Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

EXPOSITION- Yayoi Kusama, l’obsession d’une vie

K_Gallery B - Invisible LifeK_Gallery B - Invisible Life
Gallery B,  Invisible Life, labyrinthe de mirroirs
Écrit par Clémentine de Beaupuy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 août 2017

Pour la 1ère fois en Asie du Sud-est, une rétrospective est consacrée à l'iconique artiste japonaise, Yayoi Kusama, présentée à la National Gallery jusqu'au 3 septembre 2017. A travers 120 ?uvres datant de ses débuts dans les années 1950 jusqu'aujourd'hui, cette exposition retrace la carrière d'une des artistes avant-gardistes les plus vendues au monde. Plongée au c?ur des ses obsessions sur 70 ans de création.

 

 

Pour Yayoi Kusama, comme pour beaucoup, l'origine de sa création et de ses motifs qui fontt d'elle l'artiste iconique que l'on connaît aujourd'hui se trouverait blottie au c?ur de son enfance dans un Japon patriarcal et traditionnel. Elevée dans une famille aisée de cultivateurs de fleurs, Yayoi Kusama développe très tôt un amour pour le dessin et la peinture; moyen pour elle de s'évader d'une relation toxique mère/fille et d'hallucinations qui commencent à apparaître dès son plus jeune âge. Sa légende raconte qu'à 10 ans en regardant sa mère à table, elle a vu les fleurs rouges de la nappe danser sur les murs et le plafond. Et depuis des pois dévorent son ?uvre, se jouant des limites et des frontières physiques. Autre obsession, autre origine : celle des citrouilles. Formée à Kyoto, à la peinture traditionnelle japonaise -le Nihonga- et plus moderne, Yayoi Kusama répétait comme les autres élèves de son cours des motifs traditionnels et apprenait à peindre toutes sortes de légumes communs au Japon.

L'exposition, en montrant ses tableaux depuis les années 50, raconte cette histoire de pois et de répétition de motifs tout au long de sa vie créative. Il est fascinant de suivre, dans la première galerie de l'exposition, cette création d'une façon chronologique et de voir comment une obsession originelle s'est transcendée différemment à travers les années. Son autoportrait datant de 1952 contient déjà ses principaux motifs : les yeux, les pois, les contours organiques. 

With All My Love for Tulips I Pray Forever.

With All My Love for Tulips I Pray Forever, 2013 (c) National Gallery 

 

Et l'apparition dans son ?uvre du Pumpkin pour marquer son retour au Japon après sa longue escapade new-yorkaise, motif qui ne la quittera plus.

Sa farouche envie d'indépendance et celle d'explorer sa créativité la pousse, en effet, vers New-York dans les années 60, centre alors de beaucoup de transgressions et de liberté artistique. Elle y fera ses premiers happenings avec des hommes nus dansant devant Wall-Street, en se mettant elle-même en scène: très Hippie style et dans l'esprit contestataire de l'Amérique post-Vietnam.

En 1973, elle retourne au Japon dans un mauvais état psychologique et décide, après une tentative de suicide, de rentrer en hôpital psychiatrique où d'ailleurs elle vit toujours.

Paradoxalement, de cette période douloureuse née une très grande créativité.

Ses obsessions la dévorent et poussent les frontières de son art. Elle devient multi-créative : littérature, chansons et sculptures. Elle commence à déborder : à déborder de son art premier la peinture et de la toile elle-même.

De spectateur d'une ?uvre, le public devient acteur. Elle place l'homme au centre de ses créations. Cela sera ses fameuses créations Obliteration Room qui fascinent tant. (With All My Love for Tulips I Pray Forever). Cette rétrospective s'achève par ses créations les plus récentes, notamment par une magnifique série en noir et blanc.

K_Gallery C - 4
 

Gallery C -  Derniers oeuvres de Yayoi Kusama de la série My Eternal Soul , certaines jamais montrées et sculptures molles

 

Avant-gardiste, cette artiste âgée aujourd'hui de 87 ans, brise constamment ce qui la contraint : le japon des années 50, les matières en créant des sculptures molles, un monde de l'art conventionnel. En 1966, à la 33ème Biennale de Venise, elle installe 1500 balles miroirs sans autorisation. Une version de ce Narcissus Garden est exposée dans le City Hall Chamber de la National Gallery.

Le travail de Yayoi Kusama est souvent présenté de façon ludique, amusant petits et grands, les plongeant dans un univers coloré et fantasque, brouillant leurs perceptions. Dans cette rétrospective présentée à la National Gallery, le processus de création se dévoile laissant au spectateur un léger malaise face à ses obsessions, contrastant avec le monde coloré et envahissant que l'artiste nous donne à voir « Chaque jour, je me bats intensément du matin au soir pour créer mes ?uvres ». Et ce combat là, on le ressent intensément.

 

ong of a Manhattan Suicide Addict Installation view

Song of a Manhattan Suicide Addict Installation view ,2010,  vidéo 1:24 (c) National Gallery 

 

 

Clémentine de Beaupuy, www.lepetitjournal.com/singapour, le vendredi 9 juin 17

 Photo de Une : THE SPIRITS OF THE PUMPKINS DESCENDED INTO THE HEAVENS (c) National Gallery 

 

Pour compléter cette exposition :

La biennale des enfants : renseignements ici et notre article là

Le menu inspiré de ces ?uvres à Gallery and co. C'est beau et bon !

Des ateliers enfants et de conférences pour les parents

 

Votre été culturel sera Kusama !

 

clémentine de beaupuy
Publié le 23 août 2017, mis à jour le 22 août 2017

Sujets du moment

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions