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CASINOS – Faites vos jeux, rien ne va plus !

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 10 décembre 2012

Il y a deux ans, en lançant ses premiers casinos après quarante ans d'interdiction, Singapour prenait le pari audacieux de soutenir son économie sans s'attirer les maux sociaux qui frappent d'autres capitales du jeu tels que le crime organisé et la dépendance au jeu. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?

Même si les deux nouveaux casinos, Las Vegas Sands à Marina Bay Sands et Genting Singapore à Resorts World Sentosa, ont généré environ 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires brut en 2011 faisant pâlir de jalousie de nombreuses enseignes concurrentes en Asie, les pressions pour contenir les addictions et le ralentissement économique mondial menacent  la croissance de l'industrie du jeu qui selon les analystes va se développer à un rythme plus lent au cours des prochaines années.

Des joueurs compulsifs et des interdictions en hausse
Alors que le taux de criminalité a chuté de 5,3% l'an dernier, la criminalité liée au casino - principalement les cas de vol, de tricherie et de contrefaçon- est restée stable et représenterait moins de 2% de la criminalité totale, selon les données de la police.

Toutefois, les chiffres officiels recueillis auprès des centres de conseil venant en aide aux joueurs compulsifs pointent vers un nombre croissant de personnes concernées. Au 31 janvier 2012, 72.000 personnes se seraient ainsi fait exclure des deux casinos de la ville, le Marina Bay Sands et le Resort World Sentosa, depuis leur ouverture. Près d'un millier à la demande de leurs proches : Singapour est en effet le seul pays au monde à permettre à un membre direct de la famille -conjoint, parent, enfant, frère ou s?ur- de faire interdire l'être aimé des temples du jeu.

Une enquête menée par le Conseil national sur le jeu compulsif (NCPG) l'année dernière a révélé que le montant mensuel moyen des paris sportifs à Singapour, avait augmenté de 20% depuis 2008 soit une moyenne de S $ 212, tandis que la proportion des résidents qui ont joué plus de S $ 1,000 en moyenne chaque mois a également augmenté. La proportion de répondants classés comme "joueurs pathologiques probables", aurait également augmenté de 1,4 %.

Des propositions de loi jugées "onéreuses"
Bien que le gouvernement restreigne déjà l'accès aux casinos pour les habitants par le biais d'un droit d'entrée  de S $ 100 par jour ou de S 2000 $ par an, cette mesure ne semble pas être suffisante. "Nous voulons protéger les personnes vulnérables contre les dommages potentiels des jeux", a déclaré en juillet dernier, le ministre singapourien du développement communautaire, de la Jeunesse et des Sports. En proposant une nouvelle loi qui obligerait singapouriens et résidents permanents  à faire une déclaration sur l'honneur de l'absence de dette au delà d'une fréquentation de 5 fois des dits casinos, les analystes sont divisés sur l'impact de ces mesures, qui comprennent également une amende pouvant aller jusqu'à 10% des revenus annuels des opérateurs singapouriens, Las Vegas Sands et Genting Singapore. La peine maximale de l'autorité régulatrice en matière des jeux est actuellement de S $ 1 million. Mais après l'adoption de l'amendement à la loi, les amendes pourraient dépasser 200 millions de dollars. Selon le Today, ces nouvelles règles devraient être mise en place d'ici la fin de l'année.
Les deux casinos de la cité-Etat ont déjà été condamné pour l'admission de mineurs et pour avoir permis l'accès aux habitants sans s'acquitter du droit d'entrée de 100 $ S.
Genting Singapore  a payé dernièrement S $ 600.000 d'amendes représentant  le remboursement des frais d'entrée illégaux grâce à des  offres promotionnelles (réductions et cadeaux comme billets de concerts gratuits) pour attirer les joueurs.
Un mois plus tôt, c'était Marina Bay Sands qui était condamné à verser S 357.500 $ pour infractions.

Au 3eme trimestre le groupe Genting Singapore a vu ses revenus du jeu chuter de 20 % à S $ 528,4 millions. Il en est de même pour le groupe Las Vegas Sands qui enregistre une baisse de 28 % soit  S $ 470,8 millions.
Les règlements imposés par le gouvernement de Singapour sur les casinos de la ville pourraient être une cause majeure de leur déclin mais pas seulement.
La baisse des recettes du jeu coïncide avec un ralentissement de l'économie de Singapour, dont les prévisions de croissance du gouvernement sont de 1,5 % cette année, avec en toile de fond le risque d'une récession.

Les jeux en ligne, un nouveau fléau
Beaucoup de députés ont exhorté la semaine dernière le gouvernement à songer à étendre les mesures de protection à d'autres formes de jeux de hasard comme les machines à jackpot, et les jeux en ligne y compris ceux disponibles sur les plateformes des médias sociaux et des téléphones mobiles.
Selon les chiffres de Global Betting et Gaming Consultants, ces derniers sites de jeu auraient engrangé US $ 357,2 millions (S $ 438,2 millions), contre US $ 271,58 millions en 2009 "Ces jeux en ligne sont potentiellement plus addictifs. Les mineurs peuvent aussi être une proie facile étant donné l'accès facile aux téléphones portables et autres supports ".

"Singapour étudiera l'expérience d'autres pays qui ont commencé à élaborer une législation dans ce domaine", a assuré le gouvernement. Par exemple, l'État américain du Nevada, a émis des licences spécifiques aux opérateurs offrant des jeux de poker en ligne, tandis que l'Australie et la Norvège imposent plus de restrictions sur ces jeux.
Un député du PAP de conclure "même avec une baisse de leurs recettes, le fait est que les casinos de Singapour restent très lucratifs et rentables pour leurs propriétaires et pour le bien de la nation".

Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) mercredi 21 novembre 2012

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Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

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