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EXPOSITION – Antoine Rameau saisit l’essence de l'émancipation de la Femme

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 12 novembre 2015, mis à jour le 12 novembre 2015

 

Pour son premier passage à Singapour, Antoine Rameau n'a pas lésiné sur la quantité. Jusqu'au 21 novembre inclus, il présente sa nouvelle exposition « The Essence » à  la galerie de l'Alliance Française. Une série de photos-collages mettant en avant des pin-ups des 60's avec des extraits de textes éparses en toile de fond, apportant une réflexion sur la condition féminine après-guerre.

On se prend à chercher les morceaux archaïques les plus croustillants, disséminées avec malice au fil des collages. Comme cet extrait du « manuel de la parfaite épouse » qui conseille à la femme au foyer parfaite de lire les mêmes livres que son mari pour pouvoir en parler avec lui, mais sans trop l'importuner non plus après une dure journée de labeur. 
L'exposition vintage est complétée par une rétrospective de l'artiste qui n'en est pas à son coup d'essai. Depuis son expatriation à Hong-Kong en 2000, où sa réputation est assise, il transforme et détourne avec espièglerie journaux, magazines et autres matières premières, leur donnant une seconde vie.

Comment êtes-vous devenu artiste ?

Malgré mon parcours en prépa puis en école de commerce, j'ai toujours beaucoup dessiné, peint et photographié : avec ma grand-mère lorsque j'étais enfant, puis avec des cours du soir. Mais c'était comme un hobby, en mode « passe d'abord ton bac ». En 1996, je travaillais à New-York, capitale du Pop Art et du Street Art, largement mis en valeur au Museum of Modern Art ou au Metropolitan. Nourri de cette inspiration, j'ai commencé à faire sérieusement du collage. En rentrant en France, je me suis focalisé dessus, laissant de côté la peinture et le dessin.

Le déclic a eu lieu en Asie ?

Nous sommes arrivés à Hong-Kong en 2000 avec la mutation professionnelle de mon épouse. On l'a joué couple moderne : j'ai arrêté mon travail pour m'occuper de l'éducation de nos trois enfants pendant qu'elle faisait bouillir la marmite. En parallèle, j'ai pu me consacrer à fond au collage. Depuis lors, je stocke et je classe. Je passe mes journées à lire et à découper, à stocker et archiver. Mais ça ne m'empêche pas de prendre le temps dont j'ai besoin pour chacune de mes créations. Je crée en moyenne une pièce par mois.

Comment décririez-vous votre style?

Comme l'arbre que plante le jardinier, le papier ne donne jamais exactement le résultat attendu. Je n'ai pas "un"

Antoine Rammeau
style particulier, car mes inspirations sont très variées. Pour Harmony in Chaos par exemple, je pars du principe chinois qu'il y a un ordre dans tout désordre. C'est une composition cubiste mais moderne, dont j'ai récupéré la matière première dans les chutes de papier d'autres collages, car je ne jette jamais rien. Cubist composition, hommage à Braque et Picasso, a été fait à partir de journaux de 1949 et de vieilles cartes du Japon dans lesquelles sont représentées les îles de la discorde avec la Chine, accompagné de textes sur la décolonisation. Une forme légère et esthétique pour traiter un sujet sensible. 

Parfois c'est le thème qui influence mes recherches, parfois c'est l'inverse. C'est un délire total ! Je ne sais jamais comment ça va finir, mais j'essaye toujours de rester subversif: par l'assemblage des images, en changeant un mot qui dénature une phrase?

Et pour votre nouvelle exposition ?

Pour The Essence, j'ai travaillé avec des journaux vintage des années 1920 à 1960, sous l'angle de la condition de la femme à cette époque. Dans la liste des matières premières, il y a des romans photos cul-cul la praline, des photos de pin-ups de Paris-Hollywood, ancêtre de Playboy, le guide de la parfaite housewife selon les critères de l'époque? Tous ces documents sur la femme-objet, la femme-jetable, permettent de poser les bases d'une réflexion sur son éducation et son émancipation dans la société de consommation naissante.

Comment est vu votre travail en Asie ?

Au Japon et en Corée du Sud, les artistes créateurs d'images artificielles travaillent essentiellement la composition avec des logiciels type Photoshop. Avec le collage "traditionnel" fait à la main, j'ai l'avantage de présenter l'attrait de l'inconnu. Mais les réalisations sont plus lentes et plus délicates qu'avec un ordinateur. Je dois parfois recommencer. Certains vieux papiers sont trop fragiles pour que je les découpe au cutter et se déchirent facilement. Un enfant peut faire une tache. Il y a toujours un risque d'accident. C'est le côté imprévu de la création.

Comment voyez-vous la suite ?

J'ai déjà de nombreux projets en cours. L'un d'eux porte sur des îles imaginaires fabriquées à partir de différentes cartes. Un autre verse dans l'art abstrait. J'y mélange des éléments géométriques extraits de publicités...
Après mon exposition à la galerie Karin Weber à Hong-Kong, les prochaines étapes seront Paris et sans doute Londres en 2016 !

Jonathan Blondelet (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 12 novembre 2015

Voir plus de collages : http://www.antoinerameau.com/

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Publié le 12 novembre 2015, mis à jour le 12 novembre 2015

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