Indépendamment des époques, Shanghai a toujours été une ville trépidante et attirante. Depuis deux décennies, son développement de plus en plus rapide transforme l’expérience des expatriés et nous avons pu recueillir des témoignages de trois d’entre eux que nous vous partageons. A travers un questionnaire croisé, Alexandra, Emma et Géraldine nous racontent les différences entre leurs deux expatriations.


Nous revenons à Shanghai après 7 ans à Singapour
A quelle période avez-vous vécu en Chine la première fois et dans quelle ville?
Alexandra : Nous avons vécu à Shanghai de 2011 à 2016.
Emma : Nous avons vécu à Shanghai de 07/2017 à 07/2019.
Géraldine : Nous avons vécu en Chine , à Shanghai de 2011 à 2014.
Depuis combien de temps de temps êtes vous revenus? Etiez-vous contents à l’idée de refaire une expatriation en Chine?
Alexandra : Nous sommes revenus à Shanghai en 2023, après avoir passé 7 années à Singapour. Nous étions ravis de revenir, nous y avions passé 5 années formidables.
Emma : Nous sommes revenus depuis septembre 2024. Oui. Première expérience trop courte pour apprécier vraiment la ville. De plus nous étions excentrés et sans transports directs pour aller souvent en ville.
Géraldine : Mon mari est revenu à Shanghai il y a 1 an et je l’ai rejoint depuis début mars. Lui était ravi de refaire une expatriation en Chine et moi plus réservée par crainte de voir mes merveilleux souvenirs Shanghaiens chamboulés par des transformations urbaines , sociales et technologiques radicales.
Le silence nous a beaucoup surpris en revenant
Votre situation personnelle est-elle différente de la première fois?
Alexandra : Pour nous, revenir à Shanghai, c’était démarrer une nouvelle aventure à 2 et non plus en famille à 5.
Emma : A l'époque ma fille était en dernière année du bac international donc avec nous. Maintenant nous sommes tous les deux.
Géraldine : Notre situation personnelle est différente : en 2011 nos 3 enfants étaient scolarisés au LFS au campus de Pudong intégré à la Gold Apple School. Maintenant nous sommes deux .
En quoi votre expérience actuelle de la Chine est-elle différente du premier séjour? / Qu’est-ce qui vous a surtout surpris actuellement par rapport à la première fois?
Alexandra : Rien à voir ! Dès que nous sortions de la résidence où nous habitions, ça devenait compliqué! Les voitures ne s’arrêtaient pas devant les passages piétons, les scooters, déjà électriques, roulaient dans tous les sens sur les trottoirs en klaxonnant, c’était un enfer sonore ! Les taxis n’avaient pas de ceintures de sécurité à l’arrière ! On se sentait en danger en permanence.
Je crois que c’est ce qui m’a le plus surpris en revenant à Shanghai, le silence ! Très peu de bruit avec les voitures électriques, les scooters sont sur la route et ne klaxonnent plus. Les voitures s’arrêtent au passage piétons et n’ont plus le droit de klaxonner dans certaines zones.
Les pétards aussi, très tôt le matin, pour annoncer un mariage. Rituel bruyant qui a disparu!
Autre grand changement considérable, Wechat, Alipay - bien utiles! Lorsque nous avons quitté la Chine, je crois qu’on pouvait commencer à payer avec WeChat, mais ça n’avait rien à voir !
Je me déplaçais en taxi, que je hélai dans la rue, à qui je faisais voir mes cartes de visite et que je payais en yuans ! Une autre époque 🤣
Avec les traductions en ligne, plus besoin de prendre des cours de Chinois.
Avec les transferts d’argent en ligne, plus besoin d’aller à la banque où il nous manquait toujours un document.
Les services et paiements en lignes sont tellement pratiques
Avec Taobao, Eleme… C’est la disparition des boutiques et la multiplication des livraisons ! C’est incroyable ! Et même si cela fait presque 2 ans que nous sommes là, je suis toujours surprise de recevoir ma commande en 15 minutes.
