Antoine a débarqué à Shanghai sans crier gare. Une opportunité professionnelle, un goût quasi maniaque pour les nouveaux projets, il n'en fallait pas plus. Aujourd'hui, Antoine est à la tête d'Auditoire Shanghai, la filiale événementielle du groupe TBWA. Un jeune homme très occupé, qui aime l'idée qu'en Chine on puisse faire et changer des choses. ????????Antoine Gouin ?????????
(Crédit photo: Antoine Gouin - Auditoire)
15 octobre 2006, Antoine démissionne de l'agence Auditoire à Paris. Il a envie d'entreprendre et de monter sa propre boîte. Quinze jours plus tard, son ex-patron le rappelle et lui propose d'ouvrir Auditoire à Shanghai. Adieu l'aventure entrepreneuriale en France, bonjour la Chine. Antoine demande à passer huit jours à Shanghai "pour humer la ville" avant de prendre sa décision. Le lendemain de son arrivée, il appelle son boss, c'est oui !
Le tourbillon commence
"On est allé à Doha monter un événement avec mon équipe parisienne. A la fin ils tous ont pris un vol pour Paris, et moi pour Shanghai. Je n'avais plus rien, juste mes valises avec moi et, symboliquement, la clé de chez mes parents dans la poche, c'est tout !" L'installation est rude. Antoine ne parle pas un mot de chinois, il a un associé chinois qu'il n'avait jamais rencontré avant, un bureau, un ordinateur et un téléphone dans les locaux de TBWA? et une feuille de route : développer ! Arrivé le 3 décembre 2006, Antoine monte son premier événement le 7 avril 2007 à Pudong, un défilé de bijoux pour le World Gold Council. Il se souvient d'avoir découvert les conditions de travail des prestataires avec effarement : "A 32 ans, je me faisais l'effet d'être un exploiteur en voyant les mingong* travaillant pour la production, pieds nus dans leurs chaussures, dormant roulés dans la moquette sur le plateau. Ensuite, ça m'a donné beaucoup de force pour piloter les prestataires. Les conditions de sécurité sont un combat permanent". Puis il y a la rencontre avec Olivier Massat de La mode en images, le lancement de Dior Capture Total? et la venue de Sharon Stone. Un tourbillon ! "Tout était beau, dit Antoine, les succès bien sûr, mais aussi les échecs ! Tu mets tout sur le compte de la nouveauté? La 2eme année, ça change, tu n'as plus l'excuse de l'inexpérience quand tu te plantes. Je n'ai pas arrêté, j'ai fait 43 aller-retours à Pékin cette année là ". Cette deuxième année a été la "pire", maintenant il commence à récolter ce qu'il a semé, à la tête d'une équipe de 24 personnes à temps plein et de gros projets devant lui, Expo aidant. Il se décrit comme un créateur d'expériences, qui travaille sur "un éphémère qui laisse des traces".
Shanghai est une ville "polarisante"
Cet enthousiaste a pourtant bien failli rentrer en France il y a quelques mois, avec celle qui l'avait rejoint en 2008. "La vie sépare ceux qui s'aiment" disait Prévert. La vie, les mauvais coups du sort et Shanghai. Antoine, lui, a pris la décision de rester : "Cette ville t'amène à faire des choix. En restant, je fais un choix certes douloureux, certes égoïste, mais je sais que c'est ici que je suis capable d'être heureux". Ses enjeux professionnels et sa passion pour son job y sont pour beaucoup, mais ça ne fait pas tout. Cette ville, comme New York, est la seule qui fasse ainsi vibrer Antoine. Il en ressent la puissance contagieuse, il la reçoit toujours avec la même évidence au fil du temps. "Et puis, ajoute-t-il, ici c'est Babylone ! Quand on me dit que Shanghai est un désert culturel, je me marre. Toutes les nations sont ici, je bosse avec des gens brillants, surtout les femmes qui ont une force incroyable". Il se sent adapté à la Chine. Il rêverait d'être à nouveau dans la phase de sa découverte quasi amoureuse avec cet endroit. Il aime ce que tant de gens n'aiment pas en Chine : le bazar permanent, l'évitement des conflits et même la manière dont les Chinois évacuent leurs" mauvaises humeurs". Symboliquement s'entend! Restera-t-il en Chine toute sa vie ? Il a encore beaucoup à faire, gérer une année 2010 riche en événements à Shanghai, puis développer la plateforme asiatique d'Auditoire, avec en ligne de mire la prochaine expo universelle en Corée. Un maître feng shui lui a dit un jour qu'il resterait à Shanghai jusqu'en 2017. Qui sait ?
* mingong : ouvriers
Si vous aussi, vous avez envie de témoigner sur votre parcours d'expatrié à Shanghai, contactez-nous.
aude.riom@lepetitjournal.com
Aude Riom (www.lepetitjournal.com ? Shanghai) Jeudi 15 avril 2010
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Aude Riom (www.lepetitjournal.com ? Shanghai) 2010?4?15?
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