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Tout savoir sur le Gaokao, le bac de la Chine

Passé par plus de 13 millions d'étudiants chaque Juin, le gaokao reste l'épreuve la plus redoutée des étudiants chinois. Que faut-il savoir de cet examen, et qu'en pensent les étudiants chinois ?

Examen du GaokaoExamen du Gaokao
Etudiant préparant pour le gaokao
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 15 décembre 2025, mis à jour le 16 décembre 2025

L'examen le plus compétitif du monde 

Le gaokao, ou Examen national d'entrée à l'université, puise ses racines dans une tradition millénaire remontant au keju (科举), l'examen impérial de la fonction publique instauré sous la dynastie Sui. Ce système ancestral permettait de sélectionner les talents du peuple de manière équitable, indépendamment de leur origine sociale. Après l'abolition du keju en 1905, la République populaire de Chine a officiellement instauré le gaokao moderne en 1952, conçu comme une voie méritocratique d'accès aux études supérieures. Après une suspension du gaokao pendant une dizaine d’année, la session du gaokao de 1977 a compté 5,7 millions de candidats, dont seulement 270 000 furent admis (soit un taux d'acceptation de 5,19%). Depuis sa restauration, le gaokao a connu une expansion spectaculaire. Le nombre d'établissements d'enseignement supérieur a explosé, passant de 1 071 en 1999 à 2 740 en 2020.

Statistiques récentes du gaokao

Le gaokao est devenu le plus grand examen académique au monde, avec des chiffres qui témoignent de son ampleur colossale. En 2025, 13,35 millions de candidats ont participé à l'examen, bien que ce nombre ait légèrement diminué à 13,35 millions en 2025. Le taux d'acceptation global pour l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur atteint désormais environ 80-90%, reflétant l'expansion massive du secteur éducatif. Cependant, l'accès aux universités d'élite reste extrêmement compétitif, avec seulement 5 à 6,7% des candidats admis dans les meilleures institutions. En 2023, sur 12,91 millions de candidats, plus de 10,42 millions ont été admis dans des universités ou écoles professionnelles, soit 80,7%. Le système de notation varie selon les provinces, mais généralement le score maximum est de 750 points, avec des seuils d'admission typiques de 550 points ou plus pour les universités de premier rang. Les inégalités régionales restent persistantes : Beijing affiche un taux d'admission universitaire de 77%, tandis que le Shandong n'atteint que 33%. 

Notation, organisation et  réforme

Depuis les réformes de 2014, le gaokao suit le modèle « 3+1+2 » dans 23 provinces, couvrant 98% des candidats en 2025. L'examen comprend trois matières obligatoires (450 points) : chinois, mathématiques et langue étrangère (généralement anglais), chacune sur 150 points. Les candidats choisissent ensuite une matière principale entre physique ou histoire (100 points), puis deux matières secondaires parmi la chimie, biologie, politique et géographie (200 points) an. L'examen s'étend sur deux à trois jours pour environ neuf heures au total. Chaque province administre son propre examen le même jour dans toute la Chine, avec contenu spécifique et système d'admission distinct, créant des disparités régionales majeures. Le Project 211, lancé dans les années 1990, soutient environ 112 universités d'élite, le nom signifiant « 21ᵉ siècle, 100 universités ». Le project 985, créé en 1998, vise à créer des universités d'excellence parmi les meilleures institutions du Project 211, finançant initialement 9 universités prestigieuses comme Tsinghua et Peking University. En 2004, 30 universités supplémentaires ont été ajoutées, portant le total à 39. Depuis 2019, ces projets sont progressivement remplacés par le plan « Double First Class », visant à développer 140 universités d'élite de classe mondiale d'ici 2050. L'accès à ces universités via le gaokao reste extrêmement compétitif, avec seulement 5 à 6,7% des candidats admis dans les meilleures institutions, avec une majorité provenant de provinces développées comme Beijing et Shanghai. 

Des avis plutôt positifs de la part des Chinois


Bien que l'on pourrait imaginer que les étudiants Chinois considèrent le gaokao très négativement, leurs témoignages reflètent davantages les lessons qu'ils ont tirés de cette expérience. Une étudiante de l’Université de Zhejiang déclare : “Bien que j’étais un peu comme un zombie pendant la dernière année du gaokao à cause de la fatigue, je pense que le gaokao est le meilleur système - le plus égalitaire et le plus méritocratique”. 

Un autre étudiant de l’Université de Hong Kong ayant passé le gaokao indique que l’examen a été davantage une épreuve mentale qu’académique : “Les jours de préparation aux examens étaient simples. Chaque journée était extrêmement routinière : lectures matinales, cours, interrogations, exercices ciblés, travail personnel et séances de questions-réponses. Tout était planifié, organisé méthodiquement autour de plusieurs examens blancs à grande échelle. Pourtant, malgré sa simplicité, la vie n’était pas monotone. Sur le plan émotionnel et mental, c’était une véritable montagne russe émotionnelle, une succession de défis. Il y avait l’exaltation de distancer les autres ; la foi inébranlable dans l’effort et la persévérance ; la satisfaction de progresser ; l’impuissance face aux tests standardisés ; le désespoir de ne pas parvenir à surmonter les obstacles ; le doute de savoir si l’on était fait pour les examens ; et le ressentiment lors des discussions sur les résultats. Quels que soient les résultats, je crois que chaque étudiant ressentait la même chose à l’époque. C’est grâce à ce souvenir partagé de travail en commun que nous avons tissé une précieuse amitié durant ces journées à la fois simples et fastidieuses. Ces expériences ont eu un impact bien plus profond sur nous que l’examen d’entrée à l’université lui-même.”

De nombreux étudiants renoncent à passer le Gaokao, en choisissant de passer le DSE à Hong Kong ou les A levels à la place, ou encore d’aller étudier à l’étranger. Une étudiante de HKU originaire de Suzhou a fait ce choix décrivant le système du Gaokao comme trop stressant pour elle. Une autre étudiante franco-Shanghaienne étudiant à HKU, Nina Volant, a également souligné les alternatives qu'offrent les lycées internationaux en Chine pour sortir du système Gaokao. “Certains de mes camarades n’avaient pas nécessairement de lien avec la France, mais ont fait le choix de passer le Bac plutôt que le Gaokao puisque le Bac est moins compétitif et permet d'avoir accès à des opportunités plus facilement pour les études supérieures”.
 

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