La diversité des produits importés aussi. À l’époque le Ferrero rocher était un luxe. Les magasins Carrefour proposaient quelques marques françaises mais il n’y avait pas grand chose. Aujourd’hui, on trouve de tout.
Emma : Cette fois-ci nous sommes sans enfant et en centre ville. On a plus d’opportunités pour explorer la ville et le pays.
Avant Covid il y avait beaucoup plus d’expat donc l'offre à Shanghai pour les expats était beaucoup plus grande en termes de service, de restaurants... On faisait nos courses différemment. Avec Carrefour, Metro il y avait beaucoup de produits français en vente directe.
A notre retour en septembre 2024, après le covid, on avait trouvé la population assez marquée, beaucoup de magasins avaient fermé... bref ambiance assez différente. Ce qui m'a fait mal au coeur pour eux car lors de ma première expérience je les avais trouvé très joyeux et dynamiques. Mais depuis, on a l'impression qu’ils redeviennent comme avant .
Géraldine : Cette expérience actuelle de Shanghai est différente de la première par le fait que nous n’habitons pas dans le même quartier: de Pudong Lujiazui, nous sommes passés à Xuhui. Je vous livre une petite liste non exhaustive de surprises: niveau sonore des rues significativement bas, propreté des rues et entretien des parcs et jardins remarquables, aménagements des rives du Huangpu impressionnants, croissance quasi exponentielle du nombre de cafés ( sans oublier les Starbucks ), idem pour les glaciers et les boulangeries ( la jeune génération serait-elle en train de changer drastiquement ses habitudes alimentaires ?), quasi-disparition du cash ( alors qu’il était roi ), numérisation importante des rapports humains…
La communication n'est plus du tout un problème
Dans l’ensemble, pensez-vous qu’il est plus facile de s‘expatrier et de vivre en Chine maintenant que lors de votre premier séjour? Pourquoi?
Alexandra : Tellement plus facile maintenant avec les réseaux sociaux. Quand on pose une question, on la pose à un groupe et on obtient une multitude de réponses et de solutions.
Emma : Non d'un point de vue pratique et familial plus l'éloignement par rapport à ma fille donc plus dur pour moi et mon mari en terme de distance et surtout de décalage horaire.
Mais d’un autre coté, expatriation plus facile maintenant que l'on connait les codes.
Géraldine : Oui! L’outil technologique et particulièrement le traducteur ainsi que l’existence de nombreux groupes sur les réseaux sociaux, aptes à transmettre une mine d’informations en un temps record, rendent l’installation à Shanghai plus aisée en 2025 qu’en 2011. On est passé des « mains ont la parole » au « téléphone a la parole »
Pour finir, avez-vous une petite anecdote ou situation qui illustrerait la réalité de votre premier séjour en Chine?
Alexandra : À l’époque, j’avais appelé le management de la résidence dans laquelle nous habitions, pour qu’ils m’envoient quelqu’un pour un problème de toilettes bouchées. Très rapidement, un jeune homme arrive avec une petite sacoche, je suis un peu surprise mais je l’emmène quand même dans la salle de bain en question. C’est alors qu’il sort de sa sacoche un ordinateur pour me montrer qu’il ne pouvait pas m’aider.
C’est un exemple parmi d’autres des quiproquos qui survenaient à cause de la langue.
Emma : Un jour je me suis retrouvée abandonnée par mon taxi dans un endroit isolé car il y avait trop de bouchons pour me ramener chez moi… J’avais eu très peur car je n'avais aucun repère.
Puis, plusieurs locaux qui ont vu ma détresse m’ont secouru et ont tout fait pour m’aider à rentrer chez moi… sans que l’on puisse communiquer vraiment! C’est un souvenir incroyable…
Géraldine : Pour finir , je vous partagerais une réflexion : que ce soit avec le téléphone et la technologie en 2025 ou les mimes et quelques mots en 2011 , une question demeure « ai -je été correctement comprise par mon interlocuteur chinois ? » 😬😉