisque, dans certains pays, ils intègrent les activités de l'Alliance Française et que dans d'autres, comme à Singapour, les deux institutions sont distinctes, même si l'Ambassade participe de la gouvernance de l'Alliance.

Ce qui a changé, c'est que l'Institut Français est désormais un établissement autonome sur le plan financier. Ce nouveau statut lui permet de lever des fonds pour financer des projets. Auparavant, les choses étaient plus complexes. Il fallait passer par des associations. A Hong Kong, le « French May » est ainsi piloté par l'association France Hong Kong.  

Quels sont les missions de l'Institut Français, en dehors de la Culture ?  

? L'Institut Français intervient dans le domaine de la promotion de l'enseignement supérieur français et l'accueil d'étudiants étrangers en France, ainsi que dans les domaines scientifiques et sportifs. Cette année a été particulièrement riche sur le plan de la coopération scientifique. Comment aller plus loin ? Il est vrai que 2014 a été très bénéfique, avec un accord entre l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et son homologue singapourienne, l'installation d'un bureau du CNRS et quatre unités mixtes internationales (UMI), faisant de Singapour l'un des partenaires majeurs du CNRS, avec les Etats-Unis et le Japon. Notre priorité aujourd'hui est d'impliquer davantage nos entreprises dans les projets conjoints, notamment en sensibilisant nos pôles de compétitivité.

La France est-elle attractive pour les étudiants singapouriens?

? Il y a le handicap de la langue, même si le français est la première langue étrangère enseignée, en dehors des langues officielles de Singapour. Les Singapouriens ont aussi toujours un peu de mal à comprendre le système français. Ils sont très sensibles aux classements qui pour l'heure ne sont pas très pas favorables aux établissements français, sauf les écoles de commerce. Le regroupement actuel des universités et écoles françaises sous des bannières communes devrait donner plus de visibilité. Il faut donc faire preuve de pédagogie, et la nouvelle représentante de Campus France, intégrée à l'équipe de l'IF, s'y emploie avec énergie.

D'ores et déjà, le nombre d'étudiants de Singapour partant annuellement en France est tendanciellement à la hausse, de 10 à 15%. La France accorde chaque année une quinzaine de bourses, mais l'Institut Français a aussi mis en ?uvre le programme FIVE qui permet d'accueillir en France des étudiants singapouriens et de favoriser leur recrutement par des entreprises Françaises. Il y a aussi des partenariats avec les universités singapouriennes et avec les établissements français ? Insead, ESSEC, EDHEC, Sorbonne-Assas ? implantés localement. Le BBA, qui prévoit 2 ans de formation en France et 2 ans à Singapour est une initiative de l'ESSEC prometteuse propre à attirer les jeunes Singapouriens.

Quelles formes la coopération entre la France et Singapour prend-elle dans le domaine du Sport ?

? L'action de l'Institut Français de Singapour s'inscrit dans le cadre de la diplomatie sportive menée par la France. Le sport à Singapour a changé d'orientation. D'abord orienté sur le sport d'élite, il est aujourd'hui beaucoup plus concentré sur le sport pour tous. Le Sports Hub en est une illustration : à l'origine, il s'agissait de concevoir un lieu de prestige, réservé aux grandes compétitions ; aujourd'hui les initiatives se multiplient pour le mettre à la portée du grand public. Singapour est aujourd'hui confrontée à la difficulté, du fait de sa taille, de faire émerger une élite. Avec le sport de masse, elle cherche aussi à renforcer la pratique du sport en tant qu'il est porteur de valeurs. C'est dans cet esprit qu'il faudra envisager notre coopération, y compris dans le cadre de Voilah! qui programmera une journée autour du rugby.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) lundi 1er décembre 2014

logofbsingapour
Publié le 30 novembre 2014, mis à jour le 1 décembre 2014
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