Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Deux Corées : l’an 01 des retrouvailles

moon-jae-in-et-kim-jong-un-coree-sud-nord-retrouvaillesmoon-jae-in-et-kim-jong-un-coree-sud-nord-retrouvailles
Écrit par Le Vent de la Chine
Publié le 30 avril 2018, mis à jour le 30 avril 2018

« Je m’assurerai de ne plus interrompre votre sommeil matinal à l’avenir », déclarait Kim Jong-un, le Cher Leader de Corée du Nord, à Moon Jae-in, Président de Corée du Sud, le 27 avril, à 9h30 du matin, dans la zone démilitarisée à Panmunjeom. C’était  une plaisanterie inattendue, au tout début des retrouvailles entre frères ennemis, après 65 ans et la fin de la guerre de Corée (1950-53) qui avait fauché 1,2 million de soldats et civils, surtout coréens, chinois, américains et russes.

La boutade de Kim avait d’autant plus de sel qu’il faisait allusion aux tests de missiles de l’armée nordiste qui avait réveillé en sursaut cinq mois plus tôt les sudistes, ce que le leader promettait de ne pas recommencer. Décidément lyrique, Kim poursuivait : « nous sommes sur une ligne de départ, au moment d’écrire une nouvelle histoire des relations Nord-Sud, chargée de paix et de prospérité  ».

Le style de la journée qui suivit fut à l’avenant, chargé d’effusions, tous les observateurs restant sous le choc du moment historique. Les deux hommes gravissaient à pied le chemin vers la « maison de la paix » – le bâtiment où avait été signé l’armistice de 1953. Ils étaient « seuls », mais  escortés par la garde d’honneur sud-coréenne, dont une partie en costumes traditionnels, accompagnés par des musiciens jouant vielles, hautbois coréens, cymbales, symbolisant l’antique royaume de Koryo, ancêtre des deux Républiques. Dans l’après-midi, Kim et Moon allaient « planter » un pin très rare, en réalité déjà de belle taille – il avait 65 ans, l’âge de l’armistice. Rebaptisé « arbre de la paix », il recevait de Kim quelques pelletées de terre du mont (sacré) Paektu et quelques gouttes d’eau du fleuve Taedong (du nord), tandis que Moon ajoutait sa terre du mont (sacré) Hallasan et son eau de la rivière Han (du Sud).

L’accumulation de symboles et l’ambiance folklorique et émotive des retrouvailles avaient pour but de laisser réémerger doucement la nation coréenne, affirmer le clan, la connivence.

Le vif du sujet serait abordé d’ici juin lors de la prochaine rencontre historique, entre Kim Jong-un et Donald Trump le Président des Etats-Unis. Et sans doute plus encore, lors des meetings de paix entre les six pays protagonistes de cette guerre passée, y compris Chine, Japon et Russie. La Chine d’ailleurs ne tardait pas à « applaudir » ce sommet « historique » et saluait « le courage des deux leaders ».

Les sessions entre les deux délégations à la Maison de la paix, permirent aux leaders d’échanger nombre de phrases historiques : les deux peuples « n’étaient qu’un seul, tous compatriotes » (Kim), et « il n’y aurait plus de guerre », le traité de paix devant être signé plus tard dans l’année (selon Moon). Kim suggéra aussi à Moon de l’inviter à Séoul, dans son palais présidentiel de la Maison Bleue – demande acceptée séance tenante, la date restant à fixer.

Suivit la signature de la « déclaration de Panmunjeom », communiqué conjoint sans précédent dans l’histoire des deux pays : les deux leaders s’engageaient à reprendre des négociations tous azimuts, rétablir des relations normales, et créer un bureau de liaison « dans la région de Kaeseong, afin de faciliter les échanges entre les autorités ». La journée se termina par un dîner des Présidents avec épouses, et la cérémonie d’adieux. C’était le jour du grand retournement : changement radical, de la part d’une Corée du Nord qui la veille encore, affectait de ne voir dans la Corée méridionale, qu’une zone occupée par l’US Army.

Tout cela ne doit pas cacher l’immense travail qui reste à faire, comme sélectionner les pays habilités à signer cette paix à trois (deux Corées + USA), à quatre, cinq, ou six. Kim voudra-t-il abandonner sa bombe et ses missiles ? Les Occidentaux, la Chine paieront-ils pour arracher à son arriération le « pays du matin calme », et à quel prix ? Mais un premier pas vient d’être franchi, et il est irréversible.  

 

Le Vent de la Chine
Publié le 30 avril 2018, mis à jour le 30 avril 2018

Flash infos