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CNY - Un Nouvel An chinois pas comme les autres...

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Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 22 février 2021, mis à jour le 22 février 2021

La veille de chaque Nouvel An lunaire, la Chine entière observe le même rituel immuable. Réunie autour d’un bon repas, chaque famille regarde et commente le gala télévisé de la CCTV. La 39ème édition, visionnée 1,14 milliard de fois, a enchainé pendant 4h30 les performances acrobatiques, danses, chansons, sketchs, à grand renfort de stars comme Jackie Chan, Andy Chau, Liu Ye, Yang Mi ou encore Wang Yibo (cf photo), devant un public portant des masques rouges à l’effigie du Buffle, second animal du zodiaque chinois.

Comme chaque année, les thèmes abordés lors du gala reflètent les priorités du gouvernement : le centenaire du Parti Communiste chinois (1er juillet), la lutte contre la pauvreté, le programme spatial, le combat contre la Covid-19… Le patrimoine a également été mis à l’honneur, avec le retour à la mère patrie d’une tête de Bouddha rendue par le Japon. Le spectacle a aussi fait la part belle à l’innovation, les organisateurs se targuant d’avoir eu recours au réseau 5G, à la réalité augmentée, à l’intelligence artificielle, à la 3D et au « cloud » ! Sponsor de cette édition, l’application de courtes vidéos Douyin (TikTok), qui vient de lancer son service de paiement en ligne Douyin Pay, a perpétué la tradition des « enveloppes rouges » virtuelles, instaurée par WeChat en 2014. Les utilisateurs se sont laissé prendre au jeu, interagissant plus de 70,3 milliards de fois durant la soirée sur l’application en espérant gagner l’un des hóngbāo (红包) digitaux d’une valeur de 1 à 2021 yuans.

Souvent jugé trop politique, conservateur, ennuyant ou ringard, le gala n’a pas été épargné par la critique cette année. La scène dédiée au programme « Belt & Road » (BRI) a fait parler d’elle à cause de ses danseurs (chinois) au visage noirci, censé représenter des Africains. En 2018, une mise en scène similaire avait fait scandale, considérée comme raciste par les téléspectateurs étrangers. Cette fois, le public chinois s’est lui aussi insurgé contre cette prestation. « Y-a-t-il une différence entre un Chinois se grimant en Africain et un Blanc se tirant les yeux pour se moquer des Asiatiques ? », questionnait un internaute. Au contraire, certains ont déploré l’intégration d’éléments culturels étrangers dans un gala « chinois ». 

Autre prestation controversée : un défilé de mode rendant hommage aux costumes chinois, censé stimuler la « fierté culturelle » des spectateurs. « C’est entièrement l’opposé, c’est du plagiat », s’indignait un internaute, relevant des similarités avec des créations de couturiers occidentaux. Il n’a pas non plus échappé aux internautes que la plupart des tenues portées par les stars ce soir-là étaient de marques étrangères (Chanel, Gucci…).

Un autre sketch, ciblant les célibataires et les femmes « laissées pour compte » (剩女), a également divisé l’opinion : « quand le gala arrêtera-t’il de mettre en avant le mariage comme un critère de réussite ? », s’agaçait un utilisateur de Weibo.

Dissuadés par les mesures sanitaires mises en place par des fonctionnaires zélés craignant de porter la responsabilité d’un nouveau foyer d’infection, une majorité des Chinois a respecté la consigne de « célébrer sur place » (就地过年). Au total, près de 215 millions travailleurs migrants (soit 77% d’entre eux) auraient renoncé à rentrer dans leur région natale. Quoique ces mesures aient été qualifiées d’« excessives » par le gouvernement central, la présence de cette main-d’oeuvre en ville a pu permettre de maintenir une certaine activité (ouverture des restaurants, livraison de colis…), et faciliter le redémarrage économique après les congés. 

Les citadins eux, habités à voir leurs villes se vider pendant la période du Nouvel An, ont dû partager parcs, temples, salles de cinéma et centres commerciaux, qui ont tous connu une forte affluence. Par rapport à 2020, les consommateurs ont dépensé 28,7% de plus pendant les vacances, soit 821 milliards de yuans. C’est toujours en-dessous du chiffre de 2019, dépassant le trillion de yuans. Dans 47 villes du nord du pays, dont Pékin, la pollution de l’air (environ 300 microparticules par m3) est venue gâcher la fête, forçant les habitants à annuler leurs sorties à l’extérieur. « C’est le Nouvel An le plus morose et déprimant de tous les temps », déplorait un internaute. « Si les industries polluantes ont cessé leur production et les feux d’artifice sont interdits en ville, pourquoi le smog est-il si épais ? », questionnait un autre. La faute aux provinces voisines, comme le Shandong et le Hebei, expliquent les autorités…

Enfin, deux sentiments minoritaires et contradictoires ont émergé durant ce Nouvel An, décidemment pas comme les autres : celui de culpabilité chez ceux qui ont choisi de ne pas suivre l’appel national à rester chez soi, « mettant ainsi en danger leurs parents ou leurs villages » selon les banderoles affichées en ville ; et celui de soulagement ressenti par certains jeunes citadins qui ont trouvé l’excuse idéale pour échapper à la pression familiale et profiter de ces congés pour se reposer ou passer du temps entre amis !

 

Le Vent de la Chine
Publié le 22 février 2021, mis à jour le 22 février 2021

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