

Présents en Chine et au Japon depuis plusieurs années, les entreprises bretonnes se tournent peu à peu vers l'Asie du Sud-est. Témoignages de quatre entreprises de différents secteurs d'activités qui ont fait ce choix
Une étude récente réalisée par CCI International révèle que 1.750 entreprises bretonnes sont exportatrices ; leur "chiffre d'affaires export moyen représente 25% du chiffre d'affaires total de l'entreprise" précise le rapport 2011. Quatre entreprises bretonnes de quatre secteurs d'activités différents présentes sur la zone asiatique nous font part de leur expérience et conseils.
Singapour, une plateforme pour investir en Asie
Avec 1,16 milliard de téléphones mobiles vendus dans le monde en 2009, la région Asie-Pacifique concentre la plus importante part de marché (39 %) avec 456 millions d'unités vendues. Créé il y a 10 ans, Astellia, fournisseur de solutions à destination des opérateurs de télécommunications mobile, s'est très rapidement tourné vers les marchés internationaux et a réalisé trois quarts des 25,5 millions d'euros de son chiffre d'affaires de 2009 hors du territoire français. L'entreprise s'est rapprochée de ses 150 clients avec l'ouverture de filiales et bureaux commerciaux dont un à Singapour en 2004 tourné vers le sud-est asiatique. "Nos résultats en Indonésie sont bons même si ce pays reste très difficile d'accès. A ce jour, notre développement sur la zone n'est pas à la hauteur de nos attentes mais nous continuons à investir sur place et restons patients. Nous venons d'ouvrir une filiale en Inde car dans ce pays il se crée environ 15 millions de nouveaux abonnés au mobile, chaque mois ! Evidemment il s'agit d'un marché concurrentiel et difficile sur le plan économique mais nous devons essayer de nous y implanter", nous explique Christian Queffelec, PDG.
Des produits de qualité adaptés à la demande
Déjà présent sur le marché japonais depuis plus de dix ans, le groupe Connétable, une des plus anciennes conserveries de sardines au monde, a su saisir les opportunités d'exportations qui se sont offertes sur différents pays de la zone asiatique : Singapour, Taiwan, Hong Kong, Malaisie, Vietnam où les ventes y sont devenues régulières. Toutefois, "nos gammes de conserves de poissons s'inscrivent dans une approche d'épicerie fine, ce qui nous limite en termes de quantités. Nos standards de qualité sont souvent considérés comme très élevés au regard des produits locaux ou régionaux. Nous croyons au développement rapide de la zone Asie en général et dans l'avenir nous devrons évoluer. Notre souhait serait de voir se développer le nombre de 'Gourmets', sensibles aux bons produits et ainsi contribuer à la notion de gastronomie française", nous confie Richard Barbé, manager export.
Se positionner sur des secteurs niches et proposer son expertise
Présents depuis plus de 25 ans en Corée, à Hong Kong ainsi qu'au Japon et en Australie et même à Singapour, l'entreprise Léonard qui fabrique des pinceaux haut de gamme pour la peinture artistique et le maquillage a dû adapter ses circuits de commercialisation - surtout au Japon-, modifier certains produits pour mieux répondre à la demande locale et faire face à un accroissement de la qualité des produits fabriqués localement. La crise de 1997 n'épargna pas cette entreprise et une veille constante est observée « nous devons trouver des marchés de niche dans le secteur des Beaux Arts - comme pour la dorure à la feuille ou le trompe l'?il faux bois et marbre - et dans celui du maquillage afin de proposer de nouveaux produits élaborés selon la mode et les demandes des professionnels. Nous avons recruté une personne en contrat VIE, basée à Canton, qui va nous permettre d'approcher directement les boutiques de luxe » précise Henri Bullier.
Exporter un service haut de gamme et un savoir faire français
Les Thermes Marins de Saint Malo se sont ouverts vers l'international en 1998 avec l'ouverture des Thermes Marins® du Pacifique à Katsuura au Japon. "Notre objectif est d'assister des investisseurs et opérateurs locaux pour créer des installations Spa innovantes et haut de gamme en nous appuyant sur notre expertise et notre savoir-faire français en matière de bien-être", nous confie Véronique Le Gall, Directeur Général. Depuis d'autres réalisations ont vu le jour en Asie avec un deuxième centre au Japon à Gamagori (ouvert en 2003) et le célèbre Thermes Marins® de Bali crée en 2002 en partenariat à l'époque avec le Ritz Carlton devenu depuis deux ans Ayana Resort & Spa. Différentes opportunités de partenariat du côté de la Chine et du Vietnam sont à l'étude. "L'Asie demeure une cible prioritaire du développement de nos activités à l'International tant pour la partie Ingénierie que pour la distribution de nos cosmétiques. La croissance de cette région du monde et son fort potentiel de développement combinés à l'intérêt que ces pays ont toujours pour le savoir-faire français font que nous nous rejoignons facilement sur des projets de partenariat".
Et quels seraient les conseils pour les entreprises qui souhaiteraient exporter en Asie du Sud-est ?
Pour Christian Queffelec : "L'accompagnement par des organisations ayant des relais locaux est très important. Dans notre cas, la gestion administrative réalisée par Bretagne International * à Singapour nous a permis de nous alerter sur toutes les règlementations ou dispositions à respecter". Ce que confirme Henri Bullier pour qui "il est nécessaire de se faire accompagner par une structure à l'export telle qu'Ubifrance, les conseillers économiques des ambassades et les associations locales pour l'export comme Bretagne International". L'adaptation est indispensable pour réussir à percer sur ces marchés et garder à l'esprit qu'une percée rapide sur un marché export peut être suivie par une chute aussi importante due à l'environnement macro économique; il est souvent difficile d'extrapoler un marché lointain sur une durée de plus de 3 ans. Patience et offre de service de haut niveau sont les maîtres mots pour Richard Barbé. Enfin pour Véronique Le Gall, il est "important de comprendre les cultures, les modes de consommation, les modes de travail qui sont différents des nôtres. Nous avons aussi beaucoup de choses à apprendre de ces marchés alors prendre le temps d'échanger, de comprendre est important. Par ailleurs, il existe une telle énergie à vouloir développer des nouvelles offres dans ces marchés, qu'il faut savoir rester prudent face aux demandes qui peuvent être nombreuses et bien analyser le bienfondé et la fiabilité des projets pour construire des partenariats sur le long terme."
Propos recueillis par Carole Chomat avec l'aide d'Olga Louet - Bretagne International (www.lepetitjournal-Singapour) lundi 28 mars 2011
Un grand merci aux participants : Christian Queffelec - Richard Barbé - Henri Bullier - Véronique Le Gall
* Bretagne International est une association régionale d'industriels. C'est l'outil d'internationalisation de la Région Bretagne. Les entreprises des quatre départements bretons faisant appel à Bretagne International sont aiguillées vers 80 relais sur place de l'association, dans 75 pays. Ces relais, qui ont une excellente connaissance du pays dans lequel ils sont implantés, assistent les entreprises qui souhaitent: valider leur projet, développer leurs ventes, rechercher des fournisseurs, établir un partenariat ou une filiale. Bretagne International est présent sur Singapour depuis 1997 ; 42 prestations individuelles ont été réalisées, généralement orientées export. Les marchés en Malaisie et en Indonésie sont couverts depuis 2008 par Hubert Fournier.















