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ELEMENT– Premier magazine gay à Singapour

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 3 avril 2013

A l'heure où les débats font rage en France autour du mariage pour tous, Singapour autorise la publication du premier magazine gay, mais uniquement en ligne.

Un magazine 100% digital
Element, qui devrait voir le jour dans le courant du mois d'avril, se revendique comme « la voix des gays en Asie ».

Bi-mensuel, il ne sera cependant disponible que sur internet, téléchargeable à travers une application sur Apple et Android. L'application sera gratuite et chaque numéro coûtera 1,99 US$. Publié par une société media implantée à Singapour ? Epic Media ? le magazine vise 10 000 abonnés et réfléchit d'ores et déjà à une version en mandarin pour pouvoir toucher le lectorat chinois.

Mais pour en arriver là, les responsables du magazine ont dû s'affranchir des lois qui régissent les medias à Singapour. « Nous avons eu du mal à avoir les autorisations gouvernementales », avoue Hirokazu Mizuhara, directeur du nouveau magazine et ancien directeur marketing du Harper's Bazaar à Beijing.

En effet, tous les magazines distribués dans la Cité-Etat en version papier doivent obtenir la licence de l'Autorité du Développement des Medias (Media Development Auhority) qui régule et censure tous les contenus. En comparaison, le web demeure encore peu surveillé et censuré, d'où la possibilité de publier sans avoir à obtenir la fameuse licence.

Autre sécurité prise par les fondateurs du magazine : le site web d'Element est hébergé aux Etats-Unis, ce qui lui permet de se soustraire au « code de conduite » qui s'applique aux sites web singapouriens.  

L'homosexualité : un crime passible de deux ans de prison

Mais le contexte législatif n'explique pas à lui seul ce choix du 100% digital. La pression de la société et le regard porté sur les homosexuels à Singapour expliquent en grande partie ce choix de publication.  «Il n'y pas beaucoup d'hommes qui oseraient prendre ce type de magazine sur un présentoir ? c'est une question de culture», explique M. Mizuhara.

En effet, si l'homosexualité est de mieux en mieux tolérée à Singapour ? comme en témoignent les récents rassemblements organisés par l'association Pink Dot - le cadre législatif demeure pour le moins dissuasif. Le code 377A du Code pénal ? héritage de la présence coloniale britannique ? prévoit qu'un homme arrêté pour « outrage à la pudeur », dans un lieu public ou privé, avec un autre homme, est passible de deux ans de prison.

C'est précisément contre cet article du Code pénal que deux graphistes singapouriens - Gary Lim et Kenneth Chee ? en couple depuis 15 ans, ont décidé de lutter . Début février, ils ont ainsi poursuivi en justice la République de Singapour pour demander l'abrogation de cet article qu'ils jugent discriminatoire.

Du côté des plaignants, on avance que l'article 377A est anticonstitutionnel, car contraire à l'article 12 de la Constitution qui prône l'égalité de tous devant la loi.

Du côté de l'Etat, M. Aedit Abdullah, qui représente le procureur général, avance que l'article 377A a pour but de refléter la moralité publique. Selon lui, « la société singapourienne demeure encore largement conservatrice sur la question de l'homosexualité et l'article 377A sert à préserver les valeurs traditionnelles de la famille qui sous-tendent notre société ». Verdict de la Haute Cour de Justice d'ici quelques semaines.

Ludivine Hamy (www.lepetitjournal.com-Singapour) jeudi 4 avril 2013

 

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Publié le 2 avril 2013, mis à jour le 3 avril 2013

